Vous allez rire mais avant de publier « Mars 2221, roman » dûment préfacé et amélioré, je peux pas résister à me le refaire une dernière fois. Un bouquin formidable peut toujours être encore plus formidable ! Bon mais rassurez-vous, les Clubistes surtout (z’ont d’autres soucis en tête, les malheureux : la droite, la gauche, le milieu, la vérité, la justice, les gentils, les méchants, sans jamais se laisser aller à des attaques abdominêmes ou anticémistres genre « Israël, cancer du Moyen-Orient », « Elon Musk, psychopathe homophobe » ou « gros viandard puant de Larcher » etc…) je vais pas vous mouiller dans l’histoire. Because du temps j’en ai pas à revendre. Si je vous disais que, parallèlement, je bosse sur un autre truc avec des mots. Un essai à ma sauce. Version française ET anglaise. Mais chuuut ! Allez bon Nextflip les loulous ! Et bon rosbif purée du dimanche ! Bien saignant, comme on aime les bœufs !
Archives de catégorie : Ecce Homo
« MARS 2221, roman » (chap 56 : « Explication rationnelle », suite)
Le contexte :
– à force de serrer les fesses, le dernier éditeur phronçais vient de rouler sous sa chaise à porteurs, faisant trébucher ses poulains maousses costauds.
– le dernier client de la dernière « librairie indépendante » vient de mourir de rire.
Décongelés en catastrophe, les frères Goncourt décident d’en finir une bonne fois avec la littérature pathético chiatique dans laquelle les derniers rescapés du « Nextflip swindle » se noient un à un.
résumé : Ah d’accord !
– * Votre présence inattendue aux abords de l’Aïeul avait rendu incontournable une opération « soucoupe et petits hommes verts »… C’est un nom de code pour…*
– Je sais, votre belle-mère m’a briefé sur vos redoutables techniques de camouflage. Donc ce soir-là c’était pas un revenant en armure pris d’un accès de nostalgie pour son ex nid d’amour ? Vous me rassurez !
On a quitté les filles un peu plus tôt que d’habitude, elles prennent leur service de bonne heure demain matin. Il doit être dans les minuit, une heure du mat’. On arpente la petite allée goudronnée qui serpente entre les arbres. Il y a un mahousse genévrier près de la grille, derrière lequel on planque la 204 (en voulant décalaminer le piston de son Soldo, St-Mégland a égaré une vis forcément introuvable en terre calédonienne. Maintenant sa bécane broute comme pas possible alors on prend ma chiotte pour bouger). On approche des ruines du château médiéval qui donne son nom à l’hôtel. La lune est énorme.
– Qu’est-ce que c’est ce bruit ?
– Quel bruit ?
– T’entends pas ? Derrière nous… Comme un bruit de ferraille…
– Ça y est je l’entends… Ça se rapproche… On dirait des pas plutôt…
– Le gardien tu crois ? Depuis quand on ferre des bottes en caoutchouc ?
L’allée décrit une courbe serrée. Si ce sont bien des pas, on devrait pas tarder à voir le marcheur nocturne déboucher de derrière le bouquet d’arbres… Nada ! Les pas prennent le virage mais le marcheur reste invisible ! …Et continue d’avancer sur nous !
– C’est pas possible !!! Qu’est-ce que c’est que cette embrouille ??? Allez viens on se casse !!!
Avec St-Mégland on croit pas spécialement aux fantômes mais bon, la pleine lune, les ruines, le marcheur invisible, le tout copieusement arrosé… Tellement arrosé qu’on peut pas s’empêcher de se marrer en détalant. C’est nerveux comme on dit.
J’émerge en continuant à rigoler comme un bossu.
– Excusez-moi, Gd’Ye-Asi ! Je suppose que le french kiss de cette nuit avec le pilier en marbre de Céphée m’a relancé l’hippocampe…
Gd’Ye-Asi comprend pas de quoi je parle mais c’est pas grave. Elle demande pas mieux que rigoler elle aussi.
