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Les aventures de Moïse / 14. Moïse plaide coupable

 

« Jusque-là je n’avais fait qu’exprimer tant bien que mal la soupe de jugements de valeurs que la socio-culture avait laborieusement mise en place dans mon système nerveux. »
Henri Laborit,  Éloge de la fuite (1976)

 

J’exprime une fois encore le souhait que ce survol supersonique de la préhistoire post moderne puisse aider ceux qui le désirent à mieux saisir le lien étroit, pour ne pas dire la symbiose, existant entre la culture abrahamique et « la soupe de jugements de valeurs » dans laquelle nous trempons notre quotidien rassis. Une soupe dans laquelle, savamment mixé avec le principe de domination emprunté par la SARL Abraham & Fils au règne animal, voire végétal, l’ingrédient « culpabilité » se voit attribuer une importance prépondérante, sinon essentielle.
Les Juifs et les Musulmans rejettent la doctrine chrétienne du péché originel. Les rabbis y voient une déformation de la mythologie hébraïque alors que les oulémas ne peuvent tout simplement pas admettre qu’Adam, premier prophète de l’Islam ait pu désobéir à Allah. Cependant, le CA du consortium juchréman se retrouve à parler d’une seule voix pour déclarer que – étrangement puisque  d’essence divine – l’homme a été créé faible .

Coran, An-Nisaa,28
« Dieu veut alléger certaines de vos obligations, sachant bien que l’homme a été créé faible. »

…au point de marquer une certaine propension innée au mal :
Torah, Genèse 8.21
« …et l`Éternel dit en son cœur: Je ne maudirai plus la terre, à cause de l’homme, parce que les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse ;… »

Psaumes 51.7
« Voici, je suis né dans l`iniquité, Et ma mère m`a conçu dans le péché. »

Autrement dit, fondatrice ou accessoire, la tentation de faire des bêtises guette l’homo sapiens-sapiens au tournant et il est indispensable, pour son propre salut, de l’en convaincre.
Autrement dit, nous devons en permanence douter de nous-mêmes.  Nous devons nous persuader du fait que nos sentiments, nos choix, nos actions sont entachés d’une propension à l’errance qu’il nous faut combattre sans relâche, sous peine d’attirer sur nous les foudres d’un nouvel accès de colère divine. Une « apocalypse » bien sentie en comparaison de laquelle les sept plaies d’Égypte font figure de tirages d’oreille quasi affectueux.
Du berceau à la tombe, comme constaté au chapitre précédent, nous restons des êtres frappés d’immaturité chronique. Les femmes surtout. Des créatures pas tout à fait finies auxquelles il n’est que de raison d’interdire de décider seules ce qui est bon pour elles. Des enfants d’enfants d’enfants enfantés par les premiers enfants d’une famille monoparentale. Et Dieu sait que ce n’est pas une mince affaire d’élever ses gosses  seul !

Bible, Romains 13:5

« Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. »
Soumis à Dieu, pour sûr, mais Dieu ne rentre pas à la maison tous les soirs. Quant à Moïse, Jésus et Muhammad, nos subrogés tuteurs, ils ont dû momentanément s’absenter. Aussi, pour nous empêcher de céder aux sournoiseries de notre nature faiblarde, obligation morale nous est faite de nous soumettre

1. à la volonté de parents-enfants (qui nous ont, non pas donné, mais prêté une vie qui ne leur appartenait pas).

2. à la haute autorité d’instances paternelles de substitution ou « chefs », petits et grands, qui, sympathiquement, s’en viennent aider les parents-enfants à guider leurs délinquants en puissance de rejetons vers les sommets de l’ « excellence » sociale.

703 entrées bibliques, tous testaments confondus, pour « chef », dont :

Exode 18:25
« Moïse choisit des hommes capables parmi tout Israël, et il les établit chefs du peuple, chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix. »

Deutéronome 20:9
« Quand les officiers auront achevé de parler au peuple, ils placeront les chefs des troupes à la tête du peuple. »

Nombres 1:4
« Il y aura avec vous un homme par tribu, chef de la maison de ses pères. »

Matthieu 2:6
« Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple. »

Corinthiens 11:3
« Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. »

Ephésiens 5:23
« …car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l`Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. »

En matière de chefisme, le Coran n’est pas en reste  :

Al-i’Imran 3.39
« Et les anges l’interpellèrent pendant que, debout, il priait dans le sanctuaire : «Dieu t’annonce la naissance de Jean qui confirmera un Verbe émanant du Seigneur, qui sera un vrai chef, un homme chaste et un prophète parmi les justes

As-Sajda 32.24
« Nous avons élevé certains d’entre eux au rang de chefs spirituels, pour les diriger suivant Nos ordres, aussi longtemps qu’ils se sont montrés persévérants et fermement convaincus de Nos signes. »

…Une hiérarchie à respecter sous peine d’encourir quelques menus désagréments ( bon d’accord, dans ce qui suit c’est le « bad guy » qui cause) :

Ta-ha 20.71
«-Quoi !, dit Pharaon. Vous vous êtes ralliés à Moïse sans prendre mon accord? C’est sans doute lui votre chef qui vous a enseigné la magie. Je vais vous faire couper les mains et les pieds en ordre croisé et vous faire crucifier sur des troncs de palmier. Et vous saurez alors qui de nous dispose du châtiment le plus sévère et le plus durable !»

