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« MARS 2221, roman » (chap 44 : « Photon mapping », suite et fin)

Plus je relis avec vous « MARS 2221, roman », plus je suis certain de  jamais remettre les pieds chez un libraire indépendant (rires). Du moins pas avant que ces braves gens aient compris l’intérêt vital que représente l’impression à la demande  pour 1) la littérature inventive et intelligente 2) les amateur(e)s de littérature inventive et intelligente 3) les libraires suffisamment inventifs et intelligents pour espérer atteindre un jour à un semblant d’indépendance.

résumé : Peregrin SF4, mode d’emploi…

– J’admets qu’une mise à niveau serait pas inutile.

– C’est très simple. Une fois à l’intérieur de l’habitacle, il suffit à Monsieur d’évoquer mentalement la destination que Monsieur désire rejoindre – réception, galerie commerciale, Shaker… – et, ce faisant, appliquer la paume contre la cloison.

– L’enfance de l’art ! Et pour appeler l’habitacle ?

– Monsieur toquera légèrement au lifter… Comme ceci…

Tout à la surprise causée par la déco rien moins qu’inattendue pour une chambre d’hôtel, j’ai pas noté, dans mon dos, la disparition de la cabine à l’intérieur du cylindre argenté que le groom appelle le « lifter ». Pour la faire réapparaître, un toc toc désinvolte contre le métal brillant et coucou, la revoilou ! Son empressement à sauter dedans me confirme que Spirou 2 a sa dose de mézigue pâteux.

– Je souhaite à Madame et Monsieur un séjour agréable. Pour tout complément d’information, technique ou administratif, un personnel dédié se tient jour et nuit à la disposition de Madame et Monsieur.

– Cool, mec. Nos amitiés à ce bon vieux marsupilami !

– Monsieur ?

– Nan rien. Merci pour tout.

Je tapote mes poches. Le vide me répond.

– Je suis ultra short en liquide juste là mais promis, si votre « Shaker » m’est favorable je saurai me souvenir de votre dévouement à la cause !

Une heure plus tard Anthéa, à poil et fraîche comme la rose, me rejoint sur le sofa interactif  (assise vibrante et le toutim) alors qu’à travers la baie vitrée je me perds dans la contemplation du lac. J’en suis à ma troisième vodka à l’herbe de bison.

– Phobos et Déimos ! Les lunes de Mars… Mate-moi leurs reflets sur l’eau… Comme ils ondulent au gré de la brise nocturne…  Plus vrais que nature !

Anthéa acquiesce. Et, normal, ramène sa science.

– Ces bonnes vieilles images de synthèse 3D ! Tu sais que les premières expérimentations de « photon mapping » remontent à 1994 ? T’étais déjà un grand garçon à l’époque ! Si tu t’étais intéressé à autre chose qu’à ta musique de loser, tu aurais appris que quand ils interagissent avec une surface, les photons virtuels peuvent être absorbés ou réfléchis. Les algorithmes du mapping n’ont plus qu’à prendre tout ça en compte et roule ma poule ! Tu vois lapin, moi ce que je trouve vraiment balèze c’est l’horizontalité du lac.

Je m’étais fait la même remarque en arrivant. Si on tient compte de l’inclinaison « manette de jeu vidéo vintage » voulue par les architectes du resort, la moquette devrait être en pente et le lac depuis longtemps à sec.

– Y aurait du graviton là-dessous que ça me surprendrait pas ! Tout se passe comme si, à Skomäth-Hellian, les théoriciens quantiques et les tenants de la relativité générale avaient fini par se mettre d’acc… Lapin ! T’exagères !

– T’aimes pas ?

– Si…

 

…demain chapter 45 : « Fallue normande »…

« MARS 2221, roman » (chap 44 : « Photon mapping », suite)

résumé : Lapsonami taquine le liftier…

– Adjacente au salon panoramique, la suite « Red Joy Recline », tout en marbre de Céphée est conçue pour offrir à notre aimable clientèle un sommeil d’une qualité rare.

– C’est pas un peu raide sous les reins, le marbre ? Pour compenser vous avez prévu un bon gros matelas, j’espère !

De boudeuse, l’expression du liftier vire à la réprobation pincée.