– Arrivés à la grille en moins de temps qu’il en faut pour le dire on avait enfourché ma mobylette qui avait fini par démarrer et taillé la route. Dans un vacarme d’enfer vu que j’avais semé mon pot d’échappement dans la banlieue de Glasgow…
…la suite demain…
« MARS 2221, roman » (chap53 : « Putain de norme »)
Pendant que le plus immonde tueur d’enfants de tous les temps et sa petite entreprise mystico financiaro colonialiste s’acharnent sur les ruines du dernier hôpital de Gaza.
- Putain de norme
Un long silence avait plané sur la suite Red Joy Recline. Un silence plus parlant que pas mal de dissertations philosophiques tournant autour du triptyque « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous » ? « Nous » en tant que fourre-tout générique applicable à toute créature vaguement humanoïde recensée à la surface de la planète anciennement bleue. J’avais secoué la tête.
– L’Homme descend du singe et Alexandre Dumas.
Anthéa avait froncé les sourcils.
– Une connerie de Serge.
– Le saxophoniste qui puait des pieds ?
J’appréciais qu’Anthéa ait lu Hippocampe Twist. Et en ait tiré la substantifique moelle.
– Soi-même. Tu vois ‘Théa, je me dis que t’as du bol. Au moins toi maintenant tu sais qui tu es et d’où tu viens.
– Je sais surtout qu’il existe un coin dans l’univers où les oiseaux dans mon non-genre ne sont pas considérés comme des erreurs de la nature ! Imagine ! Sur Terra en des temps pas si lointains on procédait dès ta naissance à l’ablation de tout ce qui pouvait questionner ton appartenance à un sexe ou à un autre. Sans parler des « hormonothérapies » traumatisantes à vie, qui débouchaient plus souvent qu’à leur tour sur un geste désespéré. Ta seule chance d’y échapper étant qu’un amateur de curiosités trouve son comptant de plaisir lascif dans ton anomalie physiologique.
Un peu que j’imaginais. Dans un ordre d’idées à peine différent je revivais l’instant où j’avais appris que, dans le but déontologiquement louable de me ramener à la « raison » , Marcel-le-Goncourt-Dans-Ses-Rêves m’avait électro choqué avec insistance. Et ce pourri de Legrand qui l’excusait. « Allons, calmez-vous, mon cher ! En 2049 l’électro convulsivothérapie, appelée aussi « sismothérapie » ou « électroplexie » ou encore « électronarcose » était pratiquée sous anesthésie générale et curarisation pour prévenir les convulsions motrices. » Les toubibs et leurs multi syllabiques pseudo éclairés ! Grand Pierrot ! Un bon vieil enseignement « gratuit et obligatoire », sans électrodes ni courant alternatif, donnait des résultats tellement plus complets et durables que leurs méthodes de débutants ! Un zeste de bondieuserie par là-dessus, une antenne parabolique, France Culture, Facebook et Tik Tok se partageant la finition.
– La norme. Toujours cette putain de norme.
– Tu l’as dit, soufi !
– Bouffi.
– Écoute, voilà ce que je te propose. Étape 1, je pars sur Hränn en reconnaissance. Si comme Ko’Jin me l’a assuré, les descendants de Yal Z’öhig m’accueillent à bras ouverts, étape 2, je trouve un plan pour te faire venir. Là encore, Ko’Jin est optimiste. Entre l’influence que le clan Z’öhig n’a jamais cessé d’exercer sur son monde d’origine depuis les exploits de leur illustre ancêtre et les miracles que peut accomplir un compte en banque désormais aussi solide que le nôtre…
– Mais… Physiquement… Comment je vais pouvoir donner le change ?
– Après t’es pas obligé de te balader à poil dans la rue, hein ?
