Archives mensuelles : novembre 2011

Les aventures de Moïse / 11. Moïse, ministre de l’éducation nationale (première partie)

 

« Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste. »
Epître de Paul aux Ephésiens, 6.1

En matière de télévision, j’ai appris à ne pas faire le difficile. A défaut d’un débat politique entre Bonnets Blancs et Blancs Bonnets sous l’égide de l’impressionnant lèche-cul dont j’oublie toujours le patronyme – Pyjamas? Puregodasse ? – ou, mieux, du dernier bêtisier de l’Amicale des Éconocomiques Anonymes, pourquoi pas un documentaire sur le «créationnisme » ?
Frappée du sceau du bon sens en ces jours d’incertitude ontologique, l’évidence selon laquelle le monde a été créé en un tournemain, voici à peine 4000 ans, sur un coup de tête divine, balaie vite fait bien fait l’hypothèse fumeuse d’une soi-disant « petite Lucy » qui, à en croire les conclusions alcoolisées d’une poignée de profanateurs de sépultures, soufflerait aujourd’hui ses 3,4 millions de bougies.
Dès lors, le principe de domination, ou « dominance » qui, chez H. Laborit, préside au fonctionnement de notre cerveau n’est d’aucune façon imputable à l’instinct de survie hérité d’aïeux cavernicoles en butte à la sauvagerie d’un monde où le vivant d’à côté – mammouth ou collègue bipède hirsute – représentait un danger immédiat, doublé d’un apport en protéines toujours bienvenu. Quant aux causes de notre fâcheuse propension à considérer les femmes comme des machines à « croître et à multiplier » il serait juchrémaniquement absurde de les rechercher dans la crainte  darwinienne de voir notre espèce disparaître.
Non non, qu’il soit bien clair que c’est la volonté de Dieu et elle seule qui fait de Ses créatures les gros cons polygames, violeurs et xénophobes jusqu’à l’anthropophagie (cf chap3  Moïse et la Conquête de l’Ouest )qu’une foi sans tache enjoint, sous peine de très gros ennuis dans ce monde et dans l’autre, de ne jamais, au grand jamais, cesser d’être.

Reste à faire passer le message aux siècles des siècles, de branche en branche sur l’abrahamique arbre généalogique. Comment ? Mais grâce à une éducation sans faille, bien sûr ! Une éducation qui, reconnaissons-le, n’a jusqu’ici cessé de faire des merveilles. « Devenus créatures nouvelles, en renaissant de l’eau et de l’Esprit Saint, appelés enfants de Dieu et l’étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine, mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu’ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en esprit et en vérité »(1)

Compris, les Abrahamistes vaticanocompatibles ? Bien élever vos lardons signifie accessoirement leur «assurer la maturité de la personne humaine » (ce qui ne veut strictement rien dire) mais «principalement» leur apprendre à « adorer Dieu le Père en esprit et en vérité », ce qui, là, ne laisse pas de place au doute.
Et dire que ce « gravissimum » ( sic) papal ne date que de 1965 ! Songeons avec attendrissement aux pioupious musulmans actuels dont l’éducation repose sur un abrahamisme de 600 ans plus récent que celui de l’homme à la papamobile …donc à un stade de développement comparable à celui du christianisme médiéval, si riche en anecdotes représentatives d’une foi jeune et vigoureuse. Ah ! Les Croisades, les massacres d’hérétiques, les supplices inventifs de la Très Sainte Inquisition, sans parler des sympathiques crêpages de chignons entre potes croyants, à la St Barthélémy par exemple. Même si les Mormons continuent à porter haut les couleurs d’une Bible pure et dure, les taquineries bon enfant entre extrémistes chiites et sunnites à base de kamikazes bardés d’explosifs et de mauvaises Musulmanes convivialement lapidées à mort redonnent quand même un coup de jeune à une entreprise de sabotage de l’évolution de l’espèce qui en avait bien besoin, non?

