« MARS 2221 » (chap 29 : « POV », suite et fin)

 

 

résumé : inside Darius…

Sur l’écran du mobile Stan remet ça, plus sournois et insidieux que jamais :

Je sais, ça se fait pas de parler d’argent, surtout avec un type qu’on connaît à peine mais dis-moi, Darius, ils te payent combien, General Irons ?

– Je ne reçois aucun salaire.

– Attends ! Tu te fais chier H24 au fond de ce trou à rat…bénévolement ?

– Mon programme n’inclut aucun désir d’enrichissement personnel. Quant à la notion d’ennui, je suis reconnaissant à mes créateurs de ne pas l’avoir intégrée à mon algorithme.

Stan ouvre une bouche grande comme un four à pain.

– Ton algor… Que je suis con ! J’aurais dû m’en apercevoir depuis longtemps ! T’es un fucking andro !!!

S’ensuit une tirade sarcastique, non dénuée d’une certaine amertume.

Un fucking andro de sa mère la pute ! Le programme, rien que le programme ! Tu me diras y a des jours je me demande si j’aimerais pas mieux être dans tes circuits imprimés. Un bon vieux programme source m’épargnerait toutes les merdes biologiques qui nous collent aux semelles à nous autres fils d’Adam ! Je vais te dire, mon Darius, une vie d’humain c’est pas topissime y a des jours ! Tu peux jamais être sûr de rien ni de personne dans cette vallée de larmes ! Si tu mets pas le couvert, c’est toi qui te fais bouffer ! Bon mais je perds mon temps et le tien à philosopher comme un loser. Plus vite tu m’auras fait visiter ta caverne d’Ali Baba, plus vite je pourrai m’organiser. C’est qu’elles vont pas toutes tenir dans mes fouilles, les copines de ces jolies pépites !

Content de sa vanne, Stan secoue son blouson obèse.

 À propos on rentre dans ton cagibi comme dans un moulin, mec ! Les caméras de surveillance sont pas toutes nazes pourtant ! Celle du couloir là, par exemple… Tu m’as forcément vu arriver…  Pourquoi tu t’es pas barricadé ?

La voix de Darius, calme et posée, contraste avec le débit chaotique de son interlocuteur.

– Avec votre fausse barbe et vos lunettes d’aveugle je vous avais pris pour un agent immobilier en repérage. J’en vois passer tous les jours en ce moment. Au prix du m2 martien, la configuration des locaux attire leur convoitise…

L’androïde hésite à se départir de sa réserve naturelle et révéler le fond de sa pensée sans y avoir été invité.

Nombre d’entre eux sont plus ou moins mandatés par les Jardins Suspendus. L’acquisition de la mine permettrait à ces derniers d’agrandir la surface de leur domaine cultivable dans des proportions conséquentes…

Stan gratte furieusement son postiche, au risque de le décoller.

– Putain mais comment on peut penser une seconde à faire pousser des poireaux dans une mine d’or ? Je te jure, ça me dépasse !

Selon les éléments dont je dispose, ce n’est pas de l’or que l’on extr…

Stan le coupe, l’air menaçant.

– Tu vas pas recommencer à m’énerver ! Allez vamos !

Darius obtempère. Nous obtempérons. Nous précédons le visiteur irascible à travers la brocante du hangar. Nous traversons ensuite le no man’s land et pénétrons sous la voûte bétonnée. Soudain, alors que Darius marque un temps d’arrêt et se retourne vers son tourmenteur pour lui conseiller de prendre garde à ne pas trébucher sur un morceau de ferraille rouillée, c’est mon tour d’être pris d’un rire convulsif.

– Qu’est-ce qui t’arrive, lapin ? Qu’est-ce qui te fait bidonner comme ça ?

– La barbe !!! La b…barbe de Stan…

– Ça pour être nulle elle est nulle ! La preuve, on l’a reconnu tout de suite, ce naze …

– Nan on l’a pas reconnu, justement ! Ha ha ! Enfin moi, je l’ai pas reconnu !

– Vas-y, accouche !

– Ma première rencontre avec le prétendu « Stan » date pas de l’église de la Foi Universelle, ‘Théa.

– De quand alors ?

– Du jour où Poutine me l’a présenté. Sous son nom véritable. « Nivek Kuduort ».

 

demain chap 30 : « Retrouvailles »