…la suite demain…
« MARS 2221, roman » (chap 52 : « Généalogie »)
Aujourd’hui je sais que j’ai bien fait de relire « MARS 2221, roman » avec vous. Il restait quelques bricoles à bricoler impérativement. Ce chapitre en témoigne. Amusez-vous à le comparer à l’original ! Pendant ce temps-là, vous vous tordrez pas les chevilles à faire les kakous sur des flaques de neige artificielle.
- Généalogie
J’avais écouté.
– À notre arrivée à l’Aquadrome, quand Mustalpha nous a présentés à Ko’jin – à l’amiral si tu préfères – l’actualisation environnementale personnalisée a fait son boulot. Ko’jin étant originaire de Hränn, à ses yeux nous étions hrännéens. À un détail près. Toi, tu lui apparaissais sous les traits d’un Hrännéen lambda…
Anthéa avait laissé flotter deux secondes avant de poursuivre, soupesant chaque syllabe.
– …Ma pomme c’était une autre paire de hanches.
– De manches.
– « Sans m’interrompre » on a dit. D’un point de vue strictement scientifique le clonage est l’ « obtention d’un être vivant génétiquement identique à celui qui lui a transmis son génome », ok ? Je n’ai jamais cru devoir t’en parler mais mon « original » est une gamine des bas-fonds de Rio. Morte d’une overdose le jour de ses neuf ans. Mariana Conçalves, elle s’appelait.
C’était moi ou la voix d’Anthéa s’était faite plus aigüe ? Comme brouillée par des fréquences inhabituelles. Vite contrôlées.
– Inconsolable, son sugar daddy, un gros bonnet de la « Falange Preta » – la mafia locale – avait commencé par la faire cryogéniser. Et puis un jour, ayant eu vent des exploits du chirurgien Poutine, il le contacte et lui promet une ou deux valises de grosses coupures contre le clone de Mariana. Dommage pour lui – guerre des gangs oblige – le mec ne survit pas jusqu’à la livraison. Poutine, déjà bien avancé dans le protocole de transfert, décide malgré tout de mener l’opération à son terme. Il est persuadé que tôt ou tard l’occasion lui sera donnée de rentrer dans ses frais. Tu connais la suite.
– C’est Poutine qui t’a raconté tout ça ?
– Disons que j’ai un peu hackouillé les disques durs de la maternité.
– Bon mais quel rapport avec l’amiral ?
– J’y arrive. D’après Ko’Jin je ressemble comme deux gouttes de Label 5 à un certain Yal Z’öhig, l’équivalent hrännéen de, je sais pas moi, Napoléon, Kennedy ou Mao Zedong sur Terra. Disons que sa tronche tapisse les manuels d’histoire hrännéens.
– Et alors ? L’AEP surfe sur les références mémorielles du client. Pour l’amiral tu es Yal machin chose de la même façon que l’AEP m’a servi Mustalpha en bâtard du capitaine Troy et de l’Homme du Picardie. Au fait je t’ai pas demandé comment tu le voyais, toi, le gérant de l’Aquadrome…
– Une autre fois. Laisse-moi d’abord en finir avec ma généalogie. Et accroche-toi, on remonte le temps ! On est sur Terra avant 1955. Ça a son importance parce qu’à ce moment-là les pèlerins d’outre espace ne sont pas encore tenus de se déguiser en nains verts. Le jeune Yal Z’öhig appartient à une famille hrännéenne de la haute, soucieuse d’honorer la mémoire des Aïeux…
– Ah je comprends mieux ton côté « cul béni » ! …À plus d’un titre !
– Merci, le tien fait pas honte à Yaboudhinchrillah non plus. À sa majorité, disais-je, et selon la coutume, Yal se doit d’effectuer sa grande tournée intergalactique des mégalithes sacrés. Malgré la mauvaise réputation des autochtones, il est vivement encouragé à inclure Terra dans son pélerinage. D’après Ko’jin, Terra regorge de sites sans équivalents dans les Mille Galaxies. Entre autres, l’île de Pâques et ses Moaïs. L’île de Pâques où la charmante Enoha coule des jours tranquilles parmi les siens…
Brève pause digestive à mon intention et c’est reparti.
