– Yo Heffi, ça déconfine comme tu veux ?
– Tranquille. Conardo ou pas, je lâche mes 1000 signes par jour, un doigt de jardinage, apéro à 19 heures. La routine, y a que ça.
– Dis-donc, j’ai lu quelque part que tu misais sur l’intelligence des lecteurs. C’est pas un pari un peu risqué, gros ?
– Tout dépend du montant de la mise, gros. Tu vois, écrire pour des buses, c’est pas un karma top motivant. Je raconte mes salades à ma sauce et ma sauce, c’est pour les fines gueules, pas les shootés à la rillette du Mans addictive ou au foie gras de canard glaçant. Même maison, cuisiné par mamie Cellulose-Jusque-Dans-Les-Cagouinces-Tellement-La-Bibli-Dégueule pendant que papy joue à Age of Empires 12 en gardant un œil attentif sur les petits enfants.
– J’avoue. Ta sauce c’est pas la soupe maniaco dépressive servie à la pelleteuse par la proxénédition de masse.
– Cette fois encore, je te laisse l’entière responsabilité de tes propos, gros. Je répète simplement (et poliment) que vu de ma fenêtre, un polar a le droit de générer chez ses lecteurs autre chose que le mal-être, l’angoisse, l’insomnie ou, pour les plus immatures, une forte démangeaison à l’entrecuisses.
– T’as des noms de keums qui voient pas les choses commace ?
– Quelques uns mais compte pas sur moi pour balancer. Sont suffisamment dans la misère, les malheureux.
– Because le conardo, tu veux dire ? Sûr que les salons littéraires, pour cet été c’est plié. Dédicaces putassières et gestes barrière, on va attendre encore un peu !
– Cela dit, une bonne vieille pandémie, statistiquement, ça a toujours stimulé sa race. Sophocle, Boccace, London, Camus, Giono, Garcia Marquez, King… Même Hervé Bazin ou Le Clézio sont allés un jour ou l’autre chercher leur inspiration chez les pestiférés. Alors les poulains à trois pattes des proxos de la cellulose, t’imagines comment ils vont se précipiter. La rentrée va être chaude.
– Bernard, Franck, Maxime, toussa ?
– Je te répète que poucaver c’est pas dans mes gènes. Ah j’allais oublier…
– Quoi ?
– Aujourd’hui c’est toi qui rinces.