Une chose est certaine : le fait que la culture de la domination des uns sur les autres ait réussi à traverser les millénaires avec autant de succès, au point d’engendrer les archétypes que nous savons, est dû avant tout à la puissance de son vecteur de transmission intergénérationnel. En vérité je vous le dis : à la SARL Abraham & Fils, l’éducation des enfants n’a jamais fait dans la dentelle. Le pouvoir des parents sur leurs enfants, à l’image de celui de Dieu sur ses créatures est ABSOLU. À toi Moïse!

Deutéronome, chap 21
« 18. Si un homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié,

19. le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu’il habite.

21. Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne. »

En accord avec Henri Laborit , et uniquement sur ce point, hélas, Al-Ghazāli, penseur musulman (2) du 12ème siècle affirme que l’enfant est « une substance précieuse, innocente, dépouillée de toute inscription ou image….. Elle reçoit tout ce qu’on y grave, elle s’incline là où on l’incline »(3). Après Moïse, Al-Ghazālī en conclut qu’il faut se dépêcher de lui inoculer sa dose de délire mystique, coranique en l’occurrence, à coups de babouches dans le cul si nécessaire.
Laborit, pour sa part, se borne à constater, quelque peu sombrement que, profitant de leur « virginité psychosomatique » «lorsque les parents sont persuadés que le bonheur s’obtient par la soumission aux règles imposées par la structure socio-économique, il est compréhensible qu’ils imposent à leurs enfants l’acquisition coercitive des automatismes de pensée, de jugement et d’action conformes à cette structure. » (4)
Nous avons vu que la « structure socio-économique » sur laquelle repose le juchrémanisme a tout à voir avec les commandements divins imposés aux ancêtres de nos ancêtres par ce que nous appellerions aujourd’hui une « secte ». Une secte dorénavant tricéphale, usant et ayant usé, pour parvenir à ses fins, des mêmes ficelles grossières (violence, chantage au paradis etc…) que celles en vogue actuellement chez les « scientologues », «raëliens » et autres « templiers solaires », pour la plus grande joie de nos media préhistoriques post modernes en manque de scoops.

On notera au passage que, dans un environnement aussi coercitif, à supposer que des parents aient la bonne idée de ne pas imposer ouvertement le cursus sectaire en vigueur à leur enfant, l’école, puis l’entreprise, se chargeront, en temps et en heure, de lui en transmettre les principes de base. Le service militaire obligatoire, qui continue de l’être dans la plupart des états musulmans assurait encore l’intérim, il y a peu, dans nos contrées prétendument démocratiques.

(1) Déclaration Gravissimum educationis momentum promulguée le 28 octobre 1965
(2) et anti-aristotélicien convaincu, ce qui va sans dire…
(3) Ibn Khaldun (1332-1406) va dans le même sens : « apprendre pendant le jeune âge, c’est comme graver sur du marbre. En effet, rien ne s’enracine plus fortement dans l’esprit que ce qu’on a appris dans son enfance : tout le reste se construira là-dessus.» Livre des considérations sur l’histoire des Arabes, des Persans et des Berbères.
(4) Mon oncle d’Amérique

(à suivre: Moïse, ministre de l’EN (2ème partie))

Les aventures de Moïse / 10. Moïse pète sa crise ( suite et fin)

 

«…on voyait de l’or fondu s’écouler de sa bouche entrouverte.»
Ovide, Métamorphoses 11, 100-130

Aristote n’avait pas attendu Jung pour comprendre qu’ au mépris des lois de l’anatomie habituellement enseignées en fac de médecine, le talon d’Achille de l’homo sapiens-sapiens, c’était son cerveau.
Comme sa forme le suggère, notre cerveau est une éponge. Trempez le dans une savante mixture de péché originel aromatisé à la peur du lendemain – avec possibilité de rédemption si domination bien comprise et assumée sur l’ « étranger », source de tous nos maux – et vous obtenez, en permanence, des guerres territoriales à n’en plus finir et, ponctuellement, pour varier les plaisirs, comme c’est le cas aujourd’hui, des « crises  économiques ».