– Apprends, mon cher lapin, que, pour une raison quelconque, à la différence des « touristes » aperçus par Endymion, les Hrännéens jouissent d’exceptionnelles conditions d’accès au Void. Yal voyage seul, avec juste un ou deux serviteurs pour le standing. Ce qui facilite la brève idylle qui, à l’ombre des statues géantes, se noue entre Enoha et lui. Brève mais, selon ses biographes, fructueuse.
Sourire complice à la mémoire des amoureux.
– Quand, à son corps défendant, Yal Z’öhig ne peut plus différer son retour sur Hränn où l’attend un destin grandiose, la belle Enoha est…
– La belle Enoha est enceinte !!! Le boug est l’arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père de Mariana Conçalves !
– Et son arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère. Les Hrännéens sont hermaphrodites.
…demain chap 52 : « Putain de norme »…
« MARS 2221, roman » (chap 51 : « Mais alors plus du tout », suite et fin)
Voilà-t-y pas qu’en plus d’être le chef-d’œuvre que l’on sait, « MARS 2221, roman » sème un doute prémonitoire sur la sexualité débridée du chef pagnon d’Emmaüs !
résumé : lapin sent le coup venir…
– Fais pas cette tête … Je te promets, t’es le plus chic lapin que je connaisse et c’est pas près de changer… Si je t’avais pas rencontré, à l’heure qu’il est je serais en train d’assouvir les fantasmes merdiques d’un cow-boy obèse…
Elle avait tenté l’humour.
– …Sans toi je saurais même pas ce qu’est une kitare…
– Vas-y steup, arrête de tourner autour du pot. T’as rencontré quelqu’un ?
La question réflexe, inepte, dérisoire… Anthéa avait secoué ses bouclettes, respiré un grand coup et bafouillé quelque chose comme :
– Oui et non… De toutes façons… Écoute, lapin. Ici, sur le ludomaine, toi et moi bénéficions d’un traitement de faveur. Mais dis-toi bien que sur Hränn comme partout ailleurs dans les Mille Galaxies, clonés ou pas, les Terreux de souche sont persona non grata.
– Parce que toi t’es pas une « Terreuse de souche » peut-être ? Sur où tu dis ?
– Hränn. La planète de Ko’jin.
Trop d’info tue l’info. Je m’étais assis sur le pieu. Gratté la tête des deux mains. Furieusement.
– La planète de quoi ?
– De qui. Ko’jin, c’est le vrai nom de l’amiral.
– ‘Théa ! Tu me brasses comme quoi je t’ai sauvée des paumes moites d’un milliardaire yankee sur le retour et la seconde d’après tu m’annonces que tu me quittes… pour ce vieux dégueulasse ???
– Pourquoi « dégueulasse » ?
– T’as rien remarqué peut-être ? Moi si. Chaque fois qu’il te voit il te déshabille des yeux que c’en est gênant pour tout le monde !
Ah oui vous savez pas mais quelques jours après nos exploits au Shaker on était retourné à l’Aquadrome se refaire un baby ou deux comme convenu avec Mustalpha. L’amiral nous avait encore mis la misère avec ses bandes-avant. Au point qu’Anthéa lui avait demandé s’il voulait bien lui donner des cours. Mon statut de pygmalion babystique en avait pris un coup mais c’était surtout l’idée qu’elle allait passer du temps seule avec ce keum qui me filait de l’urticaire.
Éclat de rire franc et massif d’Anthéa.
– Tu n’y es pas du tout, lapin… D’accord j’ai un petit côté gérontophile, la preuve j’ai cédé à ton charme multiséculaire, mais avec Ko’jin c’est complètement autre chose. Si tu veux bien te calmer et m’écouter sans m’interrompre, tu vas comprendre pourquoi il me regarde avec autant d’insistance.
…demain chap 52 : « Généalogie »…