résumé des chapitres précédents:
Victime d’une pandémie qui ne veut décidément pas y mettre du sien, Nano Boy se retrouve avec 94 millions de vaccins à fourguer au plus vite.
– Eh ben patron, vous mangez pas?
Au grand dam de celui que, dans toute sa finesse d’expression doublée, il faut le reconnaître, d’une certaine propension à la taquinerie bon enfant, il surnomme amicalement « Gros Fion », Nano Boy chipote sur sa gamelle de lasagnes.
– …Vous avez tort, vous savez! Elles sont délicieuses. Et gratos en plus! C’est le Ministère de la Défense italien qui nous les offre pour se faire pardonner sa légère bévue en Afghanistan. C’est vrai que si on avait été au courant des tarifs en cours pour amadouer les Talibans, ça nous aurait économisé une bonne dizaine de macchabées…
– ‘tain Gros Fion! T’arrêtes deux secondes d’être aussi vulgaire, merde? Tu causes de braves soldats tombés au champ d’horreur, je te ferais dire!
– Heu c’est quand même un peu nous qu’on les a envoyés, chef…
Le Sauveur de Nanoland est sur le point de rétorquer quelquechose de pas très gentil pour son premier sous-fifre quand l’expert en trahisons toutes catégories Besson-Mc Hulott pointe son plateau-repas dans les parages.
– Je peux m’asseoir à votre table, les poteaux? J’en ai marre de bouffer avec le Berloo. Il tise comme un mort de soif et n’arrête pas de roter.
– Ah c’est sûr que dans son environnement immédiat, Grenelle ou pas Grenelle, y a plus bézef de mouches valides!
Content de sa vanne, Nano Boy en oublie de pourrir Gros Fion et désigne aimablement à Besson-Monstring la chaise vide en face de lui.
– Vas-y, pose toi un cul, Tarzan! Comment ça se passe dans la jungle ces jours-ci? Va pas me dire que les arbres ont déjà repoussé, hein? Jean-jean m’a laissé entendre que le beau-père avait des vues sur le terrain.. Tatatin…Tatatin…!
En fait Nano, qui a retrouvé toute sa gouaille de titi hongrois, avait l’intention de ponctuer sa phrase d’ un rappel du jingle Darty mais comme il maitrise a peine mieux ses cordes vocales que Dame Carrelage sa douce épouse, Gros Fion et Besson-Monpyjama qui n’ont pas reconnu la délicate mélodie croient pouvoir fayoter à propos en enquillant sur une bonne vieille Marseillaise que les tables d’à côté s’empressent de reprendre à tue-tête. En quelques secondes, la cantine du Palais se met à ressembler au stade de France des jours de gloire arrivés.
Alors, partagé entre l’envie bien compréhensible de tancer vertement les deux crétins qui, une fois de plus, n’ont pas suivi le cheminement de son humour torride et la satisfaction de se voir ainsi plébiscité par tous, Nano Boy, dit « le Nain Jaune Menteur », dit « Minimoy », dit « Grain de Folie » choisit la seconde option, surtout qu’il pense pouvoir tirer profit du quiproquos. Bondissant sur la table, et frappant de sa cuillère la gamelle dont il a préalablement sciemment vidé le contenu sur le veston de Besson-Y-A-Qu’à-Demander-Quoi – ça lui apprendra à apprécier ses traits d’esprits à ce connard – El Presidente rythme quelques instants le chant victorieux qui monte des gorges des convives avant de calmer tout le monde d’un geste de la main accompagné du fameux soubresaut d’épaule qui a fait sa renommée.
– Mes amis! Mes amis! Cette manifestation de patriotisme impromptue me va droit au coeur! Cela dit, il est une autre preuve de courage sans faille que vous vous devez de fournir à notre beau pays. Dès lors, en quittant ce glorieux réfectoire je vous conjure de vous rendre directement à l’infirmerie où Rosy et ses girls se feront une joie de vous administrer chacun une cinquantaine de doses de ce miraculeux vaccin dont tout le monde parle…Profitez-en, nos prix défient toute concurrence! Et maintenant POUSSE-CAFE POUR TOUT LE MONDE! C’est Gros Fion qui régale!!!
(à suivre)