– Mais tout ça c’est la faute aux 35 heures ma pauvre dame ! Et à tous ces chômeurs professionnels qui nous plombent la Sécu!
– Quel égoïsme ! Non mais vous vous rendez compte ? En pleine Krise ! …Qu’on sait même pas d’où qu’elle nous arrive, la salope… Un peu comme le sida, je dirais…
– Y a de ça, oui…Alors si, pour couronner le trou les GPA nous abandonnent…
– Les GPA ?
– Les Gentils Prêteurs Anonymes ! C’est grâce à eux qu’on arrive encore à mettre un peu de blé dans nos épinards, comme disait si joliment Bernard Hinault…
– Ah ! Quel coureur c’était !
– Oui, et quel poète ! C’était le bon temps ! Y avait pas la Krise à l’époque !
– Putain de Krise !

Et si on le trempait dans un peu de bon sens, notre cerveau-éponge ?
Si, pour commencer, on arrêtait de dédier nos hymnes nationaux ( « God on our side«  aux USA, « God save the Queen«  en GB) à un dieu qui, en plus, sait que causer pognon. Et faire de la domination sur son voisin de palier le must de l’activité humaine. En entérinant sans risque le principe de l’égoïsme animal chez une espèce pourtant à même, si on veut bien lui en donner les moyens, de se transcender et donner le meilleur d’elle-même. Pour enfin passer au stade suivant de son évolution, bordel !
Dans la foulée, on s’aperçoit qu’une poignée de rigolos, de « croi-hi-hans », surtout en leur nombril, et se pensant tellement plus malins que les autres, nous ont embarqués sur une galère qu’ils se montrent, aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain, totalement incapables de mener à bon port. À moins de nous faire ramer comme des perdus pour leur sauver la mise, sans pour autant récupérer la nôtre ?
Heureusement que la « crise de la dette » qui préoccupe tant nos maquereaux au vin de messe et, accessoirement, expose l’homo sapiens-sapiens moyen à la misère aux siècles des siècles n’est qu’un fruit véreux de leur imagination morbide.
Primo parce que depuis le temps que dure – et s’accentue – le marasme économique qui nous accable, il ne répond plus aux définitions données par les dictionnaires au mot « crise », parmi lesquelles on trouve : « changement subit », « manifestation soudaine », « accès bref et violent » etc…
Ensuite et surtout parce que, toujours selon les dictionnaires, le mot « dette » implique une notion d’« obligation morale » que la situation actuelle ne justifie aucunement. Au contraire ! Comment la victime d’une escroquerie peut-elle devoir quoi que ce soit à l’auteur de l’escroquerie en question ?

Prenons l’exemple d’une société « S » composée de 3 individus que nous appellerons « A », « B » et « C » (ça marche aussi avec 7 milliards mais il n’y a que 24 lettres dans l’alphabet). Au temps T1, basée sur le système aristotélicien de la production/consommation de biens et de services échangés par le biais d’une monnaie ne devant servir qu’à cet usage, l’économie de S roule comme sur des roulettes puisque A, B et C, disposant d’un budget mensuel moyen de x CN (CN = « Crottes de Nez », la monnaie en vigueur en S), le dépensent dans son intégralité et selon les priorités de chacun (nourriture, logement, habillement, soins, plus quelques fantaisies sans lesquelles la vie serait bien morne)… J’ajoute que, en citoyens honnêtes et conscients de leurs devoirs envers les autres, A, B et C s’acquittent également de leurs impôts sur le revenu et leurs cotisations de retraite.
Hélas, au temps T2, ayant découvert en lisant la Torah, à moins que ce soit les Évangiles ou le Coran, qu’il y avait peut-être moyen de noyer son angoisse métaphysique dans la pratique assidue de la domination sur le voisin, B décide de se rationner pendant quelques temps …et de PRÊTER les CN ainsi mises de côté. C’est-à-dire de les VENDRE au prix de l’intérêt pratiqué.
Examinons les réactions en chaîne sur l’économie de S engendrées par cette conversion de B à la chrématistique vilipendée par ce cher Aristote. Dans l’ordre :
1) une chute des ventes correspondant au montant des CN détournés du circuit économique  – il apparaît évident qu’on ne peut pas à la fois « économiser » et acheter.
2) une baisse de la production dans les secteurs concernés par ladite chute donc une menace sur l’emploi dans ces secteurs.
3) l’impossibilité pour A ou C, ou les deux, contraints au chômage, d’acheter, savoir : tenir leur place dans le circuit production/consommation, ni de payer autant d’impôts/cotisations diverses qu’avant les tripatouillages de B, malgré les emprunts à eux « consentis » (quelle dérision !) par ce dernier.
Ce qui, lentement mais sûrement, nous transporte au temps T3, le nôtre, où, sous couvert de rendre service, B et ses émules dévorent à belles dents les budgets «souverains » de nos post modernes nations préhistoriques consentantes.
J’ai récemment entendu sur France Culture un crétin tellement cultivé qu’il a lâché sans rire qu’un état africain dont je n’ai pas retenu le nom, tellement ma sidération était grande, était « entré dans la modernité  dans la mesure où il pouvait commencer à …emprunter »!!!

