En attendant le prochain sujet qui me motivera à pondre un article sur franckyvonrichard.com, je propose aux amateurs de littérature pas chiante en format numérique un entretien accordé par l’auteur de Greffe générale au Nouveau Polar . Ça se passe sur Twitter, #PolarNum .
Nouveau Polar – Salut Heffi. Merci d’avoir accepté mon invitation à tailler le bout de gras.
Heffi Grecker – Salut Nouveau Polar. Normal, depuis quatre mois que tu te démènes pour faire connaître – et reconnaître – « Greffe gé »…
NP – J’avoue. C’est à la fois un pur plaisir et un sacré boulot. Tu n’aurais pas pu nous pondre un truc plus ouvertement… angoissant ? « frissonnant » ? « Glaçant » comme ils disent ?
HG – Un srileur implacable qui pincerait la corde ô combien sensible de nos terreurs enfantines ? Un cauchemar de claustrophobie exacerbée à la limite de l’asphyxie mentale ? Une terrifiante course poursuite à travers les méandres labyrinthiques de nos noirceurs les plus obscures ?
NP – Genre. Parce que tu sais, deux retraités qu’on retrouve décapités, chacun la tête collée sur le cou de son conjoint, par les temps qui courent, le lecteur, il en a vu d’autres ! Je ne dirais pas que ça le rassure mais presque, ha ha. Bon, on arrête de déconner. Qu’est-ce qui t’a motivé à écrire « Greffe générale », Heffi boy?
HG – Un pari que je m’étais fait, gamin, de réussir un jour à me rendre un flic sympathique. Voire le commissariat au complet.
NP- Pari tenu, si tu me demandes. Il est coulos, ton Bongarçon. Note bien, tes méchants, c’est pareil… De gros losers à 1 €, comparés à ces fringants psychopathes assoiffés de sang qui hantent la forêt profonde et les faubourgs malodorants. Et qui se vendent comme des petits pains, il faut bien le dire.
HG – Je sais, je sais. Des ennemis publics n°25… n°20 à tout casser. À ma décharge, j’affirme que la méchanceté est une vue de l’esprit. La connerie, par contre, est bien réelle. C’est même la source inépuisable à laquelle nos malheurs s’en viennent, depuis toujours, étancher leur soif. Il fallait quelqu’un pour le dire et c’est tombé sur moi.
NP- Ha ha ! Tu éprouves une certaine difficulté à prendre les soucis des « bipèdes à poil ras »- dixit Bongarçon – au sérieux, hein Heffi ? Même les plus graves. Je me trompe ?
HG- Tant qu’on ne touche pas à l’intégrité du règne animal, j’admets que ma première réaction c’est souvent de rigoler. “L’humour est l’anthropophagie des végétariens.”, dixit Francis-Marie Martinez de Picabia.
NP- Un grand peintre, Picabia. Ce qui nous amène à la question du support de ton bouquin. Pourquoi avoir choisi le numérique ?
HG – Je venais de terminer « Greffe gé » et me résignais à m’en aller par les chemins, la morve au nez et la crotte au cul, remettre à quelque maître(sse) d’école mon humble rédaction.
NP – Puis à te faire des nœuds aux doigts à force de les croiser pendant les 6 mois suivants et plus…
HG – … Quand , ta-ta –ta-tin, le destin frappa à ma porte. En la personne d’un pote qui passait dans le quartier. Un pote qui te ressemblait comme deux gouttes de bière. Celle que tu étais venu te faire payer.
NP – …En dégustant le dernier chapitre de ton putain de polar dont je suivais l’écriture avec un intérêt non dissimulé.
HG – C’est gentil. Dans la poche de ton blouson, tu trimballais une petite plaquette munie d’un écran tactile qui, supposément, pouvait contenir les 20 tomes des Rougon-Macquart , plus deux ou trois mille autres babioles à déguster, même dans le noir.
NP – Affirmatif.
