« MARS 2221, roman » (chapitre 26 : « Mine de rien »)

Ferdinand serait d’accord avec moi, au sortir de « Veiller sur elle », « Tout le bleu du ciel », « Les Yeux de Mona » et le toutim, c’est pas facile de continuer à respecter son libraire indépendant (rires) ». Heureusement y a Nextflip !

 

  1. Mine de rien

À l’hosto ils veulent me rapatrier aux Jardins en ambulance mais avec Anthéa on négocie l’anonymat d’un taxibot. Il y en a toujours deux ou trois qui patrouillent autour du CHU. Vautrés l’un contre l’autre sur la banquette on regarde défiler les préfabs métalliques. Un étage, deux, trois maxi, fenêtres PVC modèle unique. Ça et là, à la demande de quelque rupin désireux d’être reconnu comme tel, un architecte audacieux a tenté un balcon. J’ai même cru apercevoir un pot de géraniums en plastique. Il est pas loin de midi, les puits de lumière s’en donnent à cœur joie. Je sens le regard d’Anthéa sur mon pif boutonneux.

– Vous êtes quand même un drôle de coco, Maître !

– Nan ! Pas toi, Anthéa !

–  Pourquoi pas ? Tu captes à nouveau le cri du blé dans ton cristal de jarosite oui ou non ?

– Affirmatif. Hyper faiblard mais c’est bien le « son complexe représenté par une courbe périodique, non sinusoïdale et de forme compliquée », selon la définition de madame Dupouy.

– La prof coquine qui montrait sa culotte à toute la classe ? Écoute, à moins que tu sois pressé de retourner te perfectionner en agriculture hydroponique, aujourd’hui j’ai envie de faire les Jardins Suspendus buissonniers… Chauffeur ! Direction l’ancienne mine de fer !

Y a pas de chauffeur dans un taxibot mais le changement de destination a été reçu cinq sur cinq. Docile et silencieuse, la capsule antigrav s’engage dans une artère adjacente. Mêmes alignements de cubes sauf que de plus en plus vieillots, de plus en plus rouillés. À un moment on se retrouve au bord d’une immense cuvette poussiéreuse. Un nouveau « trou des Halles »  de quelques centaines de mètres de diamètre qui plonge par paliers vers une construction en partie délabrée. Une sorte de gare à l’abandon qui darde ses rails dans les flancs rocheux.

– Il y a moyen de descendre ? » Anthéa questionne.

En réponse le taxibot s’engage sur le semblant de piste circulaire. On se retrouve rapidement au pied de l’espèce de bâtisse. Elle a l’air moins pourave que vue d’en haut. Anthéa se tourne vers moi.

– Tu m’as pas parlé d’un gardien ?

– Si. Darius. Endymion en parlait en bien. Puisqu’on est là, on pourrait descendre lui faire part du décès de l’adjudant-chef. Pas plus joyeux que ça comme entrée en matière mais…

Joignant le geste à la parole, j’actionne le loquet d’ouverture de ma portière. Sans résultat.

Le montant de la course est de 9,7 kreds. Quel mode de règlement, je vous prie ?

La confiance règne dans les taxis martiens ! Je me demande combien de gros étourdis ayant omis de se munir de cash ou d’une carte de crédit valide ont été retrouvés momifiés à l’arrière d’une de ces brouettes en titane. Anthéa glisse un biffeton de 10 dans la tirette qui l’avale gloutonnement et recrache 3 boutons de braguette. Ils resteront dans la sébile. On a sa dignité.

 

la suite demain

« MARS 2221, roman » (chap 25 : « Ganesh, le retour » )

Lecteur(e)s des années 2220 je vous kiffe. Ca change tout d’écrire pour vous. Les autres, il est temps de vous trouver une série pour le weekend.

 

  1. Ganesh, le retour

Les privilégiés qui auront réussi à télécharger Hippocampe Twist se souviennent certainement d’une partie de poker d’anthologie chez Wilma. Un jackpot d’enfer entre St-Mégland, Brice et mézigue.