Des questions susceptibles d’humecter notre cerveau-éponge, il y en a plein d’autres.
Quelques unes au hasard :
– Et si, plus nos Gentils Prêteurs Anonymes se sacrifiaient pour nous faciliter l’accès aux rivages radieux du bonheur à crédit, plus on s’enfonçait dans le caca ?
– Et d’abord pourquoi sont-ils anonymes, tous ces bienfaiteurs de la société ? Pourquoi se cachent-ils derrière des appellations comme « banques », « marchés », « fonds de pension»? De deux choses l’une : soit leur sens de la charité est tel que leur sacrifice altruiste ne souffre pas le moindre remerciement nominatif, soit derrière ces termes génériques se profilent, comme je l’ai déjà dit et répété, une belle brochette d’escrocs endimanchés dont la devise se rapproche du « pour vivre heureux vivons cachés » du neveu par alliance de Voltaire, Jean-Pierre Claris de Florian, né près de Sauve à Logrian, le 6 mars 1755 (sic).
– Une autre question est : jusques à quand va-t-on laisser ces fripouilles continuer à miner un circuit économique qui, si on s’en tient aux cogitations du grand Aristote, a TOUT À PERDRE à faire de sa monnaie un produit monnayable comme un autre ? Tout, tout tout.
Pour nous en convaincre, Aristote, citant Ovide, nous remémore la mésaventure d’un certain Midas, roi de son état, qui, ayant sauvé la vie du fils de Bacchus, reçut de ce dernier le droit de formuler un vœu que le dieu s’empressa d’exaucer : désormais tout ce que Midas toucherait serait aussitôt transformé en or.  Dans un premier temps, Midas fut ravi de ce pouvoir merveilleux mais ne tarda pas à déchanter. Et pour cause ! Même les aliments qu’il portait à sa bouche prenaient la consistance du fabuleux métal. Si Bacchus, bon zigue, n’avait pas accepté de reprendre le pouvoir qu’il avait octroyé au roi peu avisé, Midas serait mort de faim.
En d’autres termes, un champ de pognon, aussi habilement cultivé soit-il et, de ce côté-là, on peut faire confiance à la SARL Abraham & Fils, n’a jamais nourri son homo sapiens-sapiens. Le commerce de l’argent, éminemment lucratif pour ceux qui s’y livrent, ne produit aucun bien susceptible de répondre aux besoins fondamentaux de l’espèce humaine.
Le pauvre Aristote s’arracherait les cheveux jusqu’au dernier s’il apprenait que, ces trente dernières années, la masse des biens réels n’a que quadruplé alors que la masse monétaire s’est multipliée par quarante. Je ne sais pas pour la vôtre mais, au cours des trois dernières décennies, la « masse monétaire » dont je dispose, en personne et personnellement, loin de se multiplier par quarante, aurait plutôt eu tendance à se diviser.  Les choses en iraient différemment si j’étais actionnaire d’une banque ou d’un fonds de pension …
Et c’est bien là le problème. Non seulement les GPA, dont le seul effort est de tourner en rond dans leur bulle autistique en ramassant un peu plus à chaque tour, ne participent en rien à la création de nouvelles richesses pourtant indispensables à la survie de la planète mais la quantité de monnaie ainsi accumulée leur permet de faire main basse sur les richesses existantes (métaux nécessaires à l’industrie, semences pour l’agriculture, sources d’énergie, EAU…) pour les revendre ensuite (à crédit, si possible !) 10, 20 ou 30% plus cher.

