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Petit Papa Noé

 

Bon alors c’est parti pour un néo peplum à chier que ça s’appelle « Noé ». La motivation de base des producteurs de ce chef d’œuvre est – what else? – de prendre un max de thune. Jusque là, pas plus à redire que sur n’importe quelle daube hollywoodienne parachutée d’outre Atlantique sur Ste Merde-les-Glisses, Biche-oh-ma Biche ou ailleurs. Là où ça devient plus vicieux c’est que le semblant de scénar, péniblement concocté pour justifier la déferlante d’effets spéciaux propre à faire pousser des « ah! » et des « oh! » à notre cher public, prétend s’appuyer sur un des mythes les plus miteux du délire juchrémaniaque de base. Et, en retour sur investissement, lui conférer je ne sais quelle valeur para historique de mes deux.
Cecil B De Mille, le père d’Isola, avait pas mal réussi son coup avec ses « Dix Commandements ».  Sa version des aventures de Momo, contrairement à la mienne mais rien n’est joué , est, aujourd’hui encore, citée en exemple par plus d’un cinégérontophile.moïse
La recette en est simple : vous prenez une star du Pentateuque, version Torah ou Bible, c’est kif kif bourricot, mais, tank en fer, surtout par les temps qui courent, vous vous assurez qu’elle est coranocompatible, vous lui donnez les traits du beau gosse du moment et vous servez le tout accompagné de la petite garniture western qui va bien. Avec Moïse, le Cecil B il jouait sur du velours. On se demande même comment il a fait pour résister à l’envie de faire grimper le peuple élu en vadrouille dans des chariots toilés encerclés du matin au soir par des Comanches à balai filmés uniquement de profil pour ajouter au côté égyptien de la chose.
Aronofsky, lui, il a tout misé les maigres130 millions de dollars avancés par la Paramount sur Noé, le prophète navigant. noé1Excellent choix ! Avec le réchauffement planétaire qui nous tombe sur le dos, on est plus que prévenus que la rivière elle va pas tarder à déborder dans le jardin de M. le curé. Quand ce n’est  déjà fait, hein les bigoudens? En plus c’est tout de notre très grande faute, insensés sodomites iconoclastes vautrés dans l’égocentrisme de gauche et la concupiscence que nous somme tous. Sauf Agnès Merdier Je-ne-sais-quoié . Quand on songe que, à part cette sainte des temps post modernes, on est incapable de faire des économies pour rembourser la dette biblique ! Rien que pour ça, on mérite bien d’être noyé, je trouve. Après circoncision gratuite et obligatoire, histoire de pas mourir dans le péché.

Je trouve aussi que puisque ça fait 3000 ans que la culture juchrémane nous prend pour des cons et que ça rapporte à la poignée d’escrocs qui a compris comment en profiter, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Allez Aron-et-ron-petipataponofsky, envoie la sauce qu’on en finisse ! noé4Et glou, et glou ! Et si tu penses que ça a été plus facile pour Cecil B, dis-toi que cézigues il avait dû négocier sévère avec le Charlton pour que celui-ci accepte de se pilosifier façon bonobo à une époque où, sur Sunset Bd, les barbus rasaient les murs (haha). Alors que les spectateurs de ton film, pas de souci pour qu’ils s’identifient au Popeye que tu leur sert en sensurround . En admettant qu’ils réussissent à voir le film à travers les barricades de fourrure tendance qui leur courent sur la tronche.
Bon mais c’est vrai que, comparée aux innombrables épisodes de la saga de Momo –  à côté, les Feux de l’Amour  c’est rien qu’un résumé de Brève Rencontre – l’histoire de Noé elle fait un peu lège. Surtout que, et c’est là où je veux en venir depuis tout à l’heure, ne serait-ce que pour justifier l’épithète « vicieux » que j’ai utilisée plus haut, le Aronono, aussi vrai que je n’irai pas voir son nanar, je suis sûr et certain qu’il va zapper le meilleur de la bio de son divin héros telle que délivrée aux lecteurs attentifs de la Genèse dont je fais, par le plus grand des hasards – merci grand-père – partie.noé2
Oui, sûr et certain que, comme Cecil B avec son Moïse-de-mes-deux  fier gaillard mais gentil garçon et tout et tout, le Aronomilktodofsky, il va nous concocter un Noé pas franchement porté sur la rigolade mais super plein de tendresse rentrée, d’envie de bien faire, écolo comme un fou et – argument de vente imparable – débordant de compassion envers les animaux. Et qu’on en restera là. Et que c’est bien dommage. Parce que, spécialement pour les amateurs d’authenticité biblique, voici  un extrait du Pentateuque passible de les aider à cerner le gazier tel qu’il n’a, évidemment,  jamais existé. Je veux dire à part dans les cauchemars sado-masos de nos ancêtres les Zébreux. Ca se passe juste après que Noé, enfin de retour sur le plancher des ures, ait cramé un exemplaire de « tous les quadrupèdes purs » et de « tous les oiseaux purs », façon de remercier le Big Boss de leur avoir évité le sort du Costa Concordia, à lui et à sa ménagerie flottante.noé6

Genèse,9 :
« Noé, d’abord cultivateur planta une vigne. 21 Il but de son vin et s’enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente. 22 Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et alla dehors l’annoncer à ses deux frères. 23 Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné. 24 Noé, réveillé de son ivresse, connut ce que lui avait fait son plus jeune fils, 25 et il dit : « Maudit soit Canaan! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères! » 26 Il ajouta: « Soit béni l’Éternel, divinité de Sem et que Canaan soit leur esclave, 27 que Dieu agrandisse Japhet! Qu’il réside dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave! 28 Noé vécut, après le Déluge, trois cent cinquante ans. 29 Toute la vie de Noé avait été de neuf cent cinquante ans lorsqu’il mourut. »

Je vous laisse reprendre vos esprits. En plus ça va être l’heure de l’apéro.noé3

PS- Aux dernières nouvelles, si les Jus et les Chrés s’apprêtent à aider la Paramount à rentrer dans ses frais, y a les Mans qui la ramènent. Ils auraient décidé – l’anti pub est la meilleure pub qui soit – de boycotter le mickey d’Arono sous prétexte qu’il n’est pas pensable de représenter un prophète d’Allah. Surtout raide beurré, dans le plus strict appareil,  en train de mettre le dawa sous sa tente. Mais ça, que les ânes sensibles se rassurent, Aronofsky  n’en a jamais eu la moindre intention.