4 syllabes de malheur + « MARS 2221 » (chap 5 : Électromécanique, suite et fin)

J’éprouve un tel dégoût pour le boucher de Tel-Aviv, le simple nom de Nétanyahou provoque chez moi de telles nausées que, rien qu’à entendre prononcer ces 4 syllabes de malheur, je pourrais me vomir entièrement, me retourner comme un sac à patates. Je sais que c’est la même chose pour plein de gens. Hier sur France Info y avait la réalisatrice libanaise Danielle Arbid. Elle disait se sentir « inutile ». Je la comprends. Depuis le temps que des millions et des millions de voix s’élèvent pour dénoncer les horreurs innommables perpétrées par Israël sur ses voisins, soi-disant en réponse à leurs attaques alors que ce sont les sombres magouilles des dirigeants israéliens qui, sous couvert d’affaiblir l’OLP, ont ouvert la voie aux organisations de libération extrémistes. Qui, connement, par leurs attentats abjects, « justifient » une colonisation insidieuse, meurtrière et raciste… Et toujours pas la moindre réaction sérieuse des « puissances occidentales ». On laisse faire… On laisse les gosses se faire massacrer… Encore 50 petits Libanais avant-hier, déchiquetés par les bombes de ces ordures… On laisse faire, encore et encore… T’as raison Danielle, on est inutile…

Ça donne pas envie de bouquiner, j’avoue… Encore que… Allez, faut bien le finir, ce chapitre 5 ! Je me suis tellement éclaté à l’écrire !

résumé : une messe vite fait et on décolle pour les Jardins.

– Ô Tout-Puissant Créateur des Cieux Infinis, que Ta Sagesse inonde de Sa Lumière Inextinguible les misérables pécheurs que nous sommes…

…Ô Tout-Puissant Créateur des Cieux Infinis, que Ta Sagesse inonde de Sa Lumière Inextinguible les misérables pécheurs que nous sommes…

– Il n’y a d’autre divinité que Toi et nous sommes Tes esclaves…

Il n’y a d’autre divinité que Toi et nous sommes Tes esclaves…

– Ô Berger Céleste qui ne dort pas et ne S’assoupit pas, nourris les agneaux qui mangent de Ta main…

Ô Berger Céleste qui ne dort pas et ne S’assoupit pas, nourris les agneaux qui mangent de Ta m…

Anthéa et moi on commence à fatiguer. Les fidèles sont pas beaucoup plus motivés on dirait. La grosse dame à ma droite s’éponge le front sans arrêt. L’église de la Foi Universelle manque de chaises et la prosternation, toujours bienvenue pour soulager les jambes, se pratique uniquement lors de l’office dominical. Heureusement (c’est une des raisons de son succès) le rabbi Lafleur prêche la version « poche » du Torbicovédongba. Un dernier versutra pour la route et l’affaire est pliée.

– Merci de votre attention, allez en paix jusqu’à demain ! Wallalluhiachem Shaktiwang sur vous et vos familles !

Wallalluhiachem Shaktiwang !

Dans un silence recueilli, en prenant soin de virer le plus large possible aux abords du tronc, la trentaine de fidèles dûment bénis s’égayent vers la sortie.

Sauf trois pékins qui tapent l’incruste. Un couple et, un peu plus loin dans la travée, un homme seul qui, lui aussi, semble absorbé dans la contemplation des icônes aimantées (des genres de magnets comme on collait sur les frigos de ma jeunesse). À tous les coups ce sont de futurs compagnons de voyage. Sinon pourquoi le rabbi (qui nous a fait signe de rappliquer, Anthéa et moi) attendrait pas qu’ils aient vidé les lieux eux aussi pour actionner la fermeture du rideau ?

Qu’est-ce que je disais ! Au « clang » du métal sur le béton les retardataires perdent soudain tout intérêt pour la Prophétie Ultime de l’empereur Childéric, la Circoncision Miraculeuse de Jean-Michel 1er ou le baptême de Cheng-le-Têtu sous le pont de la rivière Kwaï. Les voici qui convergent à leur tour vers l’autel. Le couple arrive en premier. Contrairement à ma voisine de prière tout à l’heure la femme est sèche comme un coup de trique, tout en muscles et en tendons. Elle se fend d’un sourire triste que le rabbi lui retourne avec douceur et componction avant de s’adresser à son époux.

– Je propose que madame monte avec moi dans la cabine. Ce sera plus confortable pour elle.

Un instant de flottement dubitatif – le comportement sexuel des gens d’église au cours du dernier millénaire a laissé des traces dans l’inconscient collectif – avant que le regard las du petit homme sans âge au visage taillé à coups de serpe croise brièvement celui de sa femme. Tout bien pesé ils sont d’accord. C’est même plutôt cool de la part du rabbi.

Le keum tout seul nous a rejoints. C’est marrant mais j’ai l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. En route vers la quarantaine proto bedonnante, il fait moins « migrant » que les deux autres.

Le rabbi Lafleur referme son bouquin sacré, remise son étole et soupire.

– Puisque tout le monde est là… En route !

 

la suite demain