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« MARS 2221, roman » (chap 25 : « Ganesh, le retour » )

Lecteur(e)s des années 2220 je vous kiffe. Ca change tout d’écrire pour vous. Les autres, il est temps de vous trouver une série pour le weekend.

 

  1. Ganesh, le retour

Les privilégiés qui auront réussi à télécharger Hippocampe Twist se souviennent certainement d’une partie de poker d’anthologie chez Wilma. Un jackpot d’enfer entre St-Mégland, Brice et mézigue.

Aux autres je dois quelques éclaircissements. En ma prime adolescence, alors que dans la solitude de ma chambre je m’initiais aux subtilités proto électroniques d’un orgue de supermarché, il advint que sur la teutê me tomba une étagère pleine de bordel. Le tout finissant sa course sur le clavier de l’instrument. Produisant en cela un accord plaqué déchirant qui était parvenu aux oreilles de ma mère. Qui lorsque je l’avais rejointe en bas dans la cuisine avait pas manqué de s’enquérir de l’origine d’un tel « barrissement ». C’était le terme dont elle avait usé. Curieusement, une centaine d’années ayant passé (et au terme d’un suivi thérapeutique discutable sur lequel on reviendra pas), le professeur Marcel s’était cru justifié à voir en ma personne un des innombrables avatars de Ganesh, la divinité hindoue à tête d’éléphant. D’où, affirmait l’éminent neuropsychiatre, mes singulières poussées proboscidiennes (j’en avais profité pour enrichir mon vocabulaire) ainsi que l’acouphène non moins singulier que j’avais à endurer chaque fois qu’était fait mention en ma présence d’un événement lié à un enrichissement quelconque, avéré ou potentiel. Normal, expliquait Marcel, puisque Ganesh possède – entre autres pouvoirs – ceux de dispensateur attitré de l’abondance matérielle et de grand protecteur des comptes en banques à neuf zéros.

– …Lointain, étouffé mais parfaitement reconnaissable, je l’ai entendu ce putain de « barissement », Anthéa ! Là, dans le cristal ! Le même qu’au bahut, lorsque confronté à Michel Édouard à qui j’essayais sans y croire de soutirer une ristourne sur un paquet de gâteaux secs. Ou à Jipé-l’escroc-au-tiercé en train de me taxer une Rothman’s rouge sous l’abri à poubelles de la cantine…

– Tu me rassures…

– Comment ça je te rassure ?

– Ton espèce de gros bouton de fièvre, là…

Anthéa se tapote le bout du nez. Elle se fend la poire.

– …Je t’imaginais déjà avoir chopé un staphylocoque doré ou je ne sais quelle maladie nosocomiale éruptive en vogue au CHU de La Ferrière. Ah tiens, pendant que j’y pense, à l’accueil ils m’ont dit que Kembaçkuk avait signé ton bon de sortie.

– Sans déc’ ? Je croyais qu’il voulait d’abord me faire passer une dernière batterie de tests…

Anthéa secoue ses boucles peroxydées.

– Sa contre-performance avec le fémur d’Endymion doit être en cause. Il préfère se faire oublier pendant une semaine ou deux, quitte à lever le pied sur ses turlutaines d’implants aphrodisiaques.

Je regarde là-haut, au-delà du plafond.

– Merci Endymion ! Éclate-toi bien au paradis des baroudeurs !

 

…demain chapitre 26 : « Mine de rien »…

« MARS 2221, roman » (chap 24 : « Jour férié »)

À partir d’aujourd’hui, le narrateur s’appelle « lapin ». Sans majuscule.

  1. Jour férié

– Salut lapin, t’es tout seul ?

À la tronche que je tire Anthéa pige direct.

– Ils sont venus le chercher à l’aube. Comme un condamné.

– À l’aube ?

– Avant le petit-déj’ quoi… La médecine est intraitable là-dessus. Lui qui appréciait tellement sa biscotte beurrée. « Mon seul plaisir ! » qu’il disait en faisant trempette dans son bol de cacao. Ça craint, Anthéa. Je l’avais pris en affection ce vieux débris.

–  Moi aussi je l’aimais bien… Ça me fait quelque chose… Le jour de la St Thomas-Pesquet en plus !

– Ah c’est ça que t’es pas aux Jardins ?