Et tranquillement conduire le monde à la famine.

Merci Moïse.

(à suivre : Moïse, ministre de l’Éducation Nationale )

Les aventures de Moïse / 9. Moïse pète sa crise (deuxième partie)

 

Il est tout de même étonnant de constater que l’équipe de bipèdes la plus sollicitée par l’actualité de ces dernières années en vue de soustraire Talbin aux lois de la pesanteur, la «race» (si vous ne me croyez pas demandez à Henri Graetz !) (1) la plus actuellement stigmatisée pour sa malhonnêteté – on leur prête des sous et ils veulent même pas rembourser, ces espèces de sodomites ! – les «pouilleux» du jour, c’est qui ? Je vous le prête en mille à 5,4 %,….ce sont les… Les descendants d’ ARISTOTE !!!

– Non?
– Si !  Le Grec Aristote soi-même !!! Le juste pourfendeur de l’aberration chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) : la manie de faire de l’argent avec l’argent…Il disait que c’était «une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s’y livrent»…
– Il avait pas lu le Pentatruc alors ?
– Ben non vu que le Pentatruc, il était à peine fini d’imprimer… Non, camarades Juchrémans, Aristote c’était plutôt genre Les Six Clopes de la mère Cure ou Œdipe Purple et les slips Athéna contre l’Olympiakos du Pirée…Heu, enfin, des noms à coucher dehors comme ça…en tous cas une chose est certaine: il n’était pas juif ni ne présentait la moindre disposition à se faire chrétien ou musulman…
Pour lui,  Platon et quelques autres «étrangers» qui n’avaient pas encore reçu le catalogue Abraham & Fils, il n’était pas question de confondre la fin et les moyens. Si on avait écouté ces non-élus, Talbin n’aurait pas eu un jour à encourir les affres de l’obésité ni du diabète ni du cholestérol. Il aurait continué à faire son boulot d’âne. Bien gentiment. Allant où on lui disait d’aller et pas le contraire. Et surtout il ne nous aurait jamais obligés à le porter.

A en croire les ancêtres de nos losers en charentaises à pompons, pour qu’une économie tourne bien il est justifié d’établir une échelle de mesure – en l’occurrence l’argent – rendant possible «l’échange des valeurs d’usage en vue de satisfaire la vie».
De sorte que l’accumulation de ce simple médium transactionnel – «bagatelle et pure convention légale, sans fondement dans la nature, puisqu’un changement de convention parmi ceux qui s’en servent lui ôte toute valeur»(2) – ne doit en aucun cas devenir un objectif.
Aux antipodes de la pensée abrahamique, Aristote nous explique que l’argent n’est pas une marchandise comme les autres. Ni une marchandise tout court. C’est aller contre la nature même de l’argent que chercher à en vendre ou en acheter.
Je ne me sens pas plus grec que ça mais les résidus de vagues traces d’instinct de survie qui me remontent parfois comme un rot de bébé, me communiquent, en ces heures incertaines, le sentiment désagréable d’avoir été roulé dans la féta.

Alors les homo sapiens-sapiens, ou ce qu’il en reste, qu’est-ce qu’on fait ?
On se trimbale ce gros sac de chardons fermentés de Talbin aux siècles des siècles sous prétexte qu’il a été inventé par le Grand Prêteur/Dominateur de l’Univers Entier ? Pourquoi pas, après tout ?

