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« MARS 2221, roman » (chap 31 : « Tout s’explique (1), suite et fin)

 

 

résumé : Anthéa et lapin sont mal barrés on dirait…

– « Cette furie », comme tu dis, c’est la copine du Maître.

– Le « Maître » ! Fais-nous des vacances avec tes conneries, tu veux ?

– Tu jetteras un cil sur le contenu du sac. Et ensuite on reparlera de mes conneries ! T’as apporté les lasers ?

– Dans le camion. Je m’apprêtais à les décharger quand mademoiselle a débouché en trombe. J’ai dû être clebs dans une vie antérieure ! Suffit que je voie quelqu’un courir, je peux pas m’empêcher de courir derrière. T’entends ? C’est de toi que je parle ! Garde les mains levées au-dessus de ta tête, c’est bon pour le cœur !

Mais le gendre de Poutine a l’esprit ailleurs. Il plonge dans la poche arrière de son froc poussiéreux. Quelques manips sur le clavier de son téléphone…

– « Cible détectée dans un rayon inférieur à 50 mètres ».

Comme l’auraient écrit deux siècles plus tôt un Taxmine Patcham ou un Mernard Binier : « un frisson glacé me parcourt l’échine ». De la nuque au trou de balle et retour.

Nivek se met à brailler.

– MAÎTRE ??? OÙ ÊTES-VOUS ??? AVEZ-VOUS BESOIN D’AIDE ?

À quoi bon faire durer une partie de cache-cache perdue d’avance ? J’agite une béquille au–dessus de la pompe de drainage pour signaler ma présence avant de – tant bien que mal – me remettre debout et clopin-clopiner vers le trio hétéroclite.

– Nan c’est bon, tout baigne ! Une glissade malencontreuse… Sacré Stan ! Il me semblait bien avoir reconnu ta voix… C’est qui avec toi ? Commandant Korbehn !!! Ma parole, c’est la journée des surprises ! Quelqu’un vous veut du mal, que vous ayez sorti votre artillerie, commandant ? Notez, on est pas plus en sécurité que ça dans les parages… La moitié de monsieur sans tête là, à dada sur son rail, c’est pas en éternuant j’imagine…

Quelques poussées vigoureuses sur mes béquilles et je rejoins tout le monde. Mes blagounettes pour détendre l’atmosphère ont pas atteint leur objectif, c’est clair. Korbehn regarde ostensiblement ailleurs. Il continue à masser les dorsales d’Anthéa avec son flingue pendant que Nivek y va de son speech.

Dont le flux policé contraste singulièrement avec celui du barbu à lunettes de l’iPhone.

– Il était une fois un Sage parmi les sages qui, ayant survécu à la chute d’une étagère et à ses conséquences majeures sur le devenir socio-économique de la planète…

 

…demain chap 32 : Tout s’explique (2)…

« MARS 2221, roman » (chap 31 : « Tout s’explique (1) »)

La relecture de MARS 2221, roman m’amène à réécrire certains passages. L’épisode d’aujourd’hui compte plusieurs de ces « ajustements ». Que les personnes qui ont acheté la version originale se consolent en se disant qu’un jour, ses occasionnelles lourdeurs de style et autres maladresses intéresseront les collectionneurs.

 

  1. Tout s’explique (1)

– Tu crois que ça se passe comme ça quand on meurt ?  Que d’un seul coup il fait plus noir que dans le cul d’un ours ?

– Pourquoi un ours ?

– Demande à mon premier chéri, un Canadien. « Fais pas la baboune !  On va se lâcher lousse en fin de semaine ! » qu’il me disait pour me remonter le moral en cas de besoin. Ou alors, quand je grillais pas un truc : « Ça prend pourtant pas la tête à Papineau ! » Le tout avec un accent québécois à accoucher dehors.

– « Coucher » devrait faire l’affaire… Hé ! Qu’est-ce que c’est que ce sifflement ?

– Ça vient de là-bas…

L’index d’Anthéa pointe l’entrée de la galerie n°2.

– La navette !

– Qu’est-ce qu’on fait ?

– D’après toi ?

Anthéa remballe dare-dare son home cinéma et saute à bas du rail. Je suis moins réactif, because les béquilles.

– Fonce et appelle un taxi ! Je te rattrape…

– T’es sûr ?

Devant mon insistance elle décarre. Je la vois disparaître au coin de la caverne pendant que, dans mon dos, le sifflement se fait tout proche. Galère, je plante ma béquille droite sur un truc mou qui me déséquilibre. Je me vautre en beauté. Finalement c’est aussi bien.  Debout j’aurais été visible depuis la navette qui vient d’entrer en gare.