– Jour férié. Regarde, je nous avais pris une ISS à la frangipane à la boulange en bas. Elle me faisait trop envie…

La galette en pâte feuilletée qu’Anthéa vient de sortir de son emballage, toute plate, en forme de « H », est censée évoquer l’ « International Space Station», un tas de ferraille qui, dans les temps anciens, flottait en orbite basse autour de Terra. Sa fonction principale était d’éviter la nuée de satellites en perdition qui lui arrivaient dessus de tous les côtés.

– Quand je pense que je l’ai connu de son vivant, ton St Thomas-Pesquet ! Sa dégaine «bonhomme Michelin » a tourné en boucle pendant des semaines sur toutes les télés. Le premier français à commander la station spatiale internationale ! Cocorico ! J’étais pas loin d’avoir l’âge d’Endymion. C’était la fameuse période où une confrérie de seringueux voulaient à tout prix shooter le monde contre un virus chinois soi-disant mortel pour les vieux et les immuno déprimés. Les labos se faisaient des couilles en or avec ça. Je me souviens, à la radio ils avaient inventé un nouveau mot : « vaccinodrome ». Soit disant que c’était une marque de civisme de se faire injecter cette saloperie. Au point que de prétendus journalistes voulaient envoyer les keufs trouer de force le cul des récalcitrants…

– Hé, tu vas pas me faire une remontée ?

– Nan rassure-toi, on dirait que, de ce côté-là, ma chute dans l’escalier a eu au moins un effet positif !

– Comme dans Hippocampe Twist ! Un trauma à la calebasse et hop, fini les hallus intempestives ! Si tous les petaucasques fonctionnaient comme toi, la neuropsychiatrie gagnerait à s’équiper en marteaux ou en battes de base-ball.

– À propos de calebasse, hier j’ai pas trouvé le temps de t’en parler mais Kembaçkuk m’a localisé un brain chip dans le fornix.

– Sérieux ? Où c’est le fornix ?

– Pas loin de l’hippocampe justement. Il croit que je me le suis fait poser histoire de bander plus dur, t’imagines ! Paraît que c’est la mode en ce moment.

– M’étonne pas. Tiens, c’est joli ça… D’où ça sort ?

Anthéa a repéré le cristal de jarosite sur ma table de nuit.

– Le cadeau d’adieu d’Endymion.

Anthéa se saisit de la fine lamelle dont les reflets rougeoyants contrastent avec la pâleur de ses doigts.

– Tombé de la poche d’un extraterrestre.

Anthéa écarquille les yeux. Je lui résume du mieux que je peux le polar rocambolesque de feu l’adjudant-chef. Le site archéologique, la soucoupe volante, les chifoumeurs de l’espace, sans omettre les conclusions de l’arrière-petite-nièce astrophysicienne après analyse du cristal. Je note qu’au mot « rayonnement », Anthéa s’empresse de reposer la lamelle où elle l’a prise.

– Ha ha ! Un karma à la Marie Curie te tente pas plus que ça, on dirait ? Je te vanne mais j’ai eu le même réflexe. Sans raison, d’après Endymion. Il pense – pardon : il pensait, j’ai du mal à m’y faire – qu’il s’agit ni plus ni moins d’un aimant un peu costaud.

Anthéa est perplexe. Je lui dis ou je lui dis pas ?

– Quand t’étais petite, ‘Théa, tu t’amusais pas à écouter la mer dans les coquillages ?

– Bah si ! Comme tous les gosses, pourquoi ?

– Vas-y, essaie avec ce truc…

Moyennement rassurée, Anthéa se saisit à nouveau du cristal. Elle le glisse sous ses bouclettes soyeuses, tout contre son oreille délicatement ourlée, se concentre quelques instants… Avant d’afficher une moue négative.

– Nan, j’entends que dalle.

– T’es sûre ? Ferme les yeux… Imagine que tu te balades dans la savane africaine…

– Depuis quand y a la mer dans la savane africaine ? Nan je t’assure, lapin, j’entends rien.

