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« MARS 2221, roman » (chap 16 : La poutre dans ton œil (suite))

Tiens c’est lundi sous la pluie et faut remettre ça. Pendant qu’en Phronce, grâce à Taïaut-Retaïaut et ses potes vautours, les oiseaux migrateurs ont intérêt à planquer ce qui leur reste de plumes et que, 5000 kms en bas à droite, Bibi l’irresponsable, Bibi le fou furieux, Bibi le lâche, le tueur d’enfants, Bibi le bipède le plus immonde que la terre ait porté continue sa descente en piqué vers les égouts de l’histoire, lui et tous ceux qui auraient les moyens de le ceinturer mais qui, mais que… Ici sur fyr  (et sur mon blog Médiapart) on continue de relire « MARS 2221, roman ».

résumé : Tyler descend prévenir Valbueno de l’arrivée du narrateur. Qui en profite pour s’assoupir… et son hippocampe pour faire des siennes…

J’entends ses pas résonner sur le métal des marches puis plus rien. J’ai chaud dans ce putain de scaphandre. Plus la fatigue de la matinée… À peine je me suis posé que je me sens partir. Comme le mois dernier où j’ai failli assommer un spectateur. On recevait « Holiday on Ice ». À l’entracte, les poursuiteurs ont ordre de rabattre le canon de leur projo sur le côté. Baisse d’attention due à une journée de fac bien remplie – bédos en nombre avant quatre heures de festival Marx Brothers au « Champo » – j’avais négligé cette consigne impérative. Résultat, dans son irrépressible envie de bière, le monsieur en-dessous s’était relevé trop hâtivement. Bing son crâne ! Preuve qu’au spectacle comme ailleurs, y en a marre d’être pauvre. Non seulement de tout en haut des gradins on voit pas aussi bien que le classeux moyen supérieur qui a pu investir dans un fauteuil d’orchestre mais on vit dangereusement. C’est qu’au Palais des Sports de la porte de Versailles millésime 1971, les bébés qui nous sont confiés à nous autres étudiants travailleurs du soir espoir c’est pas des lampes de poche ! Montés sur trépied articulé, ces tubes en ferraille longs d’un mètre cinquante sur quarante centimètres de diamètre évoquent à s’y méprendre les pièces d’artillerie dans le viseur desquelles, dans les films de guerre avec Jaune Ouailline et Robert Atchoum, les stuka boys ont intérêt à savoir manier le manche à balai. Je m’étais confondu en excuses et comme souvent les pauvres, le papa avait pas fait de vagues. Faut dire les cabrioles sur patins à glace de Blanche-Neige en collant pastel, paluchée en tout bien tout honneur par un Babar sous Tranxene 5 et Mickey qui trouve ça drôle, ça prédispose pas aux réactions violentes.

