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Heffi Grecker, l’interview

– Heffi, on raconte que, dans une autre vie, un proxénéditeur musical vous avait diagnostiqué « loser » ?

– C’est en partie inexact. Dans sa missive incendiaire, piètre anglophone,  le malheureux avait écrit «LOOSER». Ce qui aurait alors signifié « celui qui détache, qui libère ». Il n’avait donc pas tout à fait tort. J’aime me voir en libérateur. Un genre de « roi des neiges ».

– « L’arrière-cour des miracles » est votre 3ème polar. Comme à l’occasion des 2 précédents, la critique est muette d’admiration.

– D’admiration, vous êtes sûre ?

– Comment pourrait-il en être autrement ? Ces 200 et quelques pages sont ce que le polar français a enfanté de meilleur depuis le siècle dernier.

– C’est gentil. Vous habitez chez vos parents ?

– Manquerait plus que ça. Maman est alcoolique et papa ne pense qu’à mettre sa main dans ma culotte. Ce parti pris de ne publier qu’au format numérique, pouvez-vous m’en dire plus ?

– « Il peut le dire ». Pierre Dac.

– ?

– Veuillez m’excuser, je soliloquais. C’est l’âge.

– Quel âge avez-vous ?

– L’âge de vous répondre sans risque de me tromper que le ebook – à condition d’avoir un vrai métier à côté- c’est la survie de l’écrivain. Un gage d’indépendance artistique. La certitude d’être publié. Quant à être lu… Le public, ses goûts, ses couleurs,  il y a longtemps qu’ils ont cessé de nuire à mon sommeil. Mon ami Hervé Prudon – vous devriez lire « Mardi gris » ou « Tarzan malade » aimait à dire qu’il écrivait pour la postérité. Au jour d’aujourd’hui, comme on dit quand on est con, je n’ai toujours pas la moindre idée de pour qui ou pourquoi j’écris. Par contre, je me souviens très bien avoir chanté pour les murs. Ce qui nous ramène au début de la conversation.

– Merci. Je vous laisse régler les consos.