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Leibniz revisited

« Bordel, Je suis un fœtus !

Ça doit pas être longtemps avant ma naissance, les paupières d’un fœtus s’ouvrent vers le septième mois de gestation et j’aperçois de la lumière. À tous les coups Maman se prélasse sous le soleil de Tananarive. En ces temps immémoriaux les Malagasy ont pas encore rejeté leurs envahisseurs à la mer, déclaré indépendante la Repoblikan’i Madagasikara et redonné à leur capitale le nom autochtone d’ « Antananarivo ».

Por qué mes darons se sont mis dans le crâne d’aller me concevoir à onze mille bornes du biotope ancestral, faudra que je pense à leur demander. Quand je maîtriserai les finesses du langage articulé. En attendant, filtrés par l’hypoderme, le derme, l’épiderme et les membranes ovulaires amnios et chorion, les rayons de l’astre du jour mettent leur exubérance tropicale en veilleuse. Ça donne une ambiance tangerine, irréelle, cosy…  Cosy à part que le tapis de sol on dirait la planche à clous du fakir Pinder ORTF.

Le tapis de sol ??? L’ORTF ??? Fœtus mon cul !!! Je me disais aussi cette odeur de fennec… Une poche de liquide amniotique ça peut pas sentir le fennec, voyons ! À part celle d’une maman fennec. Un sac de couchage par contre… Un duvet qui, en trois mois de camping, n’a connu de lessivage que les incursions sporadiques de précipitations torrentielles… Je bâille, vaguement soulagé. »

 

J’en aurai bientôt terminé avec la relecture/correction ultime et définitive de « MARS 2221, roman » et je suis toujours aussi fier et comblé d’être l’auteur de cette merveille de bouquin. Que les libraires indépendants (rires) aillent se faire mettre, il n’y a aucune honte à ça. Pardon, à « cela ». Que les Clubistes de Médiapart  ne se gênent pas non plus, c’est là chose politiquement correcte (les Clubistes ne jurent que par la politique), suivis de près par quelques personnes à qui j’avais adressé/offert « MARS » et qui n’ont jamais jugé utile de m’en faire le moindre retour. Sans rancune. Tant que les deux greffiers qui partagent mon quotidien continueront à s’étirer et à ronronner, à me tanner pour avoir à croûter avant de foncer remplir leur litière sans recouvrir leurs cadeaux parfumés, en ce qui me concerne tout ira pour le moins pire dans un monde où, permettez-moi d’insister, à de rares exceptions près les fous furieux qui sont en train de conduire les bipèdes à poil ras droit dans le mur peuvent se targuer d’avoir été « élus » par eux.

First crush

Je sais, je sais ! Vous êtes pas des romantiques, vous autres. Vous c’est les milfs à forte poitrine et miches botoxées de Nextflip qui vous motivent. Bon mais vous verrez un jour ! Quand, comme mézigue, vous aurez passé le cap des 250 printemps ! Vous verrez que ce qui remonte à la surface après le « naufrage de la vieillesse » ( comme disait papy De Gaulle en parlant de Pétain sans avoir conscience qu’il nageait en plein selfie) c’est la planche bouffée aux vers marins du premier crush.

Ça se passe à la fin du chapter 53 de « MARS 2221, roman » (« Putain de norme »), quand Anthéa explique à lapin qu’elle va le laisser (momentanément qu’elle dit) tomber comme une vieille chaussette. Alors lapin voilà qu’il en frôle encore la remontée hippocampique…