– Monsieur aime à plaisanter… Maintenant si Monsieur n’a plus besoin de moi…

– Grâce à tous ces précieux renseignements on devrait pouvoir s’en sortir, mec.  Ah, une dernière chose…

– Monsieur ?

Je sors le badge de ma poche.

– Auriez-vous une bonne table à me conseiller ?

Spirou 2 jette un œil blasé sur la lamelle de jarosite avant de rétorquer, son tact professionnel inentamé :

– La renommée du Red Joystick Shaker est loin d’être usurpée, que Monsieur en soit certain. La qualité des participants… Le plafond quasi illimité des mises…

Puis, pris d’un doute soudain :

– Cela dit… Skomäth-Hellian regorge d’établissements tout à fait honorables…

Serait-ce que finalement, au vu de mes manières douteuses il me calcule sans problème dans l’arrière-salle enfumée d’un bar à putes ?

– Nan, nan, votre « shaker » me va nickel, vieux. C’était histoire d’être sûr.

Pour le finir, à sa surprise un tantinet inquiète j’applique le badge contre son oreille.

– Écoutez attentivement ! Vous n’entendez pas une sorte de son complexe, résultante d’une vibration fondamentale de fréquence f1 à laquelle se superposent les vibrations harmoniques dont les fréquences sont ses multiples ?

– Puisque Monsieur le dit… Mais alors très très confusément… Maintenant si Monsieur m’y autorise, avant de prendre respectueusement congé de Monsieur il me reste à m’assurer que Monsieur est au fait du maniement du Peregrin SF4.

 

…la suite demain…

« MARS 2221, roman » (chap 44 : « Photon mapping »)

Eh oui les votants, le morveux continue à vous rouler dans la farine démocrateuse ! 🙂

Pas grave, il vous reste la relecture quotidienne et gratuite de « MARS 2221, roman » !

  1. Photon mapping

Un Spirou peut en cacher un autre. Le groom qui, sur l’injonction silencieuse d’Ovaï pointe sa casquette « boîte-à-camembert » hors du tube métallique est la copie conforme de celui qui proposait de porter nos bagages.

– *Liftier, escortez Madame et Monsieur jusqu’à leur biotope. Orbe Ti’ao Sä, alvéole 112.*

Spirou 2 se fend d’une courbette. Comme Spirou 1 il est équipé en cordes vocales.

– Si Madame et Monsieur veulent se donner la peine…

Sa main gantée de blanc nous indique respectueusement l’entrée de la cabine. Spacieuse, claire sans la moindre source de lumière apparente, molletonnée du sol au plafond, elle épouse au millimètre la forme du méga tube qui la contient.

Spirou 2 pianote sur un tableau de bord invisible. Les portes concaves se referment en silence et on décolle. Beurk, mon estomac a du mal à suivre.

– Super matos !

On le sait maintenant, Anthéa est passionnée de mécanique. Son compliment est reçu avec une fierté non dissimulée.

– L’habitacle modulaire du Peregrin SF4 génère des champs gravitationnels asymétriques dans son environnement immédiat, rendant possible son déplacement tridimensionnel dans les couloirs de communication…

Il a pas le temps de s’étendre. Une nouvelle nausée me signale qu’on est arrivé. Re manipe ésotérique, les portes de l’ « habitacle modulaire » se désunissent dans un pshhhh à peine audible et là… Et là !!!

J’en ai le souffle coupé.

En témoigne la tablette de Legrand – je sais plus laquelle, la verte ou la jaune ? Faudrait relire Hippocampe Twist – en tant que Sage entre les sages, avec Marcel (et son « Robert » chéri) des palaces, paraîtrait que j’en aie écumés quelques-uns ! De New York à Doha en passant par les Maldives, on les a fait swinguer les notes de frais de la GAMACON… Bon mais là on est carrément dans autre chose. Comment vous décrire le genre de mini éden qui s’offre à l’ébahissement du chaland ? On hésite à risquer un pied hors de l’ « habitacle modulaire » tellement on se dit qu’on nage en plein hologramme. Que si on fait mine de s’engager entre les parterres de coréopsis multicolores, les lupins au garde-à-vous, les massifs de pavots flamboyants, les lys d’un jour, les sédums, hémérocalles, jasmins et autres gardénias, on va passer direct à travers la moquette vert gazon. Spirou 2 réprime un sourire condescendant. Sans qu’il y ait écrit « immigrants Terreux en rupture de dortoir » sur nos fronts de voyageurs sans bagages, il a intégré qu’on est pas non plus les rupins intergalactiques qu’il a l’habitude de driver. Il récite méticuleusement :

– Le salon panoramique de l’alvéole se trouve au fond de l’allée principale. Sur votre gauche, les thermes. Tepidarium, caldarium, laconicum, spa, alcôve ciel de p…

– Alcôve ciel de pluie ? Yess !

