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– fiction, pohaizie etc….

« MARS 2221, roman » (chap 48 : « Shake, rattle and roll »)

 

  1. Shake, rattle and roll

– Merci d’avoir éclairé nos lanternes, darling. Maintenant je propose de laisser Anthéa et Lapsonami assister en simples spectateurs à quelques shakes avant de risquer leurs chips à leur tour.

Elle a raison, maîtresse Lawü. L’apprentissage par l’exemple. Cela dit, abstraction faite des sous-divisions numérotées de 1 à 6 à l’intérieur des cases, j’ai l’impression de me retrouver au casino de Digne-les-Bains devant un banal tapis de roulette. Me revient au passage l’émerveillement juvénile du professeur Marcel lorsque la bille indécise finissait par s’arrêter sur le numéro que je lui avais recommandé.

– Maître ! Comment saviez vous que… ?

Une différence cependant et de taille ! Quand les jeux sont faits, en place du cylindre traditionnel le croupier du Shaker déclenche la mise en rotation du plafond. Entraînant les objets célestes qui l’habitent dans une ronde effrénée.

On l’aura compris, les silhouettes étoilées qui s’entremêlent à l’envi rappellent les symboles des « Merveilles » et des « Prodigieux ».

– C’est bien fichu quand même ! », apprécie Anthéa alors que pour la troisième fois le croupier actionne le manchon et que pour la troisième fois, là-haut, sous nos yeux ébahis (et au péril de nos cervicales) un furieux tourbillon virtuel agite naines blanches, géantes rouges, quasars, planètes, satellites, comètes, astéroïdes qui se dépassent, se croisent, se frôlent, s’attirent, se repoussent, s’entrechoquent.

Maîtresse Lawü acquiesce avec ferveur.

– Däky et moi avons longuement hésité entre la richesse de sensations toujours renouvelée des cocktails du Corona Borealis et les montées d’adrénaline insensées que provoque le Red Joystick Shaker. Finalement nous nous sommes dit que la puissance addictive du Shaker risquait de grever notre budget cocktails !

Parlant de budget, je constate que, pour l’instant, autour de la table ça joue petit. Le monsieur à cheveux rares et gras là-bas en face (à côté de la dame d’un certain âge qui se cure le nez sans arrêt et essuie discrètement ses doigts bagouzés sous la table) se spécialise sur les sous-cases numérotées « 1 ». En d’autres termes il mise « gagnant ». Une chance sur 24, un peu moins qu’au « PMU » (à propos qui parmi vous, jeunes gens, connaît la signification de ce sigle prénucléaire ?). Stratégie discutable qui jusqu’ici lui a pas rapporté grand-chose, même en jouant plusieurs bourrins à la fois, pardon : plusieurs Prodigieux. C’est pas le Pérou non plus pour les prudentissimes qui misent sur une rangée entière, horizontale ou verticale. Une chance statistique sur six ou sur quatre donc, multipliée par le nombre de jetons misés. Je précise qu’en fin de shake les systèmes stellaires lauréats chutent un à un au fond d’un trou noir dans lequel ils continuent de se tirer la bourre jusqu’au bout du suspense. Avant de reparaître sagement alignés au centre du plafond-planétarium. De gauche à droite le vainqueur, son dauphin, puis le troisième, etc …jusqu’au sixième et dernier.

Dernière précision, conséquence des multiples collisions qui font le sel du shake, chaque système stellaire (Prodigieux) se fond dans l’amas galactique (Merveille) qui l’absorbe. À l’arrivée on peut donc avoir plusieurs fois le même Prodigieux mais assigné à une Merveille différente. En l’occurrence le shake qui se termine à l’instant affiche le classement suivant :

1 =  Dö / Pahor

2 =  Nü-Nü / Kitta

3 =  Nü-Nü / Tangtak

4 =  Khoo / Pahor

5 =  Tenken / Elug-iwe

6 =  Khoo / Elug-iwe

Le monsieur à cheveux gras jubile. Son obstination a fini par payer. Le jeton placé sur le 1 de la case Dö / Pahor lui en rapporte 23 que le croupier imperturbable pousse vers lui à l’aide de son râteau à manche télescopique. Un peu plus loin, l’inspiré qui avait joué à cheval sur le 1 et le 2  ramasse onze fois sa mise. Maîtresse Lawü qui avait déposé un chip pourtant raisonnable sur la rangée Tangtak s’en voit dépossédée. Däky est plus heureux. Deux jetons sur la rangée horizontale gagnante Dö lui en rapportent huit.