C’est un Stan/Nivek Kuduort sans barbe ni lunettes que je vois sauter à bas du véhicule. Il se retourne pour tirer à lui un méga sac de toile qui s’écrase sur le sol dans un nuage de poussière. Je me recroqueville derrière l’espèce de pompe de drainage jusqu’à laquelle j’ai réussi à ramper. D’ici je peux me faire une idée précise du truc mou qui a entraîné ma chute. Une jambe. À tous les coups le membre manquant de ce brave Darius. Ajouté au bras qui faisait du stop dans la cour, plus la tête récupérée par Anthéa sur le toit du poste d’aiguillage, le compte est bon. Ça éparpille son monde, un tir de plasmok à bout portant !

– T’ES DANS LE COIN, NIVEK ?

Cette voix grave, rocailleuse, à la Darth « I-am-your-father » Vader dont l’écho se répercute entre les parois de la salle m’est pas inconnue… Me hissant de quelques centimètres circonspects, je mate en direction de la cour, d’où elle a été émise. Et là j’ai un choc. Anthéa ?  Elle aurait pris un coup de froid en traversant le no man’s land ? Une trachéite éclair qui lui aurait fait perdre trois octaves ? Elle a pas l’air de bonne humeur. Mieux vaut être seul que mal accompagné, faut dire. Collé serré derrière elle, une main fermement assujettie à la crosse du blaster appuyé contre son dos, continuant à lancer ses « Nivek ? » d’enfant perdu, qui d’autre que… le pacha du « Sun Dancer » !!!

– Korbehn ? Tu tombes à pic ! Tu vas… m’aider à…

Penché sur son sac, le chercheur d’or peine à reprendre son souffle. Il finit par se redresser. Pour s’apercevoir que son visiteur arrive pas seul. Il calcule la chevelure platine.

– Anthéa ! Qu’est-ce que…

– An-thé-a !!! C’est ça ! J’arrivais pas à mettre un nom sur cette furie. En même temps, j’ai pas à me rappeler l’état civil de tous les expats que je trimbale sur mon rafiot !

 

…la suite demain…

« MARS 2221, roman » (chap 30 : « Retrouvailles », suite et fin)

 

 

résumé : lapin narre à Anthéa les circonstances de sa rencontre avec Nivek Kuduort… qui se révèle être le gendre du chirurgien Poutine !

– Ça va les chevilles ?

– Je fais que répéter… Wallalluhiachem ! Si je m’attendais à le retrouver ici, le gars Nivek !

Sur l’écran, le susnommé a l’air de s’être un peu calmé. Un peu seulement. Les yeux de Darius le quittent pas d’un millimètre tandis qu’abandonnant à regret son gisement miraculeux il se hisse à l’intérieur de la navette.

Bon ben y a plus qu’à ! », qu’il fait à l’andro. « … Sérieux, je comprends toujours pas le délire de tes patrons ! Mais alors pas du tout du tout !

Dans la mesure où vous persistez à vous méprendre sur la nature de…

Nouvelle tempête de neige. Interminable. Le temps que les derniers grésillements s’évaporent, le poste d’aiguillage apparaît dans l’encadrement du pare-brise. On est de retour dans l’antre du Minotaure. On met pied à terre. Stan/Nivek tape un numéro sur le clavier du mobile qu’il a sorti de son blouson.

Allo t’es où ? … T’as toujours envie d’être multi milliardaire ? … À quelle heure tu peux être à La Ferrière ? … Comment ça pas avant cinq heures ? … Allo ! … Je disais « comment ça pas avant cinq… » Allo ! Allo ?

Stan/Nivek ronchonne en remisant son portable.

– Ça a coupé. En attendant on va pas rester les bras croisés, hein mon Dada ? Il reste sûrement une foreuse encore opérationnelle quelque part dans ta casse !  Et aussi ça serait bien pratique si mon pote pouvait rentrer son bahut dans le hangar, tu crois pas ? Je dirais qu’on est parti pour bosser une bonne partie de la nuit et, la nuit, il arrive à la Surveillance Urbaine de faire son boulot… À quoi bon attirer l’attention de ces rabat-joies, hein face de PVC ? Vas-y c’est quoi le code d’ouverture du volet ?

À travers les yeux du gardien de la mine on voit plus la tronche de l’impatient mais un écran de portable sur lequel des chiffres commencent à s’inscrire. Un numéro de téléphone…

Tu comprends le français, Darius ? File moi le code d’ouv… Hé qu’est-ce que tu branles avec ce mobile ???