Cédant à l’appel de la mousse de savon et du shampoing aux herbes, Anthéa nous laisse tomber comme des merdes.

Un chouye déstabilisé, Spirou 2 boucle quand même son tour du proprio.

– Le dégagement sur votre droite mène à la taverna. Le robot cuisinier y déclinera à votre intention une carte inépuisable de spécialités empruntées aux plus subtiles pratiques culinaires des Mille Galaxies.

– Cool. Sinon, y aurait pas un pieu quelque part ? Je sais pas si c’est l’air de l’Aquadrome, je sens monter une petite fatigue.

 

…la suite demain (et c’est pas des macronneries)…

« MARS 2221, roman » (chap 43 : « Check in », suite et fin)

Alerte : touvabi-1- ! Le roi de la Phronce continue à consulter son nez que ça met du blé dans les épinards des pipelettes de France Infopfff qui claironnent joyeusement que les producteurs de foie gras ont vu leur chiffre d’affaires prograisser en 2024…

Pendant que sur « MARS 2221, roman » la taulière du Red Joystick Resort aimerait en savoir plus sur Anthéa et lapin…

L’expression mentale qui vient de prendre l’antenne véhicule son pesant de distinction. Assaisonnée d’une certaine distance nonchalante, compassée diraient certains.

– *Loin de moi l’intention de vous froisser mais je concède que lorsqu’elle m’a annoncé de but en blanc que vous nous arriviez de Terra, j’ai frôlé la pétrification avant l’heure ! Des Terreux ! Grand Pierrot ! La mise à l’index de l’espèce la plus dangereusement sous-évoluée des Mille Galaxies avait été levée et on ne m’en avait rien dit ? Comme si je n’avais pas suffisamment à faire avec les serial teufeurs de Dwingeloo I qui viennent encore de me ruiner un jacuzzi dernière génération ! Ou avec les frasques ingérables des Polymorphes de la Chevelure de Bérénice dont je dois à tout prix éviter qu’ils se retrouvent à la table d’un Centaurien, génétiquement privé de tout sens de l’humour. Rêvais-je ou on me demandait d’ouvrir grand les portes de la perle de la ludosphère à deux lourdauds incultes ? Qu’ils en viennent par malheur à évoquer leurs intolérables pratiques alimentaires en présence d’un de ces exquis Bovidoïdes virginiens que nous nous honorons de compter parmi notre plus fidèle clientèle, nous serions dans de beaux draps !*

– Votre belle-mère c’est la Croupière Générale ? La tortue d’Hermann au nom imprononçable?

*  Elle vous a fait son sketch ? La dualité esprit/matière et tout le tintouin ? Quelle comédienne ! Vous savez qu’elle n’en revient toujours pas que ses taquineries n’aient aucune prise sur vous.*

Un détail chagrine cependant la taulière du Red Joy Stick Resort.

– * Une immunité que vous partageriez avec un certain « Emmanuel »… De bien piètre réputation, avouons-le. *

– Soyez sans crainte. Nous ne chercherons pas à écouter aux portes ni à nous en prendre à votre mobilier … Ni à « emmerder » qui que ce soit !

– Ni à commander un steak tartare au petit-dèj’ !  Nous sommes exclusivement végétariens», Anthéa la rassure à son tour.