Nous dirons que le shake tient à la fois, comme je l’ai dit, de la roulette de casino mais également du loto national de ma première vie – pensée émue pour les ex Miss Calvados et autres célébrités sur le retour qui venaient cachetonner devant les caméras de TF1 les soirs de tirage – et surtout du « quinté + », extension subtile du TIERCÉ légendaire. Que j’aurais touché dans le désordre à quinze ans si, ce funeste dimanche, une hypothétique rage de dents avait pas empêché le père de Jipé de descendre au café-tabac faire enregistrer notre ticson (Hippocampe Twist, UxCryptoFile0016/ « La chance du débutant »).

Maintenant au shake comme à n’importe quel jeu, comprendre les règles est une chose, gagner une toute autre.

 

…demain chap 49 : « L’enfer du jeu »…

« MARS 2221, roman » (chap 47 : « Merveilles et Prodigieux »)

  1. Merveilles et Prodigieux

Pardonnez une fois encore mes références moisies mais la rotondité de la salle de shake autant que son ciel nocturne concave piqué d’étoiles scintillantes me renvoient direct au planétarium du Palais de la Découverte des années folles. À droite en entrant, une bulle antigrav du haut de laquelle, affairé derrière son guichet, Eliot Ness / Robert Stack du feuilleton télé « Les Incorruptibles » (encore un crush de maman) deale ses jetons avec parcimonie. Däk m’a expliqué que sur présentation de mon badge d’accréditation je m’en verrais gracieusement dispenser quelques-uns. C’est inclus dans le prix du séjour. Je gagne la bulle d’Eliot et lui tends mon sésame de jarosite. L’ayant dûment scanné, l’incorruptible me lâche mon comptant de chips et je rejoins les autres. Maîtresse Lawü et Anthéa sont déjà assises à papoter comme de vieilles copines de régiment. Däk me demande si tout est ok. J’agite ma poignée de jetons.

– Paré à flamber. Je voulais vous demander, Däk, vous pouvez nous éclairer sur ce qui se passe là-haut ?

Parce que dans tout ça j’ai pas mentionné l’improbable vivarium aérien qui fait le tour de la salle, juste sous le plafond cosmique. Une fresque vivante à la Santa Eulalia Ibiza du temps de sa splendeur night-clubienne. À part que les créatures phosphorescentes qui se meuvent derrière les vitres ont rien de pole danseuses nues élevées aux amphètes trempées dans la coke.

– Ce sont les six Prodigieux ! Leurs noms sont gravés dans le marbre du plateau. Vous pouvez voir ici les six rangées horizontales…

Däk pointe du doigt une sorte de tableau incrusté couvrant l’entièreté de la longue table autour de laquelle maîtresse Lawü, Anthéa et les autres gamers se serrent frileusement, impatients de se faire dépouiller de leurs économies.

– La rangée supérieure est celle de « Maa »… Ce gros gourmand de Maa !

Däk relève la tête et me montre le tricératops, là-haut dans sa vitrine, occupé à brouter l’herbe grasse de sa prairie HD.

– La deuxième appartient à « Dö »… Dö, c’est lui !

Däk désigne cette fois un hamster à écailles multicolores roulé en boule dans la paille de son box. Il plaît énormément à Anthéa.

– Trop moumoune avec ses moustaches en spirale !

– Au troisième rang nous avons « Nü-Nü ».

Nü-Nü me rappelle le phasme que le prof principal – je devais être en cinquième et j’avais d’autres soucis en tête, d’ordre sexuel principalement – nous avait apporté un jour. Pour nous distraire soi-disant. Au bout de trois semaines le tas de brindille de sa mère avait toujours pas bougé d’un millimètre. Le prof nous affirmait que c’était normal pour un phasme. D’accord mais un mois plus tard, en manipulant le bocal afin de lui changer sa feuille de salade en voie de putréfaction, il avait bousculé le truc qui s’était retrouvé sur le dos, les pattes en l’air, plus immobile que jamais. Le prof avait dû admettre qu’il était mort. Dead, kaput. Dans la classe, les rires avaient commencé à fuser. Vexé le prof nous avait filé une interro écrite sur les chéleutoptères.

– Sous Nü-Nü, c’est Limeh. La légende veut que la totalité des composés bipèdes évoluant dans les Mille Galaxies (dont les Terreux si chers à Lawü !) descendent de Limeh l’Ancien.