La caméra oculaire de Darius retourne à l’énervé.

– N’étant ni habilité à divulguer d’informations touchant à la sécurité des locaux ni programmé pour refuser de satisfaire les desiderata d’un humain, je contacte ma hiérarchie afin d’être éclairé sur le traitement à apporter à votre requête.

Tu tu… Té té… À ta …  TA HIÉRAR… 

Museau d’un plasmok dégainé en urgence. Éclair fulgurant. Écran noir.

 

…demain chap 31 : « Tout s’explique (1) »…

« MARS 2221, roman » (chap 30 : « Retrouvailles »)

07/11/24, Budapest : Morveux 1er, roi de la PhronceMais je n’ai pas envie de laisser l’Europe comme un formidable théâtre habité par des herbivores, que des carnivores, selon leur agenda, viendront dévorer ».

T’en fais pas, trou-de-balle, l’Europe compte un bon paquet de carnivores autochtones qui, grâce à toi et tes prédancesseurs, se sont déjà bien rempli la panse. Agenda ou pas, tes méchants carnivores venus d’ailleurs ne trouveront bientôt plus que des os à sucer 🙂

 

Mais nous on s’en cogne, on continue à (re)lire « MARS 2221, roman ».

  1. Retrouvailles

 Où allons-nous ? »,  Darius s’enquiert.

Cette question ! Tu m’emmènes à l’endroit précis où on récolte les petites merveilles de la vitrine ! Et fissa !!!

Le robot démissionne. Il pointe le fond de la caverne.

– La dernière navette encore en état de fonctionner est stationnée à l’entrée de la galerie numéro 2.

C’est parti pour un tour de train fantôme. La « navette » à bord de laquelle nous prenons place ressemble à un cockpit d’hélicoptère. De forme arrondie, elle glisse en couinant sur le monorail. Les parois de la galerie, d’un marron-gris terne et granuleux, défilent à travers les vitres. Dans les  phares inquisiteurs, les cicatrices laissées par les lasers des mineurs pourraient passer pour les vélléités picturales de quelque Néandertalien défoncé. Mais voici que, peu à peu, l’ambiance change. De fines veines dorées se mettent à réfléchir le double faisceau de photons domestiques. Plus on avance, plus elles se font nombreuses, épaisses, scintillantes. Il hallucine, le pseudo Stan.

Pince-moi, Darius !!! PINCE-MOI !!! Le filon du millénaire !!! …Arrête-toi ! ARRÊTE, je te dis !!!

Darius obéit. Par ses yeux nous voyons son passager sauter à bas de la navette pour se précipiter vers une méga pépite incrustée dans la roche. Tomber en pamoison devant. Puis, hypnotisé, se risquer à l’effleurer du bout des doigts. Comme un ado avec les nénés de son premier flirt. Avant d’y aller franco, la palucher à pleines paumes, lui rouler des pelles… S’il aime pas l’or, le garçon, on lui donnera autre chose ! Le voici à quatre pattes à embrasser le sol pierreux  comme un jeanpauldeux moyen en weekend à Orbiland. Avant de se relever extatique et se livrer à une danse d’un Saint-Guy qui aurait pris des cours avec Tina Turner.

Riche ! Je… suis… RICHE !!! RIIIIICHE !!!

Anthéa profite de l’intermède.

– Vas-y, lapin ! On s’y perd dans ton histoire de poils…

– Quand Poutine me l’a présenté, le soi-disant Stan était pileux du museau d’accord mais pas genre nid à poux comme aujourd’hui. Sa barbichette de jeune premier était taillée au cordeau. Et, comme aujourd’hui, il arborait des lunettes de soleil… Sauf que pas ces culs de bouteille de non voyant ! Nan, des Ray Ban à la « Top gun »… Je me souviens aussi d’un petit chignon serré sur la nuque… Qui matchait pas trop son keffieh d’ailleurs…

– Donc ce craignos connaît Poutine ?

– Un pneu qu’il connaît Poutine ! Il est maqué avec sa fille ! Forcément ça crée des liens…

Pendant que le survolté cavale d’une veine à l’autre en poussant des cris de victoire je finis de briefer Anthéa sur les circonstances de ma première rencontre avec lui. Savoir une petite sauterie chicos à laquelle Poutine m’avait convié. C’était quelques semaines après ma sortie de couveuse. Entre deux flûtes de Veuve Clicquot et un petit four au caviar de Sibérie le chirurgien avait tenu à me présenter sa fille Moushkra. Une brunette pas vilaine, enceinte jusqu’aux yeux …Ainsi que l’élu de son cœur.