Aux autres je dois quelques éclaircissements. En ma prime adolescence, alors que dans la solitude de ma chambre je m’initiais aux subtilités proto électroniques d’un orgue de supermarché, il advint que sur la teutê me tomba une étagère pleine de bordel. Le tout finissant sa course sur le clavier de l’instrument. Produisant en cela un accord plaqué déchirant qui était parvenu aux oreilles de ma mère. Qui lorsque je l’avais rejointe en bas dans la cuisine avait pas manqué de s’enquérir de l’origine d’un tel « barrissement ». C’était le terme dont elle avait usé. Curieusement, une centaine d’années ayant passé (et au terme d’un suivi thérapeutique discutable sur lequel on reviendra pas), le professeur Marcel s’était cru justifié à voir en ma personne un des innombrables avatars de Ganesh, la divinité hindoue à tête d’éléphant. D’où, affirmait l’éminent neuropsychiatre, mes singulières poussées proboscidiennes (j’en avais profité pour enrichir mon vocabulaire) ainsi que l’acouphène non moins singulier que j’avais à endurer chaque fois qu’était fait mention en ma présence d’un événement lié à un enrichissement quelconque, avéré ou potentiel. Normal, expliquait Marcel, puisque Ganesh possède – entre autres pouvoirs – ceux de dispensateur attitré de l’abondance matérielle et de grand protecteur des comptes en banques à neuf zéros.

– …Lointain, étouffé mais parfaitement reconnaissable, je l’ai entendu ce putain de « barissement », Anthéa ! Là, dans le cristal ! Le même qu’au bahut, lorsque confronté à Michel Édouard à qui j’essayais sans y croire de soutirer une ristourne sur un paquet de gâteaux secs. Ou à Jipé-l’escroc-au-tiercé en train de me taxer une Rothman’s rouge sous l’abri à poubelles de la cantine…

– Tu me rassures…

– Comment ça je te rassure ?

– Ton espèce de gros bouton de fièvre, là…

Anthéa se tapote le bout du nez. Elle se fend la poire.

– …Je t’imaginais déjà avoir chopé un staphylocoque doré ou je ne sais quelle maladie nosocomiale éruptive en vogue au CHU de La Ferrière. Ah tiens, pendant que j’y pense, à l’accueil ils m’ont dit que Kembaçkuk avait signé ton bon de sortie.

– Sans déc’ ? Je croyais qu’il voulait d’abord me faire passer une dernière batterie de tests…

Anthéa secoue ses boucles peroxydées.

– Sa contre-performance avec le fémur d’Endymion doit être en cause. Il préfère se faire oublier pendant une semaine ou deux, quitte à lever le pied sur ses turlutaines d’implants aphrodisiaques.

Je regarde là-haut, au-delà du plafond.

– Merci Endymion ! Éclate-toi bien au paradis des baroudeurs !

 

…demain chapitre 26 : « Mine de rien »…

« MARS 2221, roman » (chap 24 : « Jour férié »)

À partir d’aujourd’hui, le narrateur s’appelle « lapin ». Sans majuscule.

  1. Jour férié

– Salut lapin, t’es tout seul ?

À la tronche que je tire Anthéa pige direct.

– Ils sont venus le chercher à l’aube. Comme un condamné.

– À l’aube ?

– Avant le petit-déj’ quoi… La médecine est intraitable là-dessus. Lui qui appréciait tellement sa biscotte beurrée. « Mon seul plaisir ! » qu’il disait en faisant trempette dans son bol de cacao. Ça craint, Anthéa. Je l’avais pris en affection ce vieux débris.

–  Moi aussi je l’aimais bien… Ça me fait quelque chose… Le jour de la St Thomas-Pesquet en plus !

– Ah c’est ça que t’es pas aux Jardins ?

– Jour férié. Regarde, je nous avais pris une ISS à la frangipane à la boulange en bas. Elle me faisait trop envie…

La galette en pâte feuilletée qu’Anthéa vient de sortir de son emballage, toute plate, en forme de « H », est censée évoquer l’ « International Space Station», un tas de ferraille qui, dans les temps anciens, flottait en orbite basse autour de Terra. Sa fonction principale était d’éviter la nuée de satellites en perdition qui lui arrivaient dessus de tous les côtés.