– *Formidable ! Écoutez, il m’est impossible de m’échapper du dîner-concert d’aurevoir donné en l’honneur de l’ambassadeur du Nuage de Magellan mais je vous promets qu’Ovaï-Lân-Try va s’efforcer d’abréger ses chinoiseries administratives, n’est-ce pas Ovaï ?… Ah ! On me  fait signe que l’orchestre est en place… J’ai peur de devoir écourter… Excellent séjour à tous les deux ! À plus tard sans faute !*

Happée par ses obligations mondaines, dame Gd’Ye-Asi met fin à l’échange avant qu’on ait pu lui passer le bonjour de Mustalpha. Déjà le pecten maximus (je viens de me souvenir du nom scientifique de la coquille St Jacques, de genre masculin, autant pour moi !) qu’elle a appelé Ovaï-Lân-Try rouvre les valves, m’invitant à y récupérer le badge, dûment authentifié et validé.

 

…demain chap 44 : « Photon mapping »…

« MARS 2221 » (chap 43 : « Check in », suite)

Tandis que le roi de la Phronce nous lâche son remake foireux de « Pique-nique-douille, c’est toi l’andouille », 2 siècles plus tard Anthéa et lapin visitent le ludomaine de Skomäth-Hellian…

résumé : nos héros débarquent au Red Joystick Resort…

On suppose que c’est la réception sinon pourquoi la grosse dame au chihuahua ferait le pied de grue pendant que sa copine discute avec la coquille St Jacques ? Une coquille St Jacques en équilibre sur le chapiteau de la mini colonne dorique plantée devant une des structures tubulaires qui pourraient bien faire office de cages d’ascenseurs.

« Discute », façon de parler ! La dame se contente de sourire en hochant la tête de temps à autre. À un moment la coquille ouvre grand son bec. Il y a quelque chose dedans. La dame s’en saisit et remise l’objet dans son sac-à-main. Puis se remet à tailler le bout de gras, ce qui commence à plaire à la porteuse de chihuahua.

Et à nous donc ! On démissionne et on va se planter devant une autre coquille St Jacques qui vient de se libérer un peu plus loin.

– *Madame, Monsieur, le Red Joy Stick Resort vous souhaite la bienvenue! Les formalités d’enregistrement ouvrant sur l’attribution d’un biotope personnalisé ne prennent que quelques secondes. À cet effet, je vais vous demander de bien vouloir insérer votre badge d’accréditation.*

À l’instar de la Croupière Générale la réceptionniste est télépathe.

– * Hem, le réceptionniste si je puis m’autoriser à reprendre Monsieur. J’espère que Monsieur ne voit pas d’inconvénient à ce qu’effectivement j’échange avec vous par la pensée. La Direction du resort considère que la confidentialité des opérations de check-in s’en trouve préservée d’autant.*

– Pardon ? Non non, aucun inconvénient. Anthéa ?

– Au contraire ! Ça évite les malentendus. Humour. Bon tu fais péter ton badge, j’ai envie de prendre une douche.

– *Comme je comprends Madame ! Oublier la fatigue du voyage dans le confort relaxant de nos alcôves ciel de pluie ! Puis-je respectueusement suggérer à Madame de prendre connaissance de notre large panel d’autres commodités hydrauliques susceptibles d’intéresser Madame …*

Tout en mettant Anthéa au parfum des options relaxantes offertes par son bouclard le coquille St Jacques baye aux corneilles genre « c’est pas que je m’ennuie mais l’heure avance et le boulot se fait pas ». Je glisse la lamelle de jarosite d’Endymion – notre « badge d’accréditation » – entre ses valves gourmandes. Réaction quasi immédiate :

– *Vous êtes Anthéa et Lapsonami ?*

–  Eh bien c’est à dire…

– *Veuillez avoir l’obligeance de patienter une toute petite seconde s’il vous plaît… Dame Gd’Ye-Asi désire vous exprimer de vive pensée sa joie de vous accueillir en nos murs… Ne quittez pas, j’essaie de la joindre…*

Moins de dix secondes plus tard :

– *Hellooo ! Je suis Gd’Ye-Asi. J’assume la lourde tâche de maintenir un semblant d’organisation au sein de cet établissement. Il se trouve que ma chère belle-mère néglige trop souvent de me communiquer toutes les données nécessaires à une prise en charge optimum des special guests qu’elle me fait l’honneur de m’adresser. Raison pour laquelle j’ai demandé à ce qu’on me prévienne de votre arrivée. Je meurs d’envie de faire plus ample connaissance avec vous. *

 

…la suite demain…