Le mariage pour personne, svp!

Comme le proclamait si pompeusement la calamité naine à gros derrière et  noreilles pointues qui nous a servi de leader démocrasseux pendant cinq trop longues anneries: « les mots ont un sens ».

…Ainsi qu’une étymologie, m’empresserai-je d’ajouter : « mariage » dérive du latin mas/maris = le mâle. Les moins futés d’entre vous auront déjà compris que le jour où nos ancêtres les Romains mirent au point cette délicate imitation d’une pratique bien connue des éleveurs de bétail – ne dit-on pas que l’on « mène la femelle au mâle »? – n’est pas à graver sur le calendrier des innovations les plus follement émancipatrices de la saga homosapienne-sapienne.

Vous me direz que ça partait d’une bonne intention. Jusques alors, à part peut-être chez nos ancêtres les Egyptiens de l’époque pharaonique mais y a rien de sûr, les bipèdes à foufoune étaient encore plus la propriété absolue de leurs géniteurs que leurs collègues à bistouquette. Un genre de bien mobilier à échanger en cas de besoin contre une paire de chèvres et trois kilos de pommes de terre, histoire de compenser la honte mais surtout le manque à gagner de ne pas avoir pondu un être vivant à part entière. Citons un passage relativement explicite du Talmud (1) cher à nos ancêtres les Hébreux :

 « Tout individu de sexe masculin est tenu de prononcer trois bénédictions : pour remercier Dieu d’avoir fait de lui un Israélite, de ne pas l’avoir fait naître femme, de ne pas avoir fait de lui un rustre. »

 

Donc, vers l’an 2500 avant Jérôme Cahuzac, nos ancêtres les Romains nous concoctent un système juridique de derrière les fagots permettant à l’aspirant « mari » d’acquérir la fille de son voisin sans avoir recours au kidnapping, au cas où il n’aurait pas trois kilos de patates sur lui et, surtout, sans craindre de se la voir kidnapper à son tour par un mauvais plaisant.

C’est toujours attendrissant quand la loi protège les amoureux.

En même temps la loi des hommes on sait ce que c’est et les déclarations de droits inaliénables et sacrés ça va, ça vient. Dieu, le vrai, un bref instant dépassé, côté organisation, par une bande de païens élevés au lait de louve, se devait de reprendre la main dans un jackpot d’une pareille importance!  Il ne s’agissait de rien de moins que du droit de chacun et chacune à vivre pleinement et sans contrainte avec la personne de son choix l’expérience fusionnelle ultime du rapprochement émerveillé de deux cœurs innocents dans la douceur embaumée d’un printemps à jamais printan…rrrrrrrr…zzzzzzzzzz.

D’une part…Et d’autre part, même si c’était là un bonus tout à fait secondaire et bassement matérialiste, voire trivial et inapproprié, le « mariage » (ça sonne quand même mieux que « mâlification » qui, de surcroît, n’existe pas) permettait d’officialiser de menus détails et autres clauses touchant à la paire de chèvres et aux  pommes de terre, ou « dot » , dont on parlait quelques lignes plus haut.

Alors là, illico presto, comme à chaque fois qu’il y a de la domination dans l’air et de la thune à la clé, profitant habilement du déclin de l’empire – les derniers césars, occupés à plier les Gaules, si je puis dire, avaient d’autres chats à fouetter que faire breveter leur invention – les autorités juchrémanes, chacune à sa manière, se chargèrent de la récupe, au nom de leur grand barbu préféré.

Au point de faire du mariage la condition sine qua non d’une vie de croyante pleinement réussie.

C’était  grande merveille de voir Juifs, Chrétiens et Musulmans enfin d’accord sur un truc, même si un tantinet au détriment des filles d’Eve. Mais, après tout, à qui la faute ? (Cinq fruits par jour qu’on voudrait nous faire avaler !… On voit bien où ça nous a mené avec un seul !)

Donc, ne fut-ce que pour cette histoire de dot et de ses effets alléchants sur les héritages à venir, « ok pour le « mariage » !!! (ce mot fait vraiment plus chic que, disons, « pénétration », même divinement assistée, non ?) qu’ils ont crié tous en chœur, nos ancêtres les rabbins, imams et papounets à leur mémère…A condition de s’arranger pour que la mariée se tienne grave à carreau, bien évidemment…

On a noté plus haut, la considération distinguée en laquelle nos ancêtres les Juifs tenaient leurs femmes. Eh ben chez nos ancêtres les Chrétiens du Nouveau Testament, il n’était pas question de prendre de risque non plus. Pas vrai Paulo ?

 « Comme l’Église est soumise au Christ, qu’ainsi les femmes le soient aussi en tout à leur mari.» (2)

 

Cela posé, si vous cherchez des conseillers matrimoniaux vraiment pointus, nos ancêtres les Musulmans des origines sont à votre disposition 24/24. Le Coran est tellement truffé de recettes sympas et pas chères pour être heureux en ménage que je propose à mes lecteurs de les recenser eux-mêmes cet été sur la plage (ou au bistrot vu la météo qui se profile à l’horizon).