…Mais le Moïse des Musulmans n’est pas de ceux qui se laissent facilement impressionner :

Al-Baqara 2.54
« Souvenez-vous lorsque Moïse dit : «Ô mon peuple ! Vous vous êtes fait du tort à vous-mêmes en adoptant le culte du Veau d’or. Repentez-vous donc à votre Créateur ! Punissez de mort les coupables vous-mêmes ! Dieu appréciera sûrement ce geste de bonne volonté.» Et effectivement Dieu accepta votre repentir, car Il est Plein de mansuétude et de clémence. »

Pour qui en douterait encore, les deux versets ci-après prouvent bien que le Coran est avant tout un recueil de déclarations d’amour et de compassion de Dieu envers Ses Créatures :

An-Nur 24.2
« Administrez à la femme et à l’homme coupables de fornication cent coups de fouet chacun. Le respect de la loi de Dieu exige que vous n’ayez aucune pitié pour eux, si vous croyez en Dieu et au Jugement dernier. Ce châtiment devra être exécuté en présence d’un groupe de croyants. »
Al-A’raf 7.44
« Et les habitants du Paradis crieront aux habitants de l’Enfer : «Voilà que se réalise pour nous la promesse de notre Seigneur ! Et celle qu’Il vous a faite se réalise-t-elle?» – «C’est fait !», répondront-ils. Un crieur proclamera alors au milieu d’eux : «Que la malédiction de Dieu s’abatte sur les coupables »

En résumé, à l’inverse de ses politiciens « responsables mais pas coupables », le Juchréman de base doit se considérer comme coupable bien qu’irresponsable. C’est quand même facile à comprendre, non ?
En même temps, la SARL Abraham & Fils a toujours pris soin de ne pas inscrire le verbe «comprendre » à son cahier des charges. C’est le genre de verbe qui cohabite assez mal avec un autre, fondateur quant à lui de la pensée mosaïque :

                                  obéir

Pour info, amis coupables :

Torah/ Bible
Deutéronome 13:4
« Vous irez après l`Éternel, votre Dieu, et vous le craindrez; vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, vous le servirez, et vous vous attacherez à lui. »

Deutéronome 27:10
«Tu obéiras à la voix de l`Éternel, ton Dieu, et tu mettras en pratique ses commandements et ses lois que je prescris aujourd`hui. »

Coran
An-Nur 24.53
« Ils jurent par Dieu, de la façon la plus solennelle, que si tu leur ordonnes d’aller au combat, ils s’exécuteront sans tarder. Dis-leur : «Inutile de jurer , ce qui compte, c’est d’obéir ! Dieu est parfaitement au courant de ce que vous faites !»

Sad 38.74
« …seul Satan refusa par orgueil d’obéir, se rangeant ainsi du côté des rebelles. »

 

(à suivre : Moïse passe la main )

Les aventures de Moïse / 15. Moïse passe la main

 

« Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance. »
Henri Laborit

Je me vois ici contraint de tempérer l’autosatisfaction narquoise des valeureux « athées », « antithéistes » et autres « libres penseurs ». Il ne suffit pas d’être enfin parvenu à s’extirper des rets d’un folklore abrahamique appelé, selon toute probabilité, à avoir disparu plus ou moins complètement d’ici 600 ans (relire ici Moïse lave plus blanc), pour se croire, du même coup débarrassé des stigmates contre-évolutionnaires que deux millénaires et demi de culpabilisation infantilisante ont gravés en nous.