Retour à la fiction pédagogique :

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Suite du discours du boss en vue de faire construire une charrette pour transporter son âne:
« …Bipèdes, bipèdes ! Les autres bosses et moi-même avons pigé plein de trucs entre les dernières augmentations d’impôt et celles qui arrivent. Entre autres que c’est parce qu’il y a de plus en plus de pauvres que les riches sont de moins en moins nombreux et de plus en plus riches  alors si les pauvres voulaient bien faire preuve de compréhension et laisser leurs slips sur le comptoir, nos hôtesses feront le tri, merci à tous et bon chômage ! Ah ! J’allais oublier… Pour Talbin, je pense que le mieux, à moins de vouloir que, privée de son seul point de repère, notre civilisation s’effondre comme un chapeau de carpe, c’est de lui bricoler son carrosse vite fait. Pourquoi-parce-que quand on croît pas on décroît et chacun se doit de porter la sienne. C’est pas simple je sais même si moi, bien sûr, j’ai compris tout ça depuis longtemps vu que je suis hyper intelligent, hein Brizitte ? Sauf que, comme j’ai pas que ça à faire de toujours tout vous expliquer, je vous ai amené des potes qui swinguent pas mal non plus. On les voit sur toutes les télés en ce moment…. À vous les Écononos !

Chœur des Éconofumistes :
« Surgie des profondeurs de l’immense l’Univers
Pareille à la Comète qui effrayait nos Pères
Juste rétribution de nos péchés infâmes
Fondant sur nos enfants, nos chats, nos chiens, nos femmes,
Fléau dévastateur qui vide les frigos
Dépouille les mamies de leurs maigres lingots,
Ton nom, qu’il soit maudit, est sur toutes les lèvres
Redouté, obsédant jusqu’à nous rendre chèvres,
Matin, midi et soir, tu es notre hantise !

Ô Toua Crise ! »

…C’est pas moi qui le dis, hein, les Cèlzéceux ? Ce sont les Écononos  ! Et ils sont allés aux écoles, les Écononos ! Et à la synagogue ! Et à l’église ! Et à la mosquée ! C’est pour ça qu’il faut bien les écouter, les Écononos et se retrousser les manches pour bien rembourser tout ce qu’on doit à qui on le doit, en personne et personnellement :

«T’as fait des dettes(3) Odette
Tu tiens mal ta maison
T’as fait des dettes, Odette
Tu iras-z- en prison»

« ...Mais surtout, en tant qu’encartés d’une nation souveraine et, je vous le demande, que  serait-elle si elle n’était pas souveraine, notre belle nation ? Hein ? Pourquoi-parce-que et toutes ces sortes de choses et c’est l’heure du biberon du petit-fils, en tout cas, pour Talbin, j’ai bien peur que vous n’ayez pas le choix, ni dans la date ni nulle part à moins que vous n’ayez choisi de nous mettre la honte, à Brizitte et à moi, d’être la première dame et le boss d’une bande de voleurs, ce qui ne serait pas très sympa, venant de cèlzéceux pour lesquelzéelles Brizitte et moi on a sacrifié notre jeunesse, enfin moi surtout…»

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Pour en revenir à la vraie vie et avec tout le respect dû à Moïse, à Jésus, à Muhammad, au boss, à son âne et sa fine équipe de savants de Marseille ou d’ailleurs, je me demande s’il n’y aurait pas une autre façon de considérer les choses…

(1) «La race latine n’a produit et donné au monde qu’une police bien organisée et une bonne tactique. Seuls, les Grecs et les Hébreux ont fondé la véritable civilisation »
Henri Graetz, Histoire des Juifs (Introduction)

(2) Aristote, les Economiques

(3) En allemand, le mot “schuld” ne signifie pas seulement dette, mais aussi « faute ».

 

(à suivre : Moïse pète sa crise (suite et fin))