Là-haut dans la galerie un grand primate rose à oreilles de cocker s’accroche d’une main à la branche d’un bananier dont il vient de cueillir un fruit avec la deuxième. De sa troisième paluche il pêle maintenant la banane, portant pensivement à ses narines dilatées la quatrième et dernière, celle dont jusqu’alors il s’était servi pour se gratter le trou-de-balle. C’est vrai qu’il a quelque chose d’humain.

Je sais pas vous mais ce Limeh, tout comme son pote Maa me parlent. Quand Däk a fini de nous briefer sur les deux dernières rangées – « Tenken », la baleine chauve-souris et enfin « Khoo », une pieuvre au long bec emmanché d’un long cou qui de son perchoir vitré nous adresse bras d’honneur sur bras d’honneur – j’ai plus aucun doute.

Däk retourne à la grille de la table de jeu.

– …Croisant les rangées horizontales, les quatre colonnes verticales sont celles des quatre Merveilles, reconnaissables par leurs symboles : l’œil d’Elug-iwe, Páhor et son gouvernail, le nœud gordien de Tangtak et l’immanquable lemniscate de Kitta, figurant le couloir obscur du Void…

Plus que troublé, j’ai du mal à me concentrer sur les explications de ce brave Däk.

 

 …demain chap 48 « Shake, rattle and roll »…

« MARS 2221, roman » (chap 46 : « Allo c’est Johnny », suite et fin)

résumé : elle a pas la langue dans sa poche, maîtresse Lawü…

– Chez une espèce douée de raison, Däk chéri, l’aberration dont vous parlez n’aurait jamais trouvé d’écho ! Je déclare que, malgré les innombrables tentatives du Conseil des Pierrots pour les amener à évoluer – quelle patience ! – les Terreux ne sont et ne seront jamais à même d’intégrer le concept de « contingence créatrice ». Il suffit pour s’en convaincre d’entendre un de leurs prétendus savants clamer haut et fort que « Dieu  ne joue pas aux dés » ! Grand Pierrot ! Pareille ineptie témoigne chez son auteur de la tragique incompréhension du monde qui l’a inconsidérément engendré ! Qu’en pensez-vous, Anthéa ? Et vous Lapsonami ?

Je constate que j’ai abandonné toute velléité de revenir sur le malentendu touchant à mon état civil. « Lapsonami », « Franck Richard », « Franck-Yvon Richard », «Heffi Grecker», au bout du compte, comme on s’interrogeait déjà au pays des responsables du génocide amérindien, du « San Juan Bautista », d’Hiroshima et du chewing-gum à chlorophylle : « who gives a fuck ? ». Oserais-je vous confier, ami(e) du 23ème siècle, qu’au temps de ma première jeunesse, sur un 45t sorti chez Phonogram – parenthèse presque glamour dans mon karma de clodo – je me suis même appelé « Cyril Fontaine » ! Si si ! Mon producteur me faisait profiter de sa Cadillac et m’invitait dans des restos chics. On était devenu une paire d’amis. En sortant de nos séances de nuit (croyant ainsi promouvoir l’art lyrique il me droppait sans arrêt pour cause de diction imparfaite, ruinant le semblant de feeling que j’essayais de mettre dans ma voix de chiottes) je l’accompagnais à l’hosto de garde pour son shoot de pénicilline sous le manteau. Il avait toujours une blenno sur le gaz, Gérard ! Marié et père de famille il aimait autant que ce détail de l’histoire restât entre lui et moi et les putes dont il usait et abusait. Ayant longtemps été en charge du devenir artistique de Johnny « C’est bien ! Continue à garder la passerelle  » Hallyday, il me lâchait des anecdotes croustillantes sur l’Idole des Jeunes. Une grande dépressive devant l’Éternel Yaboudhinchrillah, l’Idole des Jeunes ! Une nuit de crise aigüe qu’elle téléphonait pour se faire remonter le momo, c’était la bergère de Gérard qui avait décroché.

– Allo, c’est Johnny…

– Oui eh bien Johnny ou pas Johnny, il est trois heures du matin et on aimerait pouvoir dormir tranquillement !

Dans ses petites santiags il était le lendemain son Gégé quand l’Idole des Jeunes, des valoches de 50 kilos dégoulinant de ses Ray Bans, avait fait son entrée dans son burlingue.

– Lapsonami ?

– P…Pardon ? O… Oui, absolument !

Anthéa comprend que je viens de frôler la remontée hippocampique. Elle me couvre.