« Le capitalisme est la célébration d’un culte sans trêve et sans merci. Il n’y a pas de “jours ordinaires”, pas de jour qui ne soit jour de fête, dans le sens terrible du déploiement de la pompe sacrée, de l’extrême tension qui habite l’adorateur. » (1)
S’inspirant des travaux de Max Weber qui, quelques années plus tôt, avait mis au jour les origines religieuses du capitalisme (2), Benjamin va ici beaucoup plus loin que le sociologue. Presqu’aussi loin que G. Landauer qu’il ne semble pas avoir omis de lire non plus :
« Qui est-ce qui ne voit pas, qui ne voit pas encore aujourd’hui, que l’argent, que le Dieu n’est pas autre chose qu’un esprit issu des êtres humains, un esprit devenu une chose (Ding) vivante, un monstre (Unding), et qu’il est le sens (Sinn) devenu fou (Unsinn) de notre vie ? L’argent ne crée pas de richesse, il est la richesse ; il est la richesse en soi ; il n’y a pas d’autre riche que l’argent. »(3)
Je me risquerai à affirmer que ces esprits ô combien éclairés avaient eu tout loisir de parcourir le chef d’œuvre de Mary Shelley publié en 1818, «Frankenstein ou le Prométhée moderne », dans lequel la monstrueuse invention d’un savant imprudent finit par lui échapper au point de causer sa perte irrémédiable. Toutefois il leur aurait fallu vivre un bon siècle supplémentaire pour apprécier l’inventivité d’une petite merveille technologique qui, depuis les années soixante, n’a cessé de ravir nos chères têtes blondes. Les accros au « Malabar » sauront de quoi je veux parler.

« Appliquer le tattoo sur la peau ou sur le support. Chauffer 20 s avec la paume de la main. Décoller lentement le papier. »(4)

Pour ce qui est de « chauffer 20 s » il me revient en mémoire un vieux dicton dont la bienséance discutable ne nuit en rien à la justesse du raisonnement qui l’engendra : « Plus c’est long, plus c’est bon. ». Deux millénaires et demi me paraissent un temps de chauffe sur lequel peut s’appuyer le Croyant moyen, de la paume ou de toute autre partie charnue de son anatomie, en vue d’un « tattoo » réussi (j’ai connu le temps où l’on disait « décalcomanie »).

La phase finale du procédé décalcomanien, « Décoller lentement le papier », ne nécessite aucun effort particulier. En l’occurrence, il suffit, siècle après siècle, d’aller moins souvent à la messe, de faire baptiser moins systématiquement ses enfants, de les envoyer plus rarement au catéchisme, etc… Les croissances exponentielles de l’athéisme à travers le monde, et de sa version soft, l’agnosticisme (on n’est jamais assez prudent !) témoignent de la lente érosion des superstitions en général et du Juchrémanisme en particulier, malgré les efforts soutenus de la filiale cadette pour continuer le combat obscurantiste aux siècles des siècles.
En revanche, pendant le même laps de temps, les certitudes politico philosophiques aboutissant à admettre le bien fondé des techniques chrématistiques abrahamiques (prêt à intérêt, héritage, mourahaba, etc… ) afin d’asseoir sans coup férir la domination d’une frange de la population planétaire sur le reste, semblent avoir parfaitement imprégné notre système de pensée préhistorique post moderne.

Tant et si bien que,

décalcomanié à travers le « papier » des « Religions du Livre», le « tattoo » du dieu unique que l’on voit orner, en ce troisième millénaire commençant, les fronts et les reins de la multitude n’est pas celui de Yahweh ni celui de l’Éternel des Armées ni celui d’Allah mais bien de celui dont ils ne sont plus que les serviteurs, celui de Talbin en personne.

Sachant que ce curieux transfert de monothéisme Dieu->Argent n’aurait pas été possible sans la trouvaille décisive de Moïse. Savoir : faire de son divin mentor l’inventeur de « la Dette -qui-Tue »

Parce que passer sa vie à se coller des bourre-pifs, que c’est le dernier qui reste debout qui a gagné jusqu’à la distribution de bourre-pifs suivante, ça va bien un moment mais avouez qu’il était nettement plus efficace de mettre en place une embrouille sacrée permettant à la poignée de petits malins qui en maîtriseraient les arcanes de perpétuer leur « dominance » aux siècles des siècles.

« Ah Dieu ! Que la domination par le prêt à intérêt est jolie ! »
Le fait est que les chefs en chef – Gengis Khan, Charlemagne, Napoléon, Hitler, Staline et consorts – n’ont jamais posé leurs pognes graisseuses sur des empires aussi étendus que celui sur lequel règne aujourd’hui un cartel de banquiers prostatiques autant qu’anonymes. Savoir : la planète entière.

Et si, malgré tout, on se payait le luxe de se quitter sur une note quasi optimiste ?

Les sondages valent ce qu’ils valent, nous sommes bien d’accord. Cependant le tableau ci-après, emprunté à l’INSEE, mérite toute notre attention par la formulation même de la question posée.