– Quand je pense que je l’ai connu de son vivant, ton St Thomas-Pesquet ! Sa dégaine «bonhomme Michelin » a tourné en boucle pendant des semaines sur toutes les télés. Le premier français à commander la station spatiale internationale ! Cocorico ! J’étais pas loin d’avoir l’âge d’Endymion. C’était la fameuse période où une confrérie de seringueux voulaient à tout prix shooter le monde contre un virus chinois soi-disant mortel pour les vieux et les immuno déprimés. Les labos se faisaient des couilles en or avec ça. Je me souviens, à la radio ils avaient inventé un nouveau mot : « vaccinodrome ». Soit disant que c’était une marque de civisme de se faire injecter cette saloperie. Au point que de prétendus journalistes voulaient envoyer les keufs trouer de force le cul des récalcitrants…

– Hé, tu vas pas me faire une remontée ?

– Nan rassure-toi, on dirait que, de ce côté-là, ma chute dans l’escalier a eu au moins un effet positif !

– Comme dans Hippocampe Twist ! Un trauma à la calebasse et hop, fini les hallus intempestives ! Si tous les petaucasques fonctionnaient comme toi, la neuropsychiatrie gagnerait à s’équiper en marteaux ou en battes de base-ball.

– À propos de calebasse, hier j’ai pas trouvé le temps de t’en parler mais Kembaçkuk m’a localisé un brain chip dans le fornix.

– Sérieux ? Où c’est le fornix ?

– Pas loin de l’hippocampe justement. Il croit que je me le suis fait poser histoire de bander plus dur, t’imagines ! Paraît que c’est la mode en ce moment.

– M’étonne pas. Tiens, c’est joli ça… D’où ça sort ?

Anthéa a repéré le cristal de jarosite sur ma table de nuit.

– Le cadeau d’adieu d’Endymion.

Anthéa se saisit de la fine lamelle dont les reflets rougeoyants contrastent avec la pâleur de ses doigts.

– Tombé de la poche d’un extraterrestre.

Anthéa écarquille les yeux. Je lui résume du mieux que je peux le polar rocambolesque de feu l’adjudant-chef. Le site archéologique, la soucoupe volante, les chifoumeurs de l’espace, sans omettre les conclusions de l’arrière-petite-nièce astrophysicienne après analyse du cristal. Je note qu’au mot « rayonnement », Anthéa s’empresse de reposer la lamelle où elle l’a prise.

– Ha ha ! Un karma à la Marie Curie te tente pas plus que ça, on dirait ? Je te vanne mais j’ai eu le même réflexe. Sans raison, d’après Endymion. Il pense – pardon : il pensait, j’ai du mal à m’y faire – qu’il s’agit ni plus ni moins d’un aimant un peu costaud.

Anthéa est perplexe. Je lui dis ou je lui dis pas ?

– Quand t’étais petite, ‘Théa, tu t’amusais pas à écouter la mer dans les coquillages ?

– Bah si ! Comme tous les gosses, pourquoi ?

– Vas-y, essaie avec ce truc…

Moyennement rassurée, Anthéa se saisit à nouveau du cristal. Elle le glisse sous ses bouclettes soyeuses, tout contre son oreille délicatement ourlée, se concentre quelques instants… Avant d’afficher une moue négative.

– Nan, j’entends que dalle.

– T’es sûre ? Ferme les yeux… Imagine que tu te balades dans la savane africaine…

– Depuis quand y a la mer dans la savane africaine ? Nan je t’assure, lapin, j’entends rien.

– Eh ben moi tout à l’heure j’ai porté le bidule à mon oreille, comme ça, machinalement, et…

 

…demain chap 25 : « Ganesh, le retour »

« MARS 2221, roman » (chap 23 : « Baroudeur un jour… »)

« Je suis pas jaloux je vous prie de le croire ! … Ah ! ce que je m’en fous ! Tant mieux pour les autres de livres ! … Mais moi n’est-ce pas je peux pas les lire… Je les trouve en projets, pas écrits, mort-nés, ni faits ni à faire, la vie qui manque… c’est pas grand-chose… ou bien alors ils ont vécu tout à la phrase, tout hideux noirs, tout lourds à l’encre, morts phrasiques, morts rhétoreux. Ah ! que c’est triste ! Chacun son goût. »

L. F. Céline, préface de « Guignol’s band »

 

 

23. Baroudeur un jour…

  – Là, sans réfléchir, laisse-moi te répondre que j’en ai rien à péter.

