Le mariage pour personne svp! (suite et fin)

En 1999, fut votée la première mouture d’une loi – peaufinée en 2006 puis en 2007 – qui, non seulement mettait fin aux incertitudes jurisprudentielles (mon mari !) quant à la validité juridique du concubinage entre personnes de même sexe, mais plaçait les couples homosexuels sur un pied d’égalité quasi parfait pour tout ce qui touchait de près ou de loin aux petits arrangements financiers entre gens qui s’aiment pour la vie, avec les couples mariés.

On n’avait jamais rien vu d’aussi attendrissant depuis nos ancêtres les Romains.

Mais vous savez, les pédés et les goudous sont ben comme tout le monde : vous leur en donnez comme ceci (geste de la main gauche qui montre le poignet de la main droite) et aussitôt  i – z – en réclament comme ceça (la main gauche remonte jusqu’au coude) ! Voilà-t-il pas que le pacs ce n’était pas encore assez pareil que le mariage! En particulier dans le domaine de la « protection au dernier vivant ». Pensez-donc : la « quotité », « spéciale » entre mariés n’était qu’ « ordinaire » entre pacsés ! Un peu moins déconnant passque là, y avait risque d’envoyer certaines vieilles choses direct aux Restos du Cœur : le marié rescapé pouvait prétendre à la « pension de réversion » mais pas le pacsé…

Perso je n’entrave pas grand-chose à ces finesses d’initié mais je suppose que les ceusses dont la seule sexualité interdit l’accès à des magouilles paperasseuses valables pour tout le monde ont de tous temps été en droit d’avoir les boules.

 

Pour couronner le tout, même si, évidemment, c’était moins grave que ces atteintes odieuses à l’intégrité de leur compte en banque inaliénable et sacré, les couples pacsés, contrairement aux couples mariés,  n’étaient pas autorisés à entreprendre ensemble une démarche d’adoption ni, à fortiori, à partager joyeusement l’autorité parentale sur des nains dont ils avaient la charge mais qu’ils n’avaient pas pondus ou adoptés, en tank eux-mêmes et personnellement.

Bien pire, car finalement c’était quand même là une nouvelle attaque frontale au porte-monnaie, et tout juchréman, pédé ou pas, ne peut que s’en offusquer, ce partage interdit interdisait conséquemment aux susdits nains d’hériter indifféremment de l’un ou l’autre de leurs pacsés de parents.

J’espère que vous me suivez….

Sinon c’est pas grave parce que, depuis la semaine dernière, malgré les efforts moins désespérés que désespérants de Ste Frigide-de-l’Hystérie Collective et de sa brochette d’attardés afin que, ad vitam eternam sur notre glorieuse terre de France, un chiard puisse voir à la verticale son berceau s’afficher les sourires béats de parents sexuellement différenciés, depuis la semaine dernière donc, puisque « les mots ont un sens », la Loi de la République autorise un homme à prendre pour mâle un autre homme et, encore plus étymologiquement insolite, une femme une autre femme !

 

Sur l’instant on rigole, au moins nerveusement, mais l’instant d’après on commence à se poser des questions.

Genre : sachant que d’année en année, malgré les imperfections décrites précédemment, de plus en plus de bipèdes en voie d’humanisation qui ambitionnaient d’unir leurs destinées incertaines, optaient pour un pacs(1), pourquoi mon Dieu avoir voulu à tout prix relancer une institution poussiéreuse sur le point d’être gentiment reléguée au rayon des coutumes vieillottes tout juste propres à satisfaire le pseudo-romantisme d’une poignée d’irréductibles désireux de réveiller M. le Maire à l’heure de la sieste pour lui faire débiter un chapelet de platitudes affligeantes souvent contredites par la suite des évènements ?

Il leur aurait suffi  de saupoudrer leur pacs (comme ils l’avaient déjà fait en 2006 et 2007) de quelques amendements réglant les problèmes de pension de réversion et d’adoption qui continuaient à provoquer des disparités regrettables entre mariés et pacsés, pour que nos savants législateurs – une fois n’est pas coutume – se montrent à la hauteur des espérances d’une Cité en route vers plus de justice et de tolérance, au lieu de secouer ainsi la malheureuse carcasse d’une pratique machiste à but essentiellement lucratif et, ce faisant, donner à des momies réactionnaires une occasion rêvée d’exhiber leurs sarkophages bleus et roses!

Formulée plus abruptement, la question est : à qui profite le crime ?

De toute évidence, étant donné que l’histoire du phénomène idéologique juchréman peut se résumer à la patiente et répétitive organisation d’une interminable course de rats à travers les millénaires, l’objectif de chaque participant étant d’accumuler le maximum de croûtes de camembert avant de les refiler à sa portée de rongeurs, et rien qu’à eux, sans doute pour se faire pardonner la transmission simultanée d’un génome en déperdition constante de ses critères spécifiquement humains, l’appât du gain est un mobile à privilégier, surtout en cette période de profonde incertitude financière.

A défaut de pouvoir énumérer les innombrables catégories socioprofessionnelles qui ont tout intérêt à ce que le mariage reste le mariage – savoir, avant tout : un déballage de signes extérieurs d’opulence auquel même les pauvres gens s’efforcent de sacrifier tant bien que mal, quitte à…emprunter – qu’il nous suffise de remarquer qu’à peine la loi promulguée, le premier « salon du mariage gay » ouvrait ses portes !

Serait-ce à dire qu’au Parlement siègent plus de représentants de commerce que de représentants du peuple ?

 

Mais avant de crier « haro » sur Les Trois Baudets, voyons voir si un train d’escrocs n’en cacherait pas un autre…

…Psst! Si je vous disais que les Juifs comme les Musulmans marchent à fond avec ce vieux crapaud de bénitier de Napoléon ?

Eh ben je vous le dis : comme il l’est pour les Chrétiens, le « mariage civil », ou « mariage à la mairie » est un préalable indispensable aux mariages religieux juif et musulman. (2)

 

Alors imaginons qu’on ait laissé le mariage civil mourir de sa belle mort…C’est qui qu’ils auraient été rudement embêtés? Mais les 3 Petits Cochons bien sûr ! L’effet Procter & Gamble (3) leur a sans doute offert l’opportunité de rempiler pour quelques siècles encore mais le Conseil Français du Culte Musulman n’est pas riche et peut encore moins compter sur les subventions publiques que l’Episcopat ou le CRIF (4) alors allez donc construire des lieux  consacrés décents pour les uns, ou pour les autres, réparer les toitures, si on vous sucre les rentrées de fonds non négligeables que représentent les cucarachas nuptiales. C’est pas tous les jours que la manne céleste vous tombe toute cuite dans le gosier, encore moins les kebabs ou les falafels !

Bref si l’argent est le nerf de la guerre, c’est aussi celui de la prière. Ajoutez à cela que celui ou celle qui veut convoler en justes noces avec un Chrétien n’a pas d’autre solution que se faire Chrétien(ne) à son tour. Pareil pour les Musulmans et les Juifs. Et vas-y que ça fait des clients en plus pour la messe de Noël, Yom Kippour ou le pèlerinage à la Mecque.

 

Cela dit, si avec ce putain de pacs, en Très Haut Lieu, on est dans un caca noir, le mariage homosexuel prépare aux religions du Livre des lendemains qui ne chantent pas tous des alléluias d’une justesse absolue ! C’est bel et bien un cadeau empoisonné du pouvoir temporel juchréman à son alter-ego spirituel que cette légalisation! Ponce Pilate n’aurait pas fait mieux ! Grosso merdo « on vous aide à recruter et à faire du chiffre mais on vous laisse le soin plus que délicat de trier le bon grain du livret (de famille) ! ». Total, si ça rouanne déjà pas mal chez les porteurs d’écharpe tricolore, moi-vivant-pas-question-de-marier-des-détraqués-du-divertissoir (5), combien cruel est le dilemme qui, depuis quelques jours, ruine le sommeil des porte-parole divins ! Pour l’instant ils jouent les incorruptibles et poussent des cris d’orfraie quand Maurice et Robert, Samira et Djamila ou Aaron et Abraham viennent frapper à leur huis en leur agitant fièrement un certificat de mariage sous le nez mais laissons le temps faire son œuvre… Empochera bien qui empochera le dernier cette aubaine de matrimodollars qu’on ne va tout de même pas indéfiniment abandonner aux enfants de salons évoqués plus haut !

 

En attendant, au risque de passer pour le rabat-joie de service, je n’arrive pas à me réjouir d’une mesure qui, aux yeux de nombre de braves gens apparait comme une avancée sociale. Et encore moins à croire que cette demande de « mariage pour tous » émanait des homosexuels dans leur majorité. En tout cas, ceux que j’ai l’honneur et l’avantage de côtoyer se seraient largement contentés d’une reconnaissance de leurs droits de citoyens à part entière, avantages sociaux et droit d’être pères ou mères si ça leur chante y compris.

Pour ce qui est du folklore douteux d’une institution héritée d’un âge où les femmes étaient à vendre, d’une culture étouffante dans laquelle tout a un prix, même les sentiments, on aurait tout à gagner à laisser tomber.

 Quelle que soit notre orientation sexuelle.

 

 

(1) En 2010 ont été signés trois pacs pour quatre mariages. Depuis le 28 mars 2011, le pacs peut être conclu devant un notaire, ce qui pose des difficultés de remontées de statistiques pour les années 2011 et 2012 ( sources Wikipédia)

(2) Allez vous renseigner par vous-mêmes, j’en ai marre de vous mâcher le boulot sans arrêt.

(3) Lire «  Les aventures de Moïse »

(4) Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (allez savoir où est passé le « J » !)

(5) « divertissoir » = entrejambes en patois auvergnat