Sentiment d’appartenir à une classe sociale et situation par rapport à l’emploi (5)

tableau "sentiment"

Le tableau reflète l’idée qu’un échantillon de l’espèce homo sapiens-sapiens en un lieu L et un temps T, en l’occurrence les Français de l’an 2011, se font d’eux-mêmes. Autrement dit, nous pouvons y trouver une réponse, sinon d’ordre ontologique (« qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous et qu’est-ce qu’on va manger ce soir ? » (6)), au moins « sociétale », au « connais-toi toi-même » de Socrate. Cette réponse est la suivante : si l’on considère que, au moins en termes de revenus, la distinction employés/ouvriers a de moins en moins raison d’être, les deux tiers des personnes interrogées se définissent comme des citoyens « moyens ». 
D’un mal pouvant naître un bien, il apparaît donc que l’acharnement des grands prêtres du culte de l’argent à faire des citoyens que nous sommes de simples pions interchangeables sur l’échiquier d’une économie au bord de l’implosion conduit peu à peu à la prise de conscience, par les pions en question, de leur égalité de fait.

…ET À L’ACCEPTER !

Pour preuve, notons que, craignant sans doute qu’un tel « ressenti », comme on dit à la télé, puisse conduire à désacraliser le principe de domination hérité du monothéisme juchréman, nos prophètes de l’enrichissement personnel insistent – « diviser pour mieux régner » – sur une forme plurielle qui a déjà fait ses preuves. Tout comme à LA liberté d’avant la seconde guerre mondiale ont succédé LES libertés des « 30 glorieuses », nous observons que, dans les milieux bien informés autant que dans les milieux mal informant, on prend grand soin, dorénavant, de dire LES classes moyennes et non pas LA classe moyenne.
Ce pitoyable subterfuge ainsi que quelques autres du même tonneau, avec en tête de gondole la stigmatisation des « migrants » et des chômeurs en tant que responsables du marasme planétaire, réussiront-ils encore longtemps à maintenir, à l’intérieur des frontières des nations comme celles des entreprises, « en interne » comme on dit chez les esthètes, un esprit de compétition hérité de nos vaillants prophètes :
Genèse 30:8
« Rachel dit: J`ai lutté divinement contre ma sœur, et j`ai vaincu. »

Genèse 32:28
« Il dit encore: ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur. »

Al-Balad 90.4
« …que Nous avons créé l’homme pour une vie de lutte ! »

…Ou bien « le chaînon manquant entre le singe et l’homme » (7) va-t-il, comme je nous invite à le penser, secouer ses oripeaux abrahamico mosaïques et s’affranchir une bonne « foi » pour toutes du culte morbide de l’Argent-Dieu ?

Dans cette hypothèse, le dieu Argent, enfin débarrassé de son statut de clé du bonheur individuel par accumulation, serait sagement rétrogradé à sa fonction première, savoir un agent facilitateur d’échange entre producteurs, non thésauriseurs ni héritiers, de richesses matérielles nécessaires à l’épanouissement moral et matériel d’une espèce appelée à quitter sa préhistoire et entrer enfin dans l’Âge Humain.

 

FIN

Franck-Yvon Richard, juillet 2014 (dernière mise à jour : été 2019)

 

(1) Walter Benjamin, «Le capitalisme comme religion», 1921 in Fragments philosophiques, politiques, critiques, littéraires, édités par R.Tiedemann et H.Schwepenhäuser, Traduit de l’allemand par Christophe Jouanlanne et Jean-François Poirier, Paris, PUF, 2000, pp. 111-113.
(2) Max Weber, « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ».
(3) Gustav Landauer, Aufruf zum Sozialismus, Berlin, Paul Cassirer, 1919, p. 144.
(4) Instructions aimablement fournies par : Service Consommateurs MALABAR – BP 1320, 41013 BLOIS CEDEX
(5) INSEE
(6) Woody Allen
(7) Pierre Dac

 

 

Les aventures de Moïse / 13. Moïse, ministre de l’éducation nationale (suite et fin)

« …excusez moi, bien à vous »

Michel Onfray à Franck-Yvon Richard, le 15 juillet 2014

Comment ne pas terminer ce rapide survol des principes éducatifs selon Moïse et ses followers sans prononcer les mot magiques dont le pouvoir absolu a causé tant de malheurs et fait couler tant de sang et de larmes ?
Avec ses 574 entrées pour le substantif « bien » et 394 pour celui de « mal », on peut considérer la Bible (Ancien et Nouveau Testaments confondus) comme un des « all time bestsellers » les plus préoccupés de « morale » (du latin moralitas, « façon, caractère, comportement approprié »).
Bizarrement toutefois, c’est suite au non-respect du divin interdit de goûter au fruit qui permettait de distinguer le bien du mal qu’Adam et Eve furent expulsés du jardin d’Eden avec, à la clé, la perspective moyennement alléchante de passer l’arme à gauche au terme d’une vie de dur labeur :

Genèse 2.17

« …mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras »

Un bien pouvant en cacher un autre, fort de ses 104 entrées bibliques, le mot « biens » ne se différencie de son illustre homonyme que par une désinence plurielle à ce jour inexpliquée.