– Eh ben moi tout à l’heure j’ai porté le bidule à mon oreille, comme ça, machinalement, et…

 

…demain chap 25 : « Ganesh, le retour »

« MARS 2221, roman » (chap 23 : « Baroudeur un jour… »)

« Je suis pas jaloux je vous prie de le croire ! … Ah ! ce que je m’en fous ! Tant mieux pour les autres de livres ! … Mais moi n’est-ce pas je peux pas les lire… Je les trouve en projets, pas écrits, mort-nés, ni faits ni à faire, la vie qui manque… c’est pas grand-chose… ou bien alors ils ont vécu tout à la phrase, tout hideux noirs, tout lourds à l’encre, morts phrasiques, morts rhétoreux. Ah ! que c’est triste ! Chacun son goût. »

L. F. Céline, préface de « Guignol’s band »

 

 

23. Baroudeur un jour…

  – Là, sans réfléchir, laisse-moi te répondre que j’en ai rien à péter.

Je fais le bourru parce que mes yeux se ferment tout seul et que ma cheville recommence à me taquiner mais en vrai, depuis tout petit, l’étymologie c’est mon kif. En plus là, pas besoin de convoquer Mimile Littré. Trop tard, Endymion me prive d’une bonne occasion de briller.

– La Ferrière tire son nom du gisement de minerai de fer qui a attiré les premiers colons dans le coin. Avant que General Irons – la plus grosse compagnie minière martienne – rapplique à son tour. Pour plier les gaules quelques années plus tard. Au motif que leurs gars tombaient malades les uns après les autres, sans qu’on sache exactement pourquoi…

– De qui tu tiens tout ça ?

– De l’agent immobilier qui me loue mon taudis  pour une somme rédhibitoire. Un petit merdeux prétentiard. Il était même pas né à l’époque. Ça l’empêche pas d’être sûr que les problèmes de santé des mineurs c’était un paravent. Selon lui, la mine a fermé parce qu’elle ne rapportait pas suffisamment. « Si la couleur du sol martien est gage d’une oxydation rampante de sulfures ferriques, elle ne garantit pas toujours la qualité du minerai exploitable », dixit le petit con. Qui s’était pas éternisé sur  la question, le jour où j’avais échoué dans son bouclard. Ce qui l’intéressait et on le comprend, c’était les garanties de solvabilité que je pouvais lui fournir au cas où il aurait quelque chose à me proposer. Quand je pense que ça va faire deux ans qu’il m’escroque, le morveux !

Endymion s’interrompt pour se gratter le derrière. Les escarres.

– Ça fait deux ans que tu crèches à La Ferrière ?

– Quasiment. Là-bas sur Terra, sous la menace d’aller au tribunal, mon maquereau d’assureur avait fini par se fendre d’un dédommagement presqu’honnête. Considéré les aléas politico-climatiques, pas question de réinvestir dans un appart. En plus, va savoir pourquoi, la lamelle de jarosite ne quittait plus ma poche. Baroudeur un jour, baroudeur toujours ! J’avais fait mes comptes. Le montant d’un aller simple pour Olympus Mons me laissait de quoi financer un studio kitchenette dans le patelin du secteur français dont les données géographiques correspondaient à celles pointées par le cristal.

C’était donc ça ! Au lieu de profiter d’une retraite pas dégueu – dans l’armée ils savent faire – en bon disciple d’Indiana Jones, l’adjudant-chef Calmann-Lévy avait une fois de plus cédé à son goût pour l’aventure.

– Deux ans ! Deux ans que j’essaye d’établir un lien entre les chifoumeurs de Beinan et ce bled perdu.

– T’es descendu voir à la mine ?

– J’arrête pas ! Même que chaque fois il m’arrive une tuile.

Au ras-le-bol qui se manifeste dans le ton du vieil aventurier, se mêle une bonne dose d’incompréhension.

– Exemple ?

– Exemple à ma première visite j’avais à peine lâché un biffeton de 50 kreds au gardien pour qu’il m’ouvre la grille que je me mets à éternuer. Une fois, deux fois, trois… Plus moyen de m’arrêter ! Un moment, comprenant que j’étouffais pour de bon il a laissé tomber ses « à vos souhaits » et rameuté le SAMUM. Ils avaient jamais vu ça, les mecs des Urgences Martiennes. Ils m’ont bourré de tranquillisants et gardé plusieurs jours en observation. Un mois plus tard je retourne à la mine. Le gardien me reconnaît, me fait entrer dans sa cambuse mais, à peine il m’a proposé un café, voilà que je suis pris de flatulences ! Une vraie mitrailleuse ! Caisse sur caisse je lâchais ! Comment ça cognait dans la loge ! Je savais plus où me mettre ! Rentré chez moi, j’ai continué à péter non-stop pendant trois semaines. Ça sentait jusque sur le palier ! Les voisins râlaient. Pareil, le toubib a jamais compris ce qui m’était arrivé. Et encore moins pourquoi ça s’est arrêté d’un seul coup.

