« Ô frères et sœurs des années 2220, si seulement vos ancêtres avaient passé plus de temps à s’éclater au babyfoot, il leur en serait resté d’autant moins à consacrer à leurs empoignades sanguinaires entre gentils (eux) et méchants (les autres). Et encore moins – méchants et gentils réconciliés pour l’occasion – à appliquer quotidiennement la solution finale à des milliards de milliards de bestioles moins bien placées qu’eux dans la putain de « chaîne alimentaire ». »
résumé : que les meilleurs gagnent…
Un « gosse » (ou « photo » ou « flash ») c’est quand un arrière veut dégager mais que sa balle contrée par l’avant adverse repart direct au fond de sa cage. C’est très agaçant. Mustalpha en fait la cruelle expérience, me permettant d’inscrire rapidement un deuxième but. C’est ensuite que ça se gâte pour les « jeunes ». Plus moyen de passer les demis de l’amiral qui eux, par contre, rentrent dans les miens comme dans du beurre. Anthéa fait ce qu’elle peut mais les balayages hypnotiques de son tourmenteur la prennent en défaut trois fois de suite. Jolie série mon amiral ! La victoire est en passe de changer de camp. C’est sans compter sur un sursaut d’orgueil qui à deux reprises, coup sur coup, me fait trouver le chemin du but adverse. 4 à 3. Les boules claquent sur les bouliers. Manque plus qu’une Disque Bleu filtre laissée à fumer dans le petit cendar en métal pour me propulser à travers siècles dans l’arrière-salle de Chez Georges (remember « Hippocampe Twist ») . Vacarme des barres télescopiques qui s’écrasent contre les flancs des six tables en batterie, jurons des habitués… Ô frères et sœurs des années 2220, si seulement vos ancêtres avaient passé plus de temps à s’éclater au babyfoot, il leur en serait resté d’autant moins à consacrer à leurs empoignades sanguinaires entre gentils (eux) et méchants (les autres). Et encore moins – méchants et gentils réconciliés pour l’occasion – à appliquer quotidiennement la solution finale à des milliards de milliards de bestioles moins bien placées qu’eux dans la putain de « chaîne alimentaire ». Encouragés en cela par de prétendus « nutritionnistes » scientifiquement persuadés que les protéines non animales nourrissent pas leur bipède et surtout qu’un apéro sans sauciflard c’est pas un apéro.
Sous l’emprise de l’ire vengeresse que l’évocation de ces nécrophages irrécupérables a fait monter en moi, je m’autorise un « coup de bourrin ». C’est quand on shoote des demis assez fort pour faire rebondir la balle contre la ligne de but adverse et la réquisitionner avec un avant. Moyennement élégant mais légal. J’enchaîne sur un « snake », technique de frappe vicieuse comme tout qui consiste à stopper net en plein balayage ! Le temps que Mustalpha réagisse, d’une pirouette de mon avant-centre en arrêt sur image j’expédie la balle au fond des filets désertés. Horriblement vexant. 5 à 3.
La sentant piaffer et au fait de ses qualités d’attaquante, je propose à Anthéa de prendre les avants pour les deux balles restantes.
…la suite tomorrow…