– « Maître, voici Nivek Kuduort. Moushkra et lui me font actuellement le trop rare plaisir de passer quelques jours à la Résidence. Et ils brûlent de rencontrer, en chair et en os, le patient dont je me laisse parfois aller à évoquer le destin hors normes…. »

 

 

…la suite demain…

« MARS 2221 » (chap 29 : « POV », suite et fin)

 

 

résumé : inside Darius…

Sur l’écran du mobile Stan remet ça, plus sournois et insidieux que jamais :

Je sais, ça se fait pas de parler d’argent, surtout avec un type qu’on connaît à peine mais dis-moi, Darius, ils te payent combien, General Irons ?

– Je ne reçois aucun salaire.

– Attends ! Tu te fais chier H24 au fond de ce trou à rat…bénévolement ?

– Mon programme n’inclut aucun désir d’enrichissement personnel. Quant à la notion d’ennui, je suis reconnaissant à mes créateurs de ne pas l’avoir intégrée à mon algorithme.

Stan ouvre une bouche grande comme un four à pain.

– Ton algor… Que je suis con ! J’aurais dû m’en apercevoir depuis longtemps ! T’es un fucking andro !!!

S’ensuit une tirade sarcastique, non dénuée d’une certaine amertume.

Un fucking andro de sa mère la pute ! Le programme, rien que le programme ! Tu me diras y a des jours je me demande si j’aimerais pas mieux être dans tes circuits imprimés. Un bon vieux programme source m’épargnerait toutes les merdes biologiques qui nous collent aux semelles à nous autres fils d’Adam ! Je vais te dire, mon Darius, une vie d’humain c’est pas topissime y a des jours ! Tu peux jamais être sûr de rien ni de personne dans cette vallée de larmes ! Si tu mets pas le couvert, c’est toi qui te fais bouffer ! Bon mais je perds mon temps et le tien à philosopher comme un loser. Plus vite tu m’auras fait visiter ta caverne d’Ali Baba, plus vite je pourrai m’organiser. C’est qu’elles vont pas toutes tenir dans mes fouilles, les copines de ces jolies pépites !

Content de sa vanne, Stan secoue son blouson obèse.

 À propos on rentre dans ton cagibi comme dans un moulin, mec ! Les caméras de surveillance sont pas toutes nazes pourtant ! Celle du couloir là, par exemple… Tu m’as forcément vu arriver…  Pourquoi tu t’es pas barricadé ?

La voix de Darius, calme et posée, contraste avec le débit chaotique de son interlocuteur.

– Avec votre fausse barbe et vos lunettes d’aveugle je vous avais pris pour un agent immobilier en repérage. J’en vois passer tous les jours en ce moment. Au prix du m2 martien, la configuration des locaux attire leur convoitise…

L’androïde hésite à se départir de sa réserve naturelle et révéler le fond de sa pensée sans y avoir été invité.

Nombre d’entre eux sont plus ou moins mandatés par les Jardins Suspendus. L’acquisition de la mine permettrait à ces derniers d’agrandir la surface de leur domaine cultivable dans des proportions conséquentes…

Stan gratte furieusement son postiche, au risque de le décoller.

– Putain mais comment on peut penser une seconde à faire pousser des poireaux dans une mine d’or ? Je te jure, ça me dépasse !

Selon les éléments dont je dispose, ce n’est pas de l’or que l’on extr…

Stan le coupe, l’air menaçant.

– Tu vas pas recommencer à m’énerver ! Allez vamos !

Darius obtempère. Nous obtempérons. Nous précédons le visiteur irascible à travers la brocante du hangar. Nous traversons ensuite le no man’s land et pénétrons sous la voûte bétonnée. Soudain, alors que Darius marque un temps d’arrêt et se retourne vers son tourmenteur pour lui conseiller de prendre garde à ne pas trébucher sur un morceau de ferraille rouillée, c’est mon tour d’être pris d’un rire convulsif.

– Qu’est-ce qui t’arrive, lapin ? Qu’est-ce qui te fait bidonner comme ça ?

– La barbe !!! La b…barbe de Stan…

– Ça pour être nulle elle est nulle ! La preuve, on l’a reconnu tout de suite, ce naze …

– Nan on l’a pas reconnu, justement ! Ha ha ! Enfin moi, je l’ai pas reconnu !

– Vas-y, accouche !

– Ma première rencontre avec le prétendu « Stan » date pas de l’église de la Foi Universelle, ‘Théa.

– De quand alors ?

– Du jour où Poutine me l’a présenté. Sous son nom véritable. « Nivek Kuduort ».

 

demain chap 30 : « Retrouvailles »