Quant au sens à donner à ce terme, il n’est que de comparer l’un à l’autre les versets :

Genèse 13:6

« Et la contrée était insuffisante pour qu’ils demeurassent ensemble, car leurs biens étaient si considérables qu’ils ne pouvaient demeurer ensemble. »

et:

Genèse 36:7

« Car leurs richesses étaient trop considérables pour qu’ils demeurassent ensemble… »

…pour ne pas hésiter une seconde à additionner les 80 entrées de « richesses » à celles de « biens » et, ce faisant, obtenir un score encore plus significatif de l’importance accordée par Yahweh et ses zélateurs à la matérialité des choses.

Si les Juifs et les Chrétiens avec, pour ces derniers, une bonne dose d’hypocrisie supplémentaire, au moins jusqu’à l’avènement du calvinisme qui réhabilite ouvertement le principe du prêt à intérêt (mollement) combattu par l’Eglise, montrent très peu d’empressement à faire fi des »biens » de ce monde, les sympathiques injonctions du prophète de la seconde filiale d’Abraham & Fils ne laissent aucun doute non plus :

Coran [2:180] La vache (Al-Baqarah) :

« On vous a prescrit, quand la mort est proche de l’un de vous et s’il laisse des biens, de faire un testament en règle en faveur de ses père et mère et de ses plus proches. C’est un devoir pour les pieux. »

Partant, est-ce de nouveau exagérer que dire que, tout en faisant vœu de pauvreté à tous les étages, l’éducation abrahamique établit plus souvent qu’à son tour un rapport, sinon de cause à effet, au moins de connivence marquée, entre LE « bien», notion morale, fondement de l’éducation biblique en tant qu’opposé au « mal », et LES « biens » de papy-mamy à pas laisser au voisin, ce serait ballot.

Si oui, alors ce chapitre est exagérément intitulé « Moïse, ministre de l’Éducation Nationale» et c’est exagérer encore de prétendre que, depuis deux millénaires et demi, les malheureux homo sapiens-sapiens se voient transmettre par leurs rabbis, curés, oulémas et autres maîtres de chapelle, la certitude que s’enrichir et donc, appauvrir l’autre, c’est à la fois glorifier Dieu et recevoir la preuve tangible d’être dans Ses petits papiers.

Aux antipodes de ces encouragements au lucre et à la domination aux siècles des siècles, tels que nous les exagérons, Emmanuel Kant avec lequel je me propose de conclure sur une note plus optimiste et qui donnerait, si nos éducateurs daignaient en tenir compte, presque envie de retourner à l’école :

« Un principe de pédagogie que devraient surtout avoir devant les yeux les hommes qui font des plans d’éducation, c’est qu’on ne doit pas élever les enfants d’après l’état présent de l’espèce humaine, mais d’après un état meilleur, possible dans l’avenir, c’est-à-dire d’après l’idée de l’humanité et de son entière destination. »

(à suivre : Moïse plaide coupable )

 

Les aventures de Moïse / 12. Moïse, ministre de l’éducation nationale (deuxième partie)

 

« Une des particularités de l’histoire de Moïse explique pourquoi elle diffère de toutes les autres légendes du même genre. Tandis qu’en général les héros, au cours de leur existence, s’élèvent au-dessus de leur médiocre condition initiale, Moïse, lui, débute dans sa vie héroïque en daignant se mettre au niveau des enfants d’Israël. »(1)

Freud, dont je recommande vivement la lecture de son « Moïse et le monothéisme », met ici le doigt sur un trait marquant de l’abrahamisme de base : alors que jusque là il n’était qu’un réservoir à main d’œuvre bon marché apte à grossir les rangs des armées et empiler de gros cailloux pour la plus grande gloire de ses maîtres, voici que le peuple devient soudain un « enfant » qu’il convient d’éduquer.

Confrontée à la saga mosaïque, l’étymologie du mot « éduquer » est plus que parlante. Je vous la remémore à tout hasard :

Du latin educareformer », « instruire »), lui-même fréquentatif du verbe educerefaire sortir », « mettre dehors »), composé de ducereconduire », « mener ») avec le préfixe exen dehors »).

Dans un premier temps, le prophète hébreu « fait sortir » son peuple d’Egypte (educere) puis le « mène » aux portes de Canaan (ducere) avant de lui transmettre les principes divins de son Deutéronome, c’est-à-dire avant de l’« éduquer » au sens préhistorique post moderne du terme (educare). Et c’est bien là où ça craint du boudin. En effet, autant il semble naturel d’instruire un enfant, ne serait-ce que pour lui permettre d’acquérir les moyens de survivre physiquement dans un monde potentiellement dangereux, autant la «formation » des adultes, lorsqu’elle n’a strictement rien de « professionnelle », est sujette à caution. Elle s’appelle aussi « bourrage de crâne » ou pire : « lavage de cerveau ».