– Nous sommes entièrement d’accord avec vous, maîtresse Lawü. À l’évidence, les Terreux ne sont pas près d’accéder à l’« humanité » à laquelle ils se targuent d’appartenir.

– Bien dit, ma chérie ! Des humains ces gens-là ? Ils n’arrivent même pas à la cheville de composés souvent beaucoup plus avancés qu’eux dans l’Évolution mais qu’ils tiennent sous leur férule, les appelant « animaux » ! Quelle insondable fatuité ! Des humains ? Ils ne pensent qu’à s’escroquer les uns les autres ! Entre deux guerres fratricides et trois pandémies tout droit sorties de leurs laboratoires nauséabonds ! Depuis qu’ils en ont pris le contrôle, Terra est devenu un boulet que les Mille Galaxies auront à traîner « aux siècles des siècles », selon la formule absconse de leurs gourous du dimanche matin !

– Luwä, ma mie ! Anthéa et Lapsonami sont en vacances ! Si nous nous désintéressions un instant du sort des Terreux pour nous réjouir de l’imminence d’une shake session que je pressens plus divertissante que jamais ?

Maîtresse Lawü admet en riant s’être quelque peu laissée emporter. Nous finissons de siroter nos Specials quand une des portes à double battant qui font le tour de l’atrium s’ouvre en douceur. Un paisible mouvement de foule arrache alors la trentaine de gamers en attente à leurs chippendales virtuels et les aspire vers le shakodrome.

 

…demain chap 47 : « Merveilles et Prodigieux »

« MARS 2221, roman » (chap 46 : « Allo c’est Johnny »)

  1. Allo c’est Johnny

Anthéa est pas longue à maîtriser les subtilités de la navigation psycho tactile. En trois coups les gros elle réussit à appeler la cabine du Peregrin SF4 et à la piloter sans à-coups  jusqu’à l’orbe du « Red Joystick Shaker ». Le Peregrin nous largue sur une vaste esplanade de granit rose avec, en son centre, la fontaine Art Nouveau de rigueur. Les anciens Romains parleraient d’atrium. Un très très haut plafond soutenu par quatre colonnes élancées nous asperge de sa lumière iridescente. De droite et de gauche autour de la fontaine, des plateaux antigrav livrent leurs commandes aux tables sans pieds de consommateurs assis sur des chaises invisibles. Ça gravitonne à fond dans le quartier.

– Anthéa !!! Lapsonami ! Par ici ! Regarde, Däk ! Les jeunes gens que Mustalpha nous a présentés hier !

Maîtresse Lawü est resplendissante dans un boubou coquille d’œuf en fibre d’algue qui laisse parler sa poitrine généreuse. Son mari – maintenant on sait qu’il s’appelle Däk – nous remet pronto dans un large sourire tandis qu’elle tapote le vide à notre intention de part et d’autre de sa personne.

– Asseyez-vous, asseyez-vous ! Que désirez-vous boire ? Avez-vous testé le Joystick Special ? Incontournable avant une shake session !

Anthéa, vous vous en doutez, a tout de suite repéré les minuscules pédales fichées dans le sol. De la pointe du pied elle en presse une et les contours d’un repose-fesses tout confort se dessinent dans l’air. Avant de s’effacer par magie à la seconde où elle leur confie son popotin joli. Tentant de faire passer mon hésitation pour un geste de galanterie, j’attends que ma chérie ait pris ses aises avant d’actionner à mon tour la pédale à gauche de maîtresse Lawü. Tout se passe bien et je me pose en remerciant la dame de son accueil. Elle me renouvelle son sourire de bienvenue.

– …Car vous êtes venus jouer, n’est-ce pas ? Vous avez choisi la meilleure séance ! Avant qu’il y ait foule autour du plateau et que le croupier en profite pour bâcler ses shakes …Et multiplier les profits de la maison ! Däk, nos amis meurent de soif !

D’un index impeccablement manucuré le gentleman aux tempes grisonnantes s’affaire un instant sur le clavier de la table tandis que son épouse questionne aimablement Anthéa.

– Dites-moi tout. Vos premières impressions sur Skomäth-Hellian ?

Enthousiasme non feint de l’interviewée.

– 20/20 avec mention ! Une interprétation sans faille des lois de la physique des particules…

– N’est-ce pas ? La Spirale W1745 est renommée pour la qualité de ses ludomaines. Et Skomäth-Hellian en est un fleuron. J’espère du fond du cœur que nous saurons tenir à distance les barbares de Terra-la-Honte! Le bruit court qu’ils ont commencé à coloniser la planète.