« Ce n’est qu’un au revoir mes frères ♫ »… J’arrivais pas à me rappeler son prénom… Legrand aurait trouvé ça normal puisque ça remontait à avant ma treizième année… Bien avant. Je devais taper les sept ans grand maximum. Mon premier amour d’été. Mon premier chagrin d’automne… « Ce n’est qu’un au revoir mes frères ♫… » chantaient les amis que nous nous étions faits, mes parents et moi, pendant les trois semaines passées à la chouette « maison familiale de vacances » que, pour une somme modique, les usines Renault mettaient à la disposition de leurs employés… À Boulouris, pas loin de St Raphaël… La Côte d’Azur, excusez du peu ! « …Oui nous nous reverrons, mes frères ♫… »… Mon vieux avait tourné la clé de contact. La Citroën 11 Légère, cadeau de sa tante Marie (la femme de l’oncle Eugène champion de boxe, habilleuse de Michel Simon et Bernard Blier) s’était ébranlée… Mon cœur s’était serré… Fini les balades sous les pins, à l’écart des bungalows, son rire étincelant dans le soleil ( elle portait un appareil, le nec plus ultra de la séduction )… On s’était promis de se revoir. Restait à convaincre nos darons respectifs de se farcir les 200 bornes aller-retour qui se dressaient entre Marolles-en-Hurepoix et son bled à elle, aussi paumé mais situé de l’autre côté de Paris. Ils se raconteraient leur vie autour d’un rosbif purée de circonstance et nous on aurait mieux à faire. J’avais pas encore intégré les quatre degrés d’incertitude de McKinsey. J’en étais toujours au concept d’« éternel retour » (« palingénésie » chez les Grecs)… « Oui nous nous reverrons mes frères ♫ », que je m’étais fredonné jour après jour, une fois rentré à Marolles… En pédalant comme un forcené autour du pâté de maisons. Jour après jour. Des après-midi entiers… Dans mon délire elle allait forcément, d’un instant à l’autre, faire son apparition à l’arrière de la Dauphine vert bouteille de ses vieux. Je ferais celui qui s’en serait pas aperçu. Je continuerais à chevaucher mon vélo l’air de rien comme Ivanhoé son canasson (« Ivanho-é, Ivanho-é ♫ » – Roger Moore avait pas fait que l’espion au service de sa Majesté dans sa vie de bg !). Bouquet final, je me lâcherais des deux mains en sifflotant mon mépris du danger (je venais d’apprendre à siffler). Subjuguée elle bondirait hors de la caisse familiale pour se jeter dans mes bras…

– Fais-moi confiance, lapin ! Ça va marcher…

Message crypté

Vous auriez tort de croire que je cherche à tout prix à vous extorquer vos précieux 3,49 €. En vrai c’est que j’ai trop pitié de vous, de vos yeux chassieux, de vos oreilles pendantes, pour cause d’overdose de « séries » de daube ingurgitées ce we et/ou (m’adressant ici aux moins atteints par l’ablation neuronale collective en cours, i.e à ceux/celles qui savent encore ce qu’est un livre) de  polars mal écrits, aux contenus abjects, répétitifs, de bédés sans intérêt et pourtant hors de prix, de mangas pour djeuns retardés, de webtoons ( !) sans parler de toutes les leïlaslimâneries et autres houellebectations débectantes injectées de force dans le circuit par le cartel de l’édition phronçaise.

La preuve que je pense qu’à votre bonheur : vu qu’on est lundi et que vous êtes pas tous à vous éclater dans un gymnase d’Aix-les-Bains en attendant de déclencher votre avalanche annuelle de ski(eur)(euse) sur cailloux, je vous rebalance en intégralité le 50ème chapitre de « MARS 2221, roman », un chapitre d’anthologie particulièrement anthologique dont j’ai même pas eu besoin d’améliorer une syllabe en vue de la MAJ à paraître ce mois-ci, ebook uniquement  (voir le message crypté de la photo ci-dessus à l’intention de nos indécrottables libraires « indépendant(e)s » (rires)).

 

  1. Rien ne va plus

Le plafond se remet à tournoyer comme jamais. Et vas-y que je te secoue nébuleuses, quasars, pulsars, falzars, satellites naturels, quasi satellites, météoroïdes, planétoïdes, hémorroïdes, ceintures d’astéroïdes, bretelles de géantes gazeuses pire qu’un vibreur de tronc dans une oliveraie andalouse. À une vitesse de rotation qui relègue le Do-Dodonpa du Fuji-Q Highland Park – dit le « briseur d’os » – au statut de tourniquet de bac à sable !