J’irai plus loin en affirmant que, en digne précurseur de nos « duces » (=meneurs, donc) morbides portés au pouvoir par des politichiens avides de sussucres, justifiés dans leurs débilités culpabilisantes par des flopées d’éconofumistes toujours flattés qu’on leur demande leur pauvre avis, à la télé si possible, le gars Moïse, en prétendant éduquer son peuple, ne fait au contraire que le maintenir dans un statut navrant de dépendance ombilicale, voire, le cas échéant, l’infantiliser au plus haut point.

Résultat, 2400 ans plus tard, grâce à des tirages d’oreilles et autres fessées sans cesse renouvelées, d’abord par les Chrétiens …

Évangile de Matthieu, 18.3 :

« Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »

…puis, pour faire bonne mesure, par les Musulmans qui – retour à l’envoyeur – se définissent comme les véritables « enfants d’Israël », à jamais soumis à la volonté divino paternelle…

Coran, [2:40] La vache (Al-Baqarah) :

« Ô enfants d’Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés. Si vous tenez vos engagements vis-à-vis de Moi, Je tiendrai les miens. Et c’est Moi que vous devez redouter

la culture abrahamique du refus collectif de parvenir au statut d’adulte a aujourd’hui atteint des sommets névrotiques qui feraient le régal de tonton Sigmund:

« Je demeure persuadé que les phénomènes religieux sont comparables aux symptômes névrotiques individuels, symptômes qui nous sont bien connus en tant que répétitions d’événements importants, depuis longtemps oubliés, survenus au cours de l’histoire primitive de la famille humaine… »(2)

Et la laïcité dans tout cela ?

– Maîtresse, ils sont où, papa et maman ?

– En train de gagner de l’argent.

– Pourquoi faire ?

– Entre autres pour te permettre d’aller à l’école laïque, gratuite et obligatoire.

– Pourquoi faire ?

– Pour obtenir de meilleures notes que tes camarades et ainsi gagner plus d’argent qu’eux quand tu auras du poil au menton et ailleurs, tête de veau ! Mais trêve de bavardage, ce matin, leçon de mathématiques, la matière la plus importante comme vous le savez. Sortez vos cahiers et écrivez : sur les 24 heures à eux imparties par la pendule du salon et sachant que 8 heures de travail + 1 heure de pause-déjeuner + 2 heures de transport + 3 heures de télé(1)= 14 heures et que les enfants ont besoin de 10 heures de sommeil quotidien, combien de temps reste-il aux parents pour voir leurs enfants et s’acquitter auprès d’eux de leur tâche de parents ?

– C’est quoi la tâche des parents, maîtresse ?

– De ne pas dire « c’est quoi » devant leurs enfants, sachant que, en tout état de cause et belle soirée à vous, ils se mettront à leur tour à parler comme des zombies  radiotélévisuels  et, accessoirement, comme dit Claude Halmos (3), de les « initier à la loi humaine qui permet de vivre en société » (rires).

– Maîtresse, y a Britney, elle dit que ses parents à elle ils sont au chô…ge et donc ils ont plus de temps pour…

– Britney !!! Tu me copieras cent fois : « Je ne dois pas dire de gros mots ». Quant à tes feignants de parents, ils devraient avoir honte d’obliger les autres parents à faire des heures supplémentaires pour financer leurs tristes allocations d’encouragement à vivre aux crochets de la société. A propos ce n’est pas la peine de venir rôder du côté de la cantine ce midi. Notre leader bien aimé – longue vie à lui et à Talbin, son âne vénéré – a pris la décision sage autant que courageuse de ne plus nourrir les enfants de chôm…

– Maîtresse !!!

– Oups! Vous voyez, les enfants ! La colère et l’indignation ont bien failli me faire prononcer à mon tour cette obscénité !

Bien sûr que j’exagère avec mes fictions antiscientifiques ! ha ha!
Bien sûr qu’il reste les weekends pour permettre aux parents de partager avec leurs rejetons les joies de la vie de famille tout en les « initiant à la loi humaine qui permet de vivre en société » (re rires).
Par exemple leur apprendre à remplir un chariot à Tcharfour, de le pousser de rayon en rayon sans faire exprès de heurter ceux des autres avant de poireauter aux caisses pendant une demi-plombe sans réclamer le paquet de bonbecs disposé en évidence sur la gondole de la dernière chance.
De retour à la maison les mamans peuvent même instruire leurs fillettes dans l’art de la lessive ou de l’aspirateur hebdomadaire. Les enfants des familles les moins encrisées auront quant à eux le bonheur indicible de se taper quelques centaines de bornes en voiture, retour le dimanche dans la nuit, afin de profiter au mieux de l’indispensable résidence secondaire qui prouve que papa n’est pas un loser mais un grand guerrier dont l’absence pendant la semaine ne fut point vaine.
Aux loupiots des classes un peu plus moyennes que les autres il restera la contemplation incrédule des «magnifiques » invités d’un Miche El Truqueur en voie de momification avancée. Avant de profiter de l’endormissement justifié des fauteurs de leurs jours pour s’éclater sur leurs consoles vidéo, entre deux peaufinages de leurs « profils facebook ».