Je fais le bourru parce que mes yeux se ferment tout seul et que ma cheville recommence à me taquiner mais en vrai, depuis tout petit, l’étymologie c’est mon kif. En plus là, pas besoin de convoquer Mimile Littré. Trop tard, Endymion me prive d’une bonne occasion de briller.

– La Ferrière tire son nom du gisement de minerai de fer qui a attiré les premiers colons dans le coin. Avant que General Irons – la plus grosse compagnie minière martienne – rapplique à son tour. Pour plier les gaules quelques années plus tard. Au motif que leurs gars tombaient malades les uns après les autres, sans qu’on sache exactement pourquoi…

– De qui tu tiens tout ça ?

– De l’agent immobilier qui me loue mon taudis  pour une somme rédhibitoire. Un petit merdeux prétentiard. Il était même pas né à l’époque. Ça l’empêche pas d’être sûr que les problèmes de santé des mineurs c’était un paravent. Selon lui, la mine a fermé parce qu’elle ne rapportait pas suffisamment. « Si la couleur du sol martien est gage d’une oxydation rampante de sulfures ferriques, elle ne garantit pas toujours la qualité du minerai exploitable », dixit le petit con. Qui s’était pas éternisé sur  la question, le jour où j’avais échoué dans son bouclard. Ce qui l’intéressait et on le comprend, c’était les garanties de solvabilité que je pouvais lui fournir au cas où il aurait quelque chose à me proposer. Quand je pense que ça va faire deux ans qu’il m’escroque, le morveux !

Endymion s’interrompt pour se gratter le derrière. Les escarres.

– Ça fait deux ans que tu crèches à La Ferrière ?

– Quasiment. Là-bas sur Terra, sous la menace d’aller au tribunal, mon maquereau d’assureur avait fini par se fendre d’un dédommagement presqu’honnête. Considéré les aléas politico-climatiques, pas question de réinvestir dans un appart. En plus, va savoir pourquoi, la lamelle de jarosite ne quittait plus ma poche. Baroudeur un jour, baroudeur toujours ! J’avais fait mes comptes. Le montant d’un aller simple pour Olympus Mons me laissait de quoi financer un studio kitchenette dans le patelin du secteur français dont les données géographiques correspondaient à celles pointées par le cristal.

C’était donc ça ! Au lieu de profiter d’une retraite pas dégueu – dans l’armée ils savent faire – en bon disciple d’Indiana Jones, l’adjudant-chef Calmann-Lévy avait une fois de plus cédé à son goût pour l’aventure.

– Deux ans ! Deux ans que j’essaye d’établir un lien entre les chifoumeurs de Beinan et ce bled perdu.

– T’es descendu voir à la mine ?

– J’arrête pas ! Même que chaque fois il m’arrive une tuile.

Au ras-le-bol qui se manifeste dans le ton du vieil aventurier, se mêle une bonne dose d’incompréhension.

– Exemple ?

– Exemple à ma première visite j’avais à peine lâché un biffeton de 50 kreds au gardien pour qu’il m’ouvre la grille que je me mets à éternuer. Une fois, deux fois, trois… Plus moyen de m’arrêter ! Un moment, comprenant que j’étouffais pour de bon il a laissé tomber ses « à vos souhaits » et rameuté le SAMUM. Ils avaient jamais vu ça, les mecs des Urgences Martiennes. Ils m’ont bourré de tranquillisants et gardé plusieurs jours en observation. Un mois plus tard je retourne à la mine. Le gardien me reconnaît, me fait entrer dans sa cambuse mais, à peine il m’a proposé un café, voilà que je suis pris de flatulences ! Une vraie mitrailleuse ! Caisse sur caisse je lâchais ! Comment ça cognait dans la loge ! Je savais plus où me mettre ! Rentré chez moi, j’ai continué à péter non-stop pendant trois semaines. Ça sentait jusque sur le palier ! Les voisins râlaient. Pareil, le toubib a jamais compris ce qui m’était arrivé. Et encore moins pourquoi ça s’est arrêté d’un seul coup.