– Rien ne va plus !

J’aurais envie de répondre à Jean-Pierre que c’est pas un scoop mais je suis trop occupé à serrer le cul, en proie au démon de l’incertitude. Et si j’avais eu tort de me fier à mon rêve ? Si ce que j’ai pris pour le cri du blé n’était qu’un acouphène à retardement dont le Peregrin SF4 et ses champs gravitationnels asymétriques portaient la responsabilité ? J’ausculte nerveusement l’excroissance qui prospère sous mon front. Le jour du pokson chez Wilma mon blair était resté égal à lui-même. C’est que plus tard,  période « Sage entre les sages » qu’aux dires de Legrand le phénomène avait commencé à se produire, légitimant l’hypothèse « Ganesh » de Marcel-la-Menace.

Alors que je gamberge dubitatif, le manège enchanté entame une brusque décélération, précipitant les corps célestes les uns contre les autres comme autant d’usagers d’un train bondé dont un plaisantin vient de tirer le signal d’alarme. Collisions élastiques, inélastiques (les plus douloureuses) générant autant d’ondes de choc spectaculaires. Puis, le plafond ayant cessé de tournoyer, s’installe un équilibre précaire entre les forces de gravité et l’énergie thermonucléaire induite. D’ultimes réactions de fusion unissent alors Prodigieux et Merveilles dans d’indicibles cosmicoïts qui se poursuivent à l’intérieur du trou noir d’arrivée. Qui, dans un burp bigbanguesque, sous les « oh ! » et les « ah ! » d’un public conquis,  régurgite enfin la combinaison gagnante.

Mort de trac, j’ose pas regarder. Une éternité s’écoule avant que…

– Lapin !!! LAPIN !!! ON A GAGNÉ!!! LES 6 DANS L’ORDRE!!! T’es un boss !!!

Anthéa m’enlace, me roule des patins, m’invite à danser, me saute sur le dos en poussant des cris de cow-boy. C’est là qu’on entend un glapissement. Suivi d’un bruit de chute. À l’idée de ce qu’il va devoir lâcher pour un sexté dans l’ordre Eliot Ness nous a fait une syncope ! Il gît inanimé au pied de sa bulle antigrav. Le croupier est le premier à se précipiter à son chevet, qui lui tarte copieusement le museau en guise de premiers secours.

– Volöd ! Volöd ! Par le Grand Pierrot reprenez vos esprits ! Vous n’y êtes pour rien ! La Direction fera jouer l’assurance !

Redoublées, retriplées, les baffes finissent par sortir Eliot de son coma.

– Aïe ! Ouille ! Arrêtez, ça fait mal ! Gé… Gérald ? C’est vous, Gérald ? Qu’est-ce qui vous prend ? Et qu’est-ce que je fais par terre ? Ah je me souviens ! Un S… SEXTÉ !!! UN SEXTÉ DANS L’ORDRE !!! Une possibilité sur… Sur…

– Sur 72 681 840, pas une de moins ! Regardez ! J’ai refait trois fois le calcul !

Un petit bonhomme à lunettes en qui je reconnais le professeur Tournesol – l’AEP est de plus en plus vintage, je trouve – exhibe à la ronde le portable qu’il a pas lâché depuis son entrée dans la salle. Je l’avais repéré, le pote à Tintin ! Il misait jamais sans avoir d’abord pianoté un bon moment sur sa minicalculatrice.

– Si cela vous intéresse, je peux aussi vous aider à établir le montant des gains de ces jeunes gens…

Qu’est-ce que c’est bien « MARS 2221, roman » !

Qu’est-ce que c’est bien « MARS 2221, roman » ! Y a tout dans ce bouquin. Tout ce qu’un(e) amateur(e) de littérature inventive est en droit d’espérer. Un pitch béton évidemment – dépaysement, rebondissements, apartés historico philosophiques  etc… une vraie pochette surprise ! Et l’écriture, bonne mère ! L’écriture ! Allez je vous remets un de mes 4325 passages préférés. Enjoy !