Endymion hausse les épaules.

– Ensuite y a eu le syndrome Gilles de La Tourette. Je sais plus si c’était avant ou après l’amygdalite caséeuse… Ça aussi ça renifle un max, l’amygdalite caséeuse ! Mais ce qui m’a le plus fait flipper, ça a été l’attaque de nystagmus fulgurant. Je me souviens, ce jour-là, avec Darius – c’est le nom du gardien de la mine – on avait réussi à atteindre l’entrée des galeries… Je commençais à y croire et bam, je me suis mis à voir trouble !… Je te jure, j’ai cru que je devenais aveugle… C’est comme une malédiction… D…Deux ans… Ça c…commence à bien f…

Ce coup-ci, pas de doute. La lassitude induite par le passage en revue des galères ayant ponctué ses visites à la mine désaffectée semble avoir pris le dessus. Les ronflements de l’ex adjudant-chef Endymion Calmann-Lévy, d’abord à peine audibles, atteignent bientôt leur amplitude de croisière.

 

Demain : chap 24 : « Jour férié »…

« MARS 2221, roman » (chap 22 : Le récit d’Endymion (3), suite et fin)

Et si finalement les mythos d’Endymion Calmann-Lévy tenaient la route ?

 

Endymion se fige dans un arrêt sur image digne des plus grands dramaturges.

– « Quelqu’un qui est allé sur Mars » !!!

Avant de redémarrer sur les chapeaux de roues.

– Si elle avait pu voir la dégaine du « quelqu’un », la pauvre chérie ! « On peut rien te cacher, coquinette ! », je lui avais répondu, soulagé de m’en tirer à si bon compte. À part que le lendemain, voilà qu’elle décide d’embarquer le cristal à son boulot pour le soumettre à toute une batterie de tests sophistiqués. Quand elle est rentrée le soir, pour elle l’origine martienne de l’échantillon de jarosite ne faisait plus l’ombre d’un doute ! Entre temps, je m’étais soi-disant  souvenu que, oui, le Taïwanais à qui j’avais gagné le machin au poker (j’avais failli dire au chifoumi !) avait pas mal roulé sa bosse, sur Mars entre autres. « Un chouette coin, le mont Olympus ! », qu’elle m’avait balancé, Polymnie, « …Avec mon salaire du CNES ce n’est pas demain  que je pourrai m’offrir une virée pareille ! ».« Qu’est-ce qui te fait dire que ce machin provient du mont Olympus précisément ?  C’est grand, Mars ! », je lui avais rétorqué. C’est là qu’elle s’était lancée dans un délire de « quarks violeurs de symétrie » duquel il ressortait que mon cristal de jarosite était soumis à une « force d’interaction faible ». Un rayonnement infinitésimal dont elle avait réussi à détecter la source, au kilomètre près. Un bled paumé du côté du mont Olympus !

Pardon ???

– Un rayonnement ??? Pas de ça dans mon pieu !!!

Je tâtonne sous le drap, récupère la lamelle et la dépose en urgence sur la table de chevet. Ça fait rigoler Endymion.

– Depuis quand t’as peur d’un aimant, fils ? Parce que je vais te dire. La « saveur » des quarks de Polymnie, ses « leptons », « muons », ses « taus », ses « neutrinos électroniques », pour moi c’était de la branlette de scientifique. Traduit en endymien courant, on avait affaire à un bon vieil aimant, point barre !

Gloussement virant instantanément à la toux catarrheuse.

– Coff… Coff… Un aimant dont le pôle magnétique – Polymnie était formelle – correspondait à … coff… une latitude de… coff… coff… 15° 56′ N et une… coff… longitude de 223° 00′ E, dans les quadrangles d’Amazonis et de Tharsis.

Raclement de gosier avant expectoration. Endymion trouve plus son mouchoir. Le coin du drap tombe à point nommé.

– Jamais tu t’es demandé pourquoi La Ferrière s’appelle La Ferrière, petit ?