Endymion hausse les épaules.

– Ensuite y a eu le syndrome Gilles de La Tourette. Je sais plus si c’était avant ou après l’amygdalite caséeuse… Ça aussi ça renifle un max, l’amygdalite caséeuse ! Mais ce qui m’a le plus fait flipper, ça a été l’attaque de nystagmus fulgurant. Je me souviens, ce jour-là, avec Darius – c’est le nom du gardien de la mine – on avait réussi à atteindre l’entrée des galeries… Je commençais à y croire et bam, je me suis mis à voir trouble !… Je te jure, j’ai cru que je devenais aveugle… C’est comme une malédiction… D…Deux ans… Ça c…commence à bien f…

Ce coup-ci, pas de doute. La lassitude induite par le passage en revue des galères ayant ponctué ses visites à la mine désaffectée semble avoir pris le dessus. Les ronflements de l’ex adjudant-chef Endymion Calmann-Lévy, d’abord à peine audibles, atteignent bientôt leur amplitude de croisière.

 

Demain : chap 24 : « Jour férié »…

« MARS 2221, roman » (chap 22 : Le récit d’Endymion (3), suite et fin)

Et si finalement les mythos d’Endymion Calmann-Lévy tenaient la route ?

 

Endymion se fige dans un arrêt sur image digne des plus grands dramaturges.

– « Quelqu’un qui est allé sur Mars » !!!

Avant de redémarrer sur les chapeaux de roues.

– Si elle avait pu voir la dégaine du « quelqu’un », la pauvre chérie ! « On peut rien te cacher, coquinette ! », je lui avais répondu, soulagé de m’en tirer à si bon compte. À part que le lendemain, voilà qu’elle décide d’embarquer le cristal à son boulot pour le soumettre à toute une batterie de tests sophistiqués. Quand elle est rentrée le soir, pour elle l’origine martienne de l’échantillon de jarosite ne faisait plus l’ombre d’un doute ! Entre temps, je m’étais soi-disant  souvenu que, oui, le Taïwanais à qui j’avais gagné le machin au poker (j’avais failli dire au chifoumi !) avait pas mal roulé sa bosse, sur Mars entre autres. « Un chouette coin, le mont Olympus ! », qu’elle m’avait balancé, Polymnie, « …Avec mon salaire du CNES ce n’est pas demain  que je pourrai m’offrir une virée pareille ! ».« Qu’est-ce qui te fait dire que ce machin provient du mont Olympus précisément ?  C’est grand, Mars ! », je lui avais rétorqué. C’est là qu’elle s’était lancée dans un délire de « quarks violeurs de symétrie » duquel il ressortait que mon cristal de jarosite était soumis à une « force d’interaction faible ». Un rayonnement infinitésimal dont elle avait réussi à détecter la source, au kilomètre près. Un bled paumé du côté du mont Olympus !

Pardon ???

– Un rayonnement ??? Pas de ça dans mon pieu !!!

Je tâtonne sous le drap, récupère la lamelle et la dépose en urgence sur la table de chevet. Ça fait rigoler Endymion.

– Depuis quand t’as peur d’un aimant, fils ? Parce que je vais te dire. La « saveur » des quarks de Polymnie, ses « leptons », « muons », ses « taus », ses « neutrinos électroniques », pour moi c’était de la branlette de scientifique. Traduit en endymien courant, on avait affaire à un bon vieil aimant, point barre !

Gloussement virant instantanément à la toux catarrheuse.

– Coff… Coff… Un aimant dont le pôle magnétique – Polymnie était formelle – correspondait à … coff… une latitude de… coff… coff… 15° 56′ N et une… coff… longitude de 223° 00′ E, dans les quadrangles d’Amazonis et de Tharsis.

Raclement de gosier avant expectoration. Endymion trouve plus son mouchoir. Le coin du drap tombe à point nommé.

– Jamais tu t’es demandé pourquoi La Ferrière s’appelle La Ferrière, petit ?

 

Demain chap 23 : « Baroudeur un jour… »…