« – Lapin !!! T’as fini de faire des bonds comme ça ? Et tiens, pour t’excuser de m’avoir réveillée si tu allais nous chercher de quoi petit-déjeuner ?

La voix médium grave d’Anthéa me rapatrie dans le monde réel. Je lui roule un patin, prêt à remettre le couvert mais elle me repousse. C’est d’une nourriture plus substantielle dont elle a besoin. Résigné, je m’arrache du pieu, direction la taverna. Je foule l’herbe tendre de la moquette, me régalant de la symphonie olfactive ambiante. Le lis d’un jour au puissant parfum de muguet le dispute au jasmin sensuel et fruité, presqu’animal, et à la vanille subtile des gardénias immaculés. Au détour d’un rosier grimpant je tombe sur un labo de cuisine au grand complet. Un labo parlant.

– J’espère que Monsieur a passé une bonne nuit. Pour le petit-déjeuner de Madame et Monsieur, je me permets de suggérer à Monsieur une soupe ganjü et ses bamkas à la magellane. Très énergisant !

– Je vous crois sur parole mais ce matin, Madame et Monsieur se satisferont d’un pot de caoua et d’une brioche ou deux pour éponger.

– Ka…Wa ? Monsieur me voit terriblement confus…

– C’est moi. Mon parler emprunte trop souvent au registre populaire. Quand il est pas truffé de grossièretés. Pire, si vous aviez lu Hippocampe Twist, vous sauriez que je dis jamais « ne pas ».  Formulé autrement, auriez-vous l’extrême obligeance de nous préparer une cafetière de votre meilleur arabica ? »

 

NB – Aux personnes de goût qui auraient envie de se procurer « MARS 2221, roman », je conseille d’attendre la sortie de la mise à jour (imminente). Elle concernera la version numérique uniquement. Dégoûté par l’attitude de ces ânes bâtés de libraires « indépendants » (rires)  je vais laisser tomber pour la version cellulose.

 

« MARS 2221, roman » (postface)

Aux visiteurs de fyr / clubistes de Médiapart :

Merci de m’avoir servi de prétexte pour relire (et améliorer) « MARS 2221, roman ». En fait, maintenant que le boulot est terminé, j’ai moyennement envie de vous postfacer quoi que ce soit. Si ça vous a plu, tant mieux, sinon bonne reprise sur Nextflip ! Ce que je vais faire par contre c’est publier une mise à jour de « MARS 2221, roman » au format ebook et, bien entendu, oublier la version papier. Le temps que le neurone des « libraires indépendants » (rires) soit devenu opérationnel. À toi mon Darwin, ça va pas être simple !

Aux lecteur(e)s du 23ème siècle* :

« MARS 2221 » devient « MARS 2221, roman ». Une tentative comme une autre de couper court à toute vélléité de science-fictionnisation. J’aime et respecte certains auteurs labellisés SF mais, puisque les marchands de mots trouvent leur compte à ranger les bouquins dans des cases, le mien ressortirait plutôt de la « littérature générale ». De la « littérature particulière », disons. Un mélange (d)étonnant de fiction et d’autofiction, de romance et d’insolence, d’aventure et d’inventure. Couac il en soit j’avoue humblement avoir pris un plaisir extrême à sa relecture, un an après sa publication ultra confidentielle, autoédition oblige. J’en ai profité pour effectuer diverses petites modifications. Clarté et fluidité sont mes maîtres-mots. Je m’efforce de leur obéir au doigt et à l’œil.

À part ça je souhaite de tout cœur que « MARS 2221, roman » puisse divertir, intéresser et, qui sait, convaincre quelques bipèdes à poil ras de l’évidence qu’ils ont encore tout à apprendre d’eux-mêmes. Et que c’est pas toujours triste.

 

* Préface de « MARS 2221, roman », à paraître très prochainement donc, sur toutes les plateformes de téléchargement.