Mais ce soir c’est pas « Holiday on Ice » qu’on applaudit des deux pieds. Ce soir et pour une petite semaine seulement notre cher public est venu voir et entendre… Johnny « Kili Kili Watch » Hallyday !!! Et voilà-t-y pas qu’en première partie Nanette Workman y va de sa chansonnette. Ex choriste de Johnny mais aussi des Rolling Stones, John Lennon, Ringo Starr et quelques autres, c’est dire comme elle est bonne, la Nanette ! Hier, à cause de sa mini mini ultra inspirante, j’en ai pris plein les oreilles. Putain ça gueulait dans le casque. « LE 8 !!! LE 8 !!! LE 8, BORDEL, CAISSE TU FOUS ??? AU NOIR J’AI DIT, MERDE !!! AU NOIR !!! ». Hé mais c’était moi, le « 8 » !!! Le poursuiteur numéro 8 dont le kiff secret sur ce spectacle, quand Nanette a fini de chanter « ♫The night they drove old Dixie down♫ », qu’elle se lève du piano, salue longuement ses fans et se dirige vers le rideau, c’est de cadrer son popotin émouvantissime en rayon minimum. Une fantaisie qui, d’habitude, m’aide à pas m’endormir et passe totalement inaperçue quand mes onze collègues balancent la sauce, en appui de la centaine de gamelles fixes qui inondent l’avant-scène… Nettement moins inaperçue si, au terme du count-down du poursuiteur leader, juste avant que la Nanette disparaisse entre les rideaux, l’obscurité générale est déclarée et que j’omets d’arrêter mes conneries ! Comme hier. D’où le rab de miches de Nanette Workman gracieusement offert aux 5000 spectateurs ! Et, dans le casque, les noms d’oiseaux à mon endroit. Heureusement pour mézigue et sans remettre en cause ses incontestables qualités de chanteuse, au cas où Nanette Workman aurait pas apprécié mon hommage sincère autant qu’accidentel à sa plastique imparable, sa renommée relativement modeste l’aurait pas autorisée à exiger mon renvoi immédiat …Comme cet enfoiré de Noureev au mois de mai avec Étienne, un autre projectionniste. On recevait l’opéra de Marseille. Ce soir-là, avec sa potesse Noella Pontois, Rudolf devait passer en coup de vent nous régaler de quelques prouesses techniques dont il a le secret. Alors qu’en coulisses l’étoile à matelas répétait un de ces « jetés » redoutables qui font se pâmer les foules, Étienne, vaquant à ses occupations professionnelles, avait osé exister à moins d’un mètre de sa personne. Et en conséquence osé se manger un coup de chausson dans les reins. Quand bien même c’était Étienne qui avait souffert de la collision fortuite, quand bien même l’incident allait pas empêcher la Belle au Bois Dormant de dormir ce soir-là (et nous donc), le Rudolf au bord de la crise de nerfs avait réclamé la tête de son agresseur. Sinon il danserait pas ce soir et na et prout ! Pour éviter l’incident diplomatico chorégraphique, la direction du Palais des Sports s’était illico vautrée à ses pieds. On avait promis au mythomane encollanté que ok d’accord et comment pensez-donc l’inexcusable goujat serait licencié sur l’heure. Ça mangeait pas de pain et ça sauvait la recette…

 

… à suivre de près, demain par exemple …

sinistre israélien + « MARS 2221 » (chap 14 : Les Jardins Suspendus)

On dit le QI des libraires indépendants mais parlons de celui des IA ! En quête d’une image pour mes “jardins suspendus”, j’ai cru pouvoir miser sur les capacités d’analyse et de synthèse artistiques de CoPilot, l’IA de Microsoft dispo sur le ouaibe. Je  vous épargne le résultat.

Et tiens, en place de prétendue intelligence, je vous propose une illustration de la connerie réelle, cruelle, putride et sans excuse d’un certain premier sinistre israélien criminel de guerre et sa menace brandie à l’encontre de la population libanaise d’avoir à « subir des destructions comme à Gaza s’ils ne libéraient pas leur pays du Hezbollah ».

 

But ze show must go on ! Retour à « MARS 2221, roman » !

14.  Les Jardins Suspendus

 On ressemble à un escadron de cosmonautes des temps héroïques (« One small step for a man, one giant leap for mankind ») recyclé dans la médecine légale. Je suis le dernier à sortir du vestiaire, le zip de ma braguette était coincé.

– Un… deux… trois, quatre, ah et voici le cinquième… le compte est bon », couine Ramakanta Agarwal, quinze ans de supervision générale à la production horticole des Jardins Suspendus. « …Comme je dis, en sus de la planification des activités selon les objectifs quantitatifs et qualitatifs à atteindre, la vérification au quotidien de l’état des plants et bien sûr, en amont, la collecte des données technico-économiques propre à orienter les choix de l’entreprise en termes d’espèces et de variétés à produire afin de conforter notre pole position sur un marché planétaire des fruits et légumes en perpétuelle mutation…

Jamais il respire, le mec ?

-… sur mes frêles épaules repose le pilotage des équipes de bras cassés que Mme Cherkaoui s’obstine à m’adresser. D’après vos fiches…

Le nain obèse jette un coup d’œil de confirmation sur la tablette qui jusqu’ici lui a servi d’éventail.

– … vous vous y connaissez autant en ultraponie que ma chère et tendre en drone surfing. Néanmoins le déficit de main d’œuvre qui règne sur Mars plaidant pour une formation aussi accélérée qu’illusoire, vous avez une semaine pour assimiler les bases d’une pratique qui, comme il est dit en introduction de vos manuels… Faites passer…

« Initiation à l’horticulture martienne ». C’est le titre de la tablette que le méprisant nous enjoint de lire dans les plus brefs délais.