Encore plus sûr qu’il n’y a point de honte à être chômeur et que jamais, au grand jamais un enseignant n’a menacé un élève imperméable aux finesses de la preuve par neuf de voir un jour son nom grossir les listes des « assistés » de Pôle Emploi ! Pure fiction antiscientifique !

C’est donc un bien grand mystère si, plus il avance en âge, c’est-à-dire plus profondément l’éducation préhistorique post moderne imprègne la « substance précieuse, innocente, dépouillée de toute inscription ou image » de son être et moins le petit Juchréman se soucie de choisir son métier futur, tant qu’il lui rapporte de quoi chier sur ses congénères.

Toutefois, au cas totalement improbable où le mystère n’aurait point sa part là-dedans, devrions-nous en conclure que le clivage éducation laïque / éducation religieuse qui continue d’alimenter les débats politico-mondains disparaît comme par enchantement dès qu’il s’agit de pognon ?

Et, insensés que nous sommes, conclure de cette conclusion que l’éducation « laïque»(4) est un leurre derrière lequel les principes fondamentaux de la culture abrahamique – domination/culpabilité – sont plus que jamais à l’œuvre ?

 

(1)Sigmund Freud (1939), Moïse et le monothéisme (trad. française, 1948), p12

(2) ibid, p43

(3) pédiatre radiotélévisuelle en vogue, experte en enfonçage de portes ouvertes.

(4) « L’adjectif « laïque », dans son acception moderne, est dérivé du vocabulaire théologique : l’Église catholique distingue en effet parmi les chrétiens les laïcs, qui constituent la grande majorité des fidèles, et les clercs (évêques, prêtres, diacres), ministres ordonnés. Le mot « laïc » est toujours couramment utilisé dans l’Eglise, notamment par le concile Vatican II. » (Wikipédia)

 

(à suivre: Moïse, ministre de l’EN (suite et fin) )

Les aventures de Moïse / 11. Moïse, ministre de l’éducation nationale (première partie)

 

« Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste. »
Epître de Paul aux Ephésiens, 6.1

En matière de télévision, j’ai appris à ne pas faire le difficile. A défaut d’un débat politique entre Bonnets Blancs et Blancs Bonnets sous l’égide de l’impressionnant lèche-cul dont j’oublie toujours le patronyme – Pyjamas? Puregodasse ? – ou, mieux, du dernier bêtisier de l’Amicale des Éconocomiques Anonymes, pourquoi pas un documentaire sur le «créationnisme » ?
Frappée du sceau du bon sens en ces jours d’incertitude ontologique, l’évidence selon laquelle le monde a été créé en un tournemain, voici à peine 4000 ans, sur un coup de tête divine, balaie vite fait bien fait l’hypothèse fumeuse d’une soi-disant « petite Lucy » qui, à en croire les conclusions alcoolisées d’une poignée de profanateurs de sépultures, soufflerait aujourd’hui ses 3,4 millions de bougies.
Dès lors, le principe de domination, ou « dominance » qui, chez H. Laborit, préside au fonctionnement de notre cerveau n’est d’aucune façon imputable à l’instinct de survie hérité d’aïeux cavernicoles en butte à la sauvagerie d’un monde où le vivant d’à côté – mammouth ou collègue bipède hirsute – représentait un danger immédiat, doublé d’un apport en protéines toujours bienvenu. Quant aux causes de notre fâcheuse propension à considérer les femmes comme des machines à « croître et à multiplier » il serait juchrémaniquement absurde de les rechercher dans la crainte  darwinienne de voir notre espèce disparaître.
Non non, qu’il soit bien clair que c’est la volonté de Dieu et elle seule qui fait de Ses créatures les gros cons polygames, violeurs et xénophobes jusqu’à l’anthropophagie (cf chap3  Moïse et la Conquête de l’Ouest )qu’une foi sans tache enjoint, sous peine de très gros ennuis dans ce monde et dans l’autre, de ne jamais, au grand jamais, cesser d’être.