HG -… Alors, en décapsulant ta troisième canette – sous le prétexte ambivalent pour mon frigo que nous devions fêter la naissance d’un « polar qui méritait une place d’honneur dans ta collection » – tu m’as parlé avec tristesse du sort que les « bûcherons du stylo » réservaient aux arbres.
NP – …Et du pilon qui guettait les trois-quarts des tas de feuilles collées ensemble dans des emballages aguichants à souhait, généreusement exhibés à l’étal des marchands de mots.
HG – …Et tu m’as convaincu de faire d’une paire deux couilles : contribuer à épargner la forêt primaire en réduisant drastiquement le délai d’attente au portillon de la gloire. Quand bien même ma copine aurait intérêt à continuer à bosser encore quelque temps avant que mes lecteurs potentiels apprennent à se servir d’une liseuse.
NP – Bah, un artiste, c’est pas fait pour être riche, ha ha ! Et rien ne t’empêche de trouver des petits boulots à droite à gauche pour arrondir les fins de mois. C’est la mode, ces temps-ci !
HG – Tu l’as dit, bout filtre. Sinon, d’après toi, faut arrêter de fabriquer des livres papier ?
NP – J’ai pas dit ça, mec. Sur #PolarNum, par exemple, on a relayé un article traitant de la production de cellulose à partir d’algues ou de tout un tas de trucs improbables…
HG – Mais c’est une excellente nouvelle, ça ! La bande des 5 peut arrêter de dépeupler les forêts sans nuire à ses juteuses pratiques monopolistiques !
NP – Tel M. Hachette qui, à lui seul, est responsable des 2/3 du massacre en France !
HG – M. Tronçonneuse, tu veux dire.
NP –Ha ha. J’espère qu’il a reçu le lien que #PolarNum lui a envoyé, à lui et à une dizaine d’autres marchands de mots imprimés.
HG – Concernant l’empreinte écologique de la France pour 2018 ?
NP – Tout juste. Quand tu penses que, depuis samedi dernier, selon les calculs de Global Footprint Network, le « pays des droits de l’Homme » a commencé à « vivre écologiquement à crédit » ! Et que la consommation de pâte à papier participe allègrement au gâchis…
HG – D’où l’urgence à se rencarder au plus vite sur les nouvelles techniques de production de cellulose ?
NP – CQFD. #PolarNum du 26 mars . Pour y accéder c’est tout simple (ricane). Tu dois impérativement 1/ utiliser Google Chrome, 2/ cliquer d’abord sur l’onglet « récemment » en haut à gauche. Ensuite, avec un peu de chance tu déroules l’historique au-delà de la date fatidique du 9 avril décrétée par Gros Coucou Bleu.
HG – J’aime bien le côté artisanal que Twitter a su préserver pour ses abonnés non sponsorisés. Je repense à mon arrière-grand-père qui démarrait sa Panhard à la manivelle.
NP – Et moi au mien qui s’éclairait à la lampe à pétrole et faisait son caca dans une cabane au fond de la cour. Bon, on s’attendrit et le boulot se fait pas… Alors, comme ça, Bongarçon revient à la rentrée prochaine dans une nouvelle enquête palpito-glaçante qui va encore nous refiler un frisson addictif pas possible?
HG – Puisque tu le dis.
NP – À tout hasard je t’ai concocté une liste de termes glanés au hasard des blogs spécialisés et qu’il serait éminemment vendeur de pouvoir accoler à ton ouvrage. Sachant que « glaçant » et « addictif » arrivent en tête de liste, nous trouvons également : effrayant, diabolique, cauchemardesque, fascinant, envoûtant, presqu’insupportable d’une tension effrénée qui va, de rebondissements impensables en inimaginables retournements de situation, sur un tempo infernal , s’accélérant jusqu’au dénouement incroyablement imprévisible.
-HG – Merci, je vais étudier tout ça en détail. Une tite bière pour la route ?
-NP – Si tu me prends par les sentiments… À Greffe gé !
-HG – À Greffe gé , à Bongarçon… Et à #PolarNum !!!