 

Demain chap 23 : « Baroudeur un jour… »…

« MARS 2221, roman » (chap 22 : Le récit d’Endymion (3), suite)

résumé : pas depuis le début quand même ? Si ? Bon alors c’est l’histoire d’un mec né sur Terra dans la seconde moitié du 20ème siècle qui, grâce à une technique de clonage hyper pointue, revient à lui en 2221 dans une clinique louche. En compagnie d’un autre clone, plus ou moins genré féminin, il se casse sur Mars voir si l’herbe est plus verte sur la planète rouge. Une fois là-haut, suite à un accident du travail clandestin, il se retrouve à l’hosto dans la même chambre qu’un mercenaire en retraite qui lui raconte sa life en long, en large et surtout en travers… Et veut faire de lui son légataire universel…

– Sur ce coup-là elle a pas tort, Endymion ! Peut-être que…

– …On avait même plus le temps de leur trouver des noms à ces diarrhées célestes. À peine on s’était pris « Stratonice » que « Terpsichore » et « Uranie » se bousculaient au portillon. Il date de la fin du 21ème, le dôme des Moulineaux. Structure titane d’accord sauf qu’enveloppe en polycarbo feuilleté comme ça se faisait à l’époque. Sous la violence des tourbillons voilà qu’il s’est mis à se fissurer de partout. L’ordre d’évacuer est tombé le jour de la Chandeleur. Je me souviens, la pole dancer du « Boit-Sans-Soif », une fausse blonde avec des nichons comme des pastèques, nous avait fait des montagnes de gaufres. On a pas eu le temps de les terminer. La Sécurité urbaine nous a dispatchés d’urgence sur les dômes alentours. J’ai atterri dans un gymnase à Puteaux ! Ça sentait les pieds je t’explique pas ! Les sportifs et l’hygiène de base, on aurait tendance à croire que, eh ben on se trompe !  Heureusement, au bout de quinze jours, « Wenceslas » a marqué une pause. Quartier par quartier on a été autorisé à passer récupérer linge de rechange et autres objets de première nécessité. Pour le reste faudrait attendre le feu vert des autorités compétentes. On avait obtenu d’être classé catastrophe naturelle, c’était déjà pas mal…

– Endymion, t’es sûr que t’as pas envie de te reposer ?

–  J’aurai tout le temps pour ça quand je serai mort , t’inquiète ! Tout à l’heure je t’ai parlé de mon arrière-petite-nièce. Sache que Polymnie habitait un dôme ultra moderne à quelques kilomètres  de Tours. Quand finalement on a eu le droit de déménager pour de bon je lui ai demandé de me filer le coup de main. Ça tombait bien, avec l’argent de son divorce – elle pouvait dire merci à son avocat parce que, la connaissant, son ex devait pas avoir tous les torts – elle venait de se payer une capsule familiale avec un méga coffre. Elle était ok pour entreposer tout mon bordel dans son grenier …À condition que je vienne crécher chez elle. « Les enfants seront tellement contents ! Ils me demandent tout le temps pourquoi tonton Endymion vient jamais nous voir… ». J’étais en train de chercher une excuse pour me défiler – si j’ai pas fait de chiards, c’est pas pour me cogner ceux des autres – quand voilà qu’elle s’exclame : « Mais c’est un éclat de jarosite, ça, tonton ! D’où tu nous le sors ? ». On était à remplir les cartons. Dans la bagarre, le petit coffret à souvenirs dans lequel j’avais remisé ma trouvaille du site de Beinan était tombé et s’était ouvert, répandant son contenu hétéroclite. « T’es jamais allé en Antarctique, que je sache ? Ni au Mexique ? » Si elle me demandait ça, Polymnie, c’était parce que, soit disant, on avait repéré des traces du minéral en question dans la glace polaire. Et en farfouillant sous les ruines du temple du serpent à plumes, une ancienne pyramide à six niveaux des environs de Mexico, on était également tombé sur de mystérieuses mini sphères d’argile recouvertes de jarosite. Toujours selon Polymnie y avait bien aussi quelques gisements de jarosite à droite à gauche, en Espagne ou ailleurs mais une lamelle d’une telle pureté, elle en revenait pas. « J’ai deviné, petit cachotier ! », qu’elle m’avait fait comme ça, Polymnie, « tu connais quelqu’un qui est allé sur Mars ! ».

 

demain la suite