– Lawü ! Vous êtes trop sévère avec ces malheureux ! L’aberration mystico économique qui depuis quelques millénaires ravage leur monde est pour beaucoup dans leur comportement hasardeux…

L’arrivée de nos Joystick Specials – de petites lampes d’Aladin finement ciselées dont la transparence révèle un liquide couleur lavande nappé de neige carbonique – interrompt la plaidoirie de Däk. Mais profitant de ce que ses lèvres se sont refermées autour de la paille spiralée, maîtresse Lawü revient à la charge.

 

…la suite demain…

« MARS 2221, roman » (chap 45 : « Fallue normande », suite et fin)

Ce matin, avant notre relecture quotidienne et gratuite, prenons le temps de renouveler aux « producteurs de foie gras » (‘tain mais c’est pas un métier ça, les filles !) toutes nos injures ordurières les plus sincères, à partager avec leurs ienclis. Comment on peut être aussi dépravé (et inconséquent)? S’autocongratuler de la libération de Paul Watson et direct foncer bouffer le foie cirrhosé d’un malheureux volatile forcé jour après jour d’ingurgiter des tonnes de céréales, transgéniques de préférence. Joyeusement coachés par franceinfofff (prononciation maison, « dans le souffle » c’est + hype) et ses pubs immondes à la gloire des psychos du sud-ouest et le « respect ancestral » (opus citatum) qu’ils vouent à leurs souffre-douleur à plumes… 

Allez on essaie d’oublier ces chiens malades, c’est l’heure de « MARS 2221, roman ».

résumé : l’embarras du choix…

– J’espère que Monsieur a passé une bonne nuit. Pour le petit-déjeuner de Madame et Monsieur, je me permets de suggérer à Monsieur une soupe ganjü et ses bamkas à la magellane. Très énergisant !

– Je vous crois sur parole mais ce matin, Madame et Monsieur se satisferont d’un pot de caoua et d’une brioche ou deux pour éponger.

– Ka…Wa ? Monsieur me voit terriblement confus…

– C’est moi. Mon parler emprunte trop souvent au registre populaire. Quand il est pas truffé de grossièretés. Pire, si vous aviez lu Hippocampe Twist, vous sauriez que je dis jamais « ne pas ».  Formulé autrement, auriez-vous l’extrême obligeance de nous préparer une cafetière de votre meilleur arabica ?

– Mais certainement Monsieur. Que Monsieur m’excuse. J’entre immédiatement « kawa » dans ma base de données. Pour les brioches, Parisiennes ou de Nanterre ? À moins que Madame et Monsieur aient une préférence pour les biterroises ? Les tressées de Metz ? Je peux aussi leur proposer des cougnous. Des bescoins peut-être ? Des pognes ? Une gâche ? De la fougasse d’Aigues Mortes ? De la fallue normande ?

De la fallue normande !

– Vous auriez de la fallue normande ??? Nappée de confiture de rhubarbe, c’est dar dar dar ! Mettez m’en donc deux ou trois tranches, s’il vous plaît !

Quelque part dans les entrailles de la taverna un percolateur, un mixer et un four entrent en action. Dans la minute un tiroir s’ouvre sur un double petit déj’ princier.

– Madame et Monsieur désirent être servis dans leur chambre ?

– Carrément !

Par l’opération du St Esprit et du graviton réunis, le plateau chargé de victuailles roboratives speede illico presto vers la cambuse tout en marbre de Céphée. Quand je le rattrape, Anthéa est déjà occupée à remplir les tasses. Une demi-heure plus tard, ayant picoré les dernières miettes de fallue, elle aborde la question épineuse de notre situation matérielle.

– Dis-voir, lapin. Hier, pendant que tu tchatchais avec Ovaï-Lân-Try j’ai repéré une boutique de fringues plutôt coolos à l’entrée de la galerie. Ce qui m’amène à te poser la question. Quand as-tu prévu de nous gagner des sous ?

– Dès que tu t’en sors avec le Peregrin SF4. Finalement je suis pas sûr d’en avoir bien intégré le mode d’emploi.

Va savoir ce que le robot cuistot a mis dans son arabica (ou sa fallue normande ?) ! De purs antéchinus ! Il est pas loin de seize heures quand on émerge de notre grasse après-midi récupératrice. Un détour par l’alcôve ciel de pluie et andiamo ! Le moment est venu de savoir si je suis vraiment en mesure de faire quelque chose pour la garde-robe d’Anthéa.

 

…demain chap 46 : « Allo c’est Johnny »…