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« MARS 2221, roman » (chap 31 : « Tout s’explique (1) »)

La relecture de MARS 2221, roman m’amène à réécrire certains passages. L’épisode d’aujourd’hui compte plusieurs de ces « ajustements ». Que les personnes qui ont acheté la version originale se consolent en se disant qu’un jour, ses occasionnelles lourdeurs de style et autres maladresses intéresseront les collectionneurs.

 

  1. Tout s’explique (1)

– Tu crois que ça se passe comme ça quand on meurt ?  Que d’un seul coup il fait plus noir que dans le cul d’un ours ?

– Pourquoi un ours ?

– Demande à mon premier chéri, un Canadien. « Fais pas la baboune !  On va se lâcher lousse en fin de semaine ! » qu’il me disait pour me remonter le moral en cas de besoin. Ou alors, quand je grillais pas un truc : « Ça prend pourtant pas la tête à Papineau ! » Le tout avec un accent québécois à accoucher dehors.

– « Coucher » devrait faire l’affaire… Hé ! Qu’est-ce que c’est que ce sifflement ?

– Ça vient de là-bas…

L’index d’Anthéa pointe l’entrée de la galerie n°2.

– La navette !

– Qu’est-ce qu’on fait ?

– D’après toi ?

Anthéa remballe dare-dare son home cinéma et saute à bas du rail. Je suis moins réactif, because les béquilles.

– Fonce et appelle un taxi ! Je te rattrape…

– T’es sûr ?

Devant mon insistance elle décarre. Je la vois disparaître au coin de la caverne pendant que, dans mon dos, le sifflement se fait tout proche. Galère, je plante ma béquille droite sur un truc mou qui me déséquilibre. Je me vautre en beauté. Finalement c’est aussi bien.  Debout j’aurais été visible depuis la navette qui vient d’entrer en gare.

C’est un Stan/Nivek Kuduort sans barbe ni lunettes que je vois sauter à bas du véhicule. Il se retourne pour tirer à lui un méga sac de toile qui s’écrase sur le sol dans un nuage de poussière. Je me recroqueville derrière l’espèce de pompe de drainage jusqu’à laquelle j’ai réussi à ramper. D’ici je peux me faire une idée précise du truc mou qui a entraîné ma chute. Une jambe. À tous les coups le membre manquant de ce brave Darius. Ajouté au bras qui faisait du stop dans la cour, plus la tête récupérée par Anthéa sur le toit du poste d’aiguillage, le compte est bon. Ça éparpille son monde, un tir de plasmok à bout portant !

– T’ES DANS LE COIN, NIVEK ?

Cette voix grave, rocailleuse, à la Darth « I-am-your-father » Vader dont l’écho se répercute entre les parois de la salle m’est pas inconnue… Me hissant de quelques centimètres circonspects, je mate en direction de la cour, d’où elle a été émise. Et là j’ai un choc. Anthéa ?  Elle aurait pris un coup de froid en traversant le no man’s land ? Une trachéite éclair qui lui aurait fait perdre trois octaves ? Elle a pas l’air de bonne humeur. Mieux vaut être seul que mal accompagné, faut dire. Collé serré derrière elle, une main fermement assujettie à la crosse du blaster appuyé contre son dos, continuant à lancer ses « Nivek ? » d’enfant perdu, qui d’autre que… le pacha du « Sun Dancer » !!!

– Korbehn ? Tu tombes à pic ! Tu vas… m’aider à…

Penché sur son sac, le chercheur d’or peine à reprendre son souffle. Il finit par se redresser. Pour s’apercevoir que son visiteur arrive pas seul. Il calcule la chevelure platine.

– Anthéa ! Qu’est-ce que…

– An-thé-a !!! C’est ça ! J’arrivais pas à mettre un nom sur cette furie. En même temps, j’ai pas à me rappeler l’état civil de tous les expats que je trimbale sur mon rafiot !

 

…la suite demain…