– … « accélère le processus de maturation des fruits et des légumes grâce à un rythme nycthéméral démultiplié ». D’où nos performances en progression exponentielle en termes de récoltes annuelles. Cela posé, le jus de synapse n’a jamais remplacé l’huile de coude, ou est-ce que je me trompe ?

Ramakanta Agarwal saute à bas de son fauteuil et trottine jusqu’à la porte. Anthéa en actionne la poignée, lui épargnant d’avoir à lever le bras pour l’atteindre.

– Merci. Si vous voulez bien me suivre. On va prendre par les coursives afin de ne pas gêner les agents des premiers niveaux.

Nouveau dédale de couloirs et d’ascenseurs montants et descendants pour gagner ce qui ressemble à une porte de cagibi. Notre guide tape le code d’ouverture sur son mobile.

– L’entrée des artistes ! Passé cette limite nous allons devoir abaisser le hublot de notre capuche. La santé des plantations en dépend. La nôtre également. Aussi invisibles soient-elles, les gouttelettes d’à peine 5 microns du brouillard nourricier qui règne de l’autre côté sont un poison pour le système respiratoire.

Nous nous exécutons scrupuleusement. La porte s’ouvre sur une vision à couper le souffle. La clarté diffuse du soleil qui entame son ascension du ciel de la planète où il pleut jamais ajoute à l’ambiance irréelle. On reste coi devant le gigantisme des lieux.

– Hé hé ! Ce bon vieil aquarium fait toujours son petit effet la première fois, pas vrai ? Entrez vite, que je referme la porte. Au prix de la gouttelette, pas question d’en laisser perdre !

À travers la capuche hermétique, la voix de coin-coin d’Agarwal me rappelle David Mc Williams dans « The days of Pearly Spencer ».

– 200 panneaux de titane d’une hauteur de 110 mètres, comprenant chacun 95 plateaux en rotation permanente. De façon, vous l’aurez compris, à ce que les cultures qu’ils contiennent bénéficient équitablement des bienfaits de l’Astre du Jour. Sachant que dès que celui-ci commence à pâlir, notre réseau de leds horticoles ad hoc entre en action. Distribués au pied des panneaux, des ascenseurs permettent d’accéder aux 22 plateformes et leurs passerelles sécurisées sur lesquelles les récolteurs sont répartis en fonction de l’avancée des pousses.

De fait là-haut dans les étages, au gré de l’entrelacs de passerelles métalliques une myriade d’opérateurs gantés, bottés et masqués tendent les bras pour se saisir délicatement des navets, carottes, poireaux et autres radis qui passent à leur portée au gré de la lente remontée des bacs.

– Je rassure ceux d’entre vous qui seraient sujets au vertige. À moins de débarquer dans un contexte de sous-effectifs particulièrement sensible, les nouveaux arrivants sont dirigés sur le rez-de-chaussée. Là où, le plus souvent et en toute logique, le travail oblige à se baisser… Hé Tyler !

Ainsi hélé, un grand costaud occupé à trier une cargaison de choux de Bruxelles s’interrompt à contrecœur et fait voile dans notre direction.

– Je vous présente Tyler Jérôme, un de nos plus brillants managers de niveau…. Tyler, l’avenir professionnel de ces losers dépend de vous ! À défaut de les initier à des mystères de l’horticulture hydroponique qui dépassent largement votre propre entendement, il serait question de leur apprendre les gestes qui sauvent en matière d’efficacité.

À travers les reflets vieux rose de son hublot en ailes de papillon (modèle réservé aux cadres), notre guide regarde sa montre pour la vingt-cinquième fois.

– Je n’ai plus qu’à vous souhaiter à tous une excellente journée aux Jardins Suspendus. Non sans vous avoir rappelé que « si les chats portaient des gants ils n’attraperaient pas de souris » et aussi que « le lion et l’agneau peuvent dormir côte à côte, mais l’un des deux aura un sommeil agité ».

– Kyste Graisseux et ses proverbes à la con ! » bougonne Tyler Jérôme, à peine le chef- jardinier a taillé la route sur ses petites jambes torses, « …Venez par-là les bleubites, que je vous tuyaute sur le boulot.

demain, chap 15 : « L’arbre à tomates »