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« MARS 2221, roman », chap 51 : « Mais alors plus du tout »

Enfin un ministre des Outre-mer qui cherche à établir un dialogue à la fois ferme et bienveillant avec les populations autochtones !

Bonnes fêtes de fin d’année aux unes comme à l’autre et tout de suite …retour vers

« MARS 2221, roman » !

  1. Mais alors plus du tout

La nouvelle des deux petits veinards qui avaient fait sauter la banque du Red Joystick Shaker s’était répandue comme une traînée de poudre sur Skomäth-Hellian. D’autant qu’avec Anthéa on s’employait à fêter ça dignement. Restos, boîtes de nuit, on faisait valser les galactons ! Couchés à pas d’heure, levés en conséquence. Surtout moi. Contrairement à Anthéa qui connaît et respecte ses limites en matière de défonce, ma politique générale est d’ignorer les miennes. Je voyais plus le jour. Quand l’effet des substances absorbées la veille s’atténuait au point de me laisser entrouvrir les paupières je titubais jusqu’à l’alcôve ciel de pluie où je m’employais à reprendre conscience. Ensuite direction le canapé du salon panoramique pour finir de me récupérer à la caféine devant Phobos et Déimos déjà en ascension sur le lac. Alors j’entendais les portes du Peregrin SF4 s’ouvrir. Anthéa était de retour, les bras chargés d’une nouvelle moisson de fringues. Que j’insistais pour qu’elle essaie devant moi. Pas dupe, elle savait qu’au détour d’une séquence de nudité intermédiaire, le défilé de mode passerait par la suite « Red Joy Recline » tout en marbre de Céphée.

Un soir, alors que nous gisions essoufflés sur notre terrain de foot de plumard, que mon index malhabile échouait une fois de plus à tracer un cercle parfait autour de son tétin gauche, Anthéa avait murmuré :

– Je vais partir, lapin.

– Ouaouh, aurais-je par inadvertance mis au jour une zone érogène non signalée sur les cartes d’état-major ?

– T’es con… Nan, partir… Me casser… Sur une autre planète…

Je m’étais redressé sur un coude.

– No problemo ! Moi aussi, la routine commence à me peser. Avec ce qu’on a ramassé au Shaker, je propose une tournée des grands ducs de toutes les constellations qui te branchent !

– Sauf que tu vois …

Une vie amoureuse riche en râteaux, largages et ruptures à torts partagés plus ou moins équitablement m’a affuté le sixième sens. Ce trou d’air sous la carlingue à l’annonce pressentie du départ de l’autre (ou de son non-retour) je le connais comme la poche de mon Calvin Klein. J’attends pas après météo France pour me dire quand le temps va se gâter. Nan je voyais pas. Je savais juste que j’allais pas kiffer.

 

… la suite demain…