Reste à faire passer le message aux siècles des siècles, de branche en branche sur l’abrahamique arbre généalogique. Comment ? Mais grâce à une éducation sans faille, bien sûr ! Une éducation qui, reconnaissons-le, n’a jusqu’ici cessé de faire des merveilles. « Devenus créatures nouvelles, en renaissant de l’eau et de l’Esprit Saint, appelés enfants de Dieu et l’étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine, mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu’ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en esprit et en vérité »(1)

Compris, les Abrahamistes vaticanocompatibles ? Bien élever vos lardons signifie accessoirement leur «assurer la maturité de la personne humaine » (ce qui ne veut strictement rien dire) mais «principalement» leur apprendre à « adorer Dieu le Père en esprit et en vérité », ce qui, là, ne laisse pas de place au doute.
Et dire que ce « gravissimum » ( sic) papal ne date que de 1965 ! Songeons avec attendrissement aux pioupious musulmans actuels dont l’éducation repose sur un abrahamisme de 600 ans plus récent que celui de l’homme à la papamobile …donc à un stade de développement comparable à celui du christianisme médiéval, si riche en anecdotes représentatives d’une foi jeune et vigoureuse. Ah ! Les Croisades, les massacres d’hérétiques, les supplices inventifs de la Très Sainte Inquisition, sans parler des sympathiques crêpages de chignons entre potes croyants, à la St Barthélémy par exemple. Même si les Mormons continuent à porter haut les couleurs d’une Bible pure et dure, les taquineries bon enfant entre extrémistes chiites et sunnites à base de kamikazes bardés d’explosifs et de mauvaises Musulmanes convivialement lapidées à mort redonnent quand même un coup de jeune à une entreprise de sabotage de l’évolution de l’espèce qui en avait bien besoin, non?

Une chose est certaine : le fait que la culture de la domination des uns sur les autres ait réussi à traverser les millénaires avec autant de succès, au point d’engendrer les archétypes que nous savons, est dû avant tout à la puissance de son vecteur de transmission intergénérationnel. En vérité je vous le dis : à la SARL Abraham & Fils, l’éducation des enfants n’a jamais fait dans la dentelle. Le pouvoir des parents sur leurs enfants, à l’image de celui de Dieu sur ses créatures est ABSOLU. À toi Moïse!

Deutéronome, chap 21
« 18. Si un homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié,

19. le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu’il habite.

21. Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne. »

En accord avec Henri Laborit , et uniquement sur ce point, hélas, Al-Ghazāli, penseur musulman (2) du 12ème siècle affirme que l’enfant est « une substance précieuse, innocente, dépouillée de toute inscription ou image….. Elle reçoit tout ce qu’on y grave, elle s’incline là où on l’incline »(3). Après Moïse, Al-Ghazālī en conclut qu’il faut se dépêcher de lui inoculer sa dose de délire mystique, coranique en l’occurrence, à coups de babouches dans le cul si nécessaire.
Laborit, pour sa part, se borne à constater, quelque peu sombrement que, profitant de leur « virginité psychosomatique » «lorsque les parents sont persuadés que le bonheur s’obtient par la soumission aux règles imposées par la structure socio-économique, il est compréhensible qu’ils imposent à leurs enfants l’acquisition coercitive des automatismes de pensée, de jugement et d’action conformes à cette structure. » (4)
Nous avons vu que la « structure socio-économique » sur laquelle repose le juchrémanisme a tout à voir avec les commandements divins imposés aux ancêtres de nos ancêtres par ce que nous appellerions aujourd’hui une « secte ». Une secte dorénavant tricéphale, usant et ayant usé, pour parvenir à ses fins, des mêmes ficelles grossières (violence, chantage au paradis etc…) que celles en vogue actuellement chez les « scientologues », «raëliens » et autres « templiers solaires », pour la plus grande joie de nos media préhistoriques post modernes en manque de scoops.

On notera au passage que, dans un environnement aussi coercitif, à supposer que des parents aient la bonne idée de ne pas imposer ouvertement le cursus sectaire en vigueur à leur enfant, l’école, puis l’entreprise, se chargeront, en temps et en heure, de lui en transmettre les principes de base. Le service militaire obligatoire, qui continue de l’être dans la plupart des états musulmans assurait encore l’intérim, il y a peu, dans nos contrées prétendument démocratiques.

(1) Déclaration Gravissimum educationis momentum promulguée le 28 octobre 1965
(2) et anti-aristotélicien convaincu, ce qui va sans dire…
(3) Ibn Khaldun (1332-1406) va dans le même sens : « apprendre pendant le jeune âge, c’est comme graver sur du marbre. En effet, rien ne s’enracine plus fortement dans l’esprit que ce qu’on a appris dans son enfance : tout le reste se construira là-dessus.» Livre des considérations sur l’histoire des Arabes, des Persans et des Berbères.
(4) Mon oncle d’Amérique

(à suivre: Moïse, ministre de l’EN (2ème partie))