En teasing je propose tout de même ce modèle de (cir)concision:

 « Ô vous, les croyants !
Vos épouses et vos enfants sont vos ennemis !
Prenez garde ! » (3)

 

C’est sûr que quand le dieu des Juchrémans se lance dans un projet socio-économico-idéologique, il ne laisse rien au hasard. On l’a amplement constaté avec le coup du « prêt à intérêt »(4).  Pour ce qui est du « mariage » (y a pas à dire c’est mastra plus classe que l’équivalent étymologique « intromission », de droit aussi divin soit-elle) il fallut attendre un bon double millénaire pour que le monopole monothéiste qui s’était abattu sur l’invention romaine, et ses conséquences sur le statut de l’épousée rosissante de bonheur anticipé, prenne fin.

Et encore cela ne s’est pas fait tout seul. Si le principe du mariage civil est inscrit dans la Constitution du 3 septembre 1791 qui instaure une monarchie constitutionnelle en France, Bonaparte, en bon cul-béni de Corse, s’empresse de rétablir le mariage religieux, à condition toutefois qu’il soit précédé d’une cérémonie civile. Inscrite dans l’article 214 du Code du même nom, cette décision a un je-ne-sais-quoi d’incompréhensible : vu la récente « séparation de l’Eglise et de l’Etat », une loi n’a pas à se mêler de pratiques cultuelles, de quelque superstition majoritaire qu’elles proviennent.

 

D’une manière plus générale, puisqu’on est dans l’incompréhensible, comment justifier une quelconque ingérence des factions religieuses dans un domaine qui, après tout, ne concerne que les intéressés dans leur intimité la plus intime ? Comment expliquer un acharnement qui, curieusement, n’a d’égal que celui de l’Etat à fourrer son gros nez dans la culotte des « amoureux qui se bécotent sur les bancs publics » chers à Brassens ( qui a passé toute sa life bien « peinard » avec sa copine sans jamais éprouver le besoin morbide de voir leurs noms « gravés au bas d’un parchemin » ?)

…Sinon par le navrant constat préalable que, hormis quelques veinards, orphelins ou assimilés, un citoyen n’est pas un être en soi mais, pour une grande part de son petit trou de balle, l’émanation objective d’un groupe social plus vaste, appelé « famille », lui-même affilié à un groupe plus vaste encore, la « classe sociale », qui a plus ou moins à gagner ou à perdre, en termes de « patrimoine », à son rapprochement avec un autre groupe social, et que, sitôt qu’il y a du pouvoir à prendre les uns sur les autres, savoir, dans nos sociétés juchrémanes modernes : de l’argent à gagner, on trouve un rabbin, un évêque ou un uléma pas loin, et, juste derrière, une loi, souvent tout ce qu’il y a de démocratique, pour assurer sa protection. A moins que ce soit le contraire. Toujours cette vieille histoire de la poule et de l’œuf.

Non seulement le business matrimonial et ses chaînes de montage d’héritiers indéboulonnables, des rois de France et d’ailleurs aux tycoons de Wall Street en passant par nos éternelles « classes moyennes » (notez le petit pluriel qui va bien quand on parle de ces charmants écureuils à poil ras qui, au fil du temps, bondissant d’une branche à l’autre de leurs labyrinthiques arbres généalogiques, font proliférer des tas de noisettes amassés à la sueur de bons du trésor laborieux et autres assurances-vie) opère des rapprochements œcuméniques plus que miraculeux mais il proclame, plus haut et plus fort que n’importe quel autre hymne à la contre évolution de l’espèce humanoïde, la traditionnelle collusion des pouvoirs dits « temporels » et « spirituels ».

 Voilà donc succinctement exposés les tenants et aboutissants d’une institution archaïque qui, il y a une quarantaine d’années, l’amélioration de la condition féminine aidant, semblait appelée à disparaître au profit de schémas de vie commune moins contraignants pour les postulants à l’exultation copulative au long cours. Les anars n’étaient plus les seuls à prôner l’ « union libre » même si – mesquine vengeance de juristes empêtrés dans leurs marasmes conjugaux personnels – on affublait cette pratique, pourtant ô combien oxygénante pours les corps et les cœurs, d’une appellation volontairement décourageante : le « concubinage ».

Reconnaissons que le terme sonne nettement moins distingué que « mariage » dont l’étymologie sent pourtant son slip de bien plus loin, puisque, étymologiquement, comparé au mari , ce « mâle » triomphant, le concubin n’est après tout que « celui qui couche avec ».

Cette remarque me permet d’enchaîner habilement sur la seconde et dernière partie du présent article : « Mais que nos ami(e)s homosexuel(le)s viennent donc faire dans cette galère de « mariage pour tous ? »

 

…. à découvrir dans le prochain plat-du-jour sur FYR.com, where else ?

 

 

(1) Menakhoth, Sacrifice des farines

(2) St Paul  (Éphésiens, V, 21-24) 

(3) Coran, LXIV,14

(